Appelée par son prénom
Paris Notre-Dame du 19 janvier 2023
Actuellement en tête d’affiche de la série de KTO, Bonne Nouvelle !, Prénom Marlène (nom de scène de Marlène Goulard), « artiste complète » âgée de 31 ans a décidé de consacrer son art à l’annonce de l’Évangile. Une décision prise en 2018 après avoir réalisé un film sur Madame Acarie, cette bienheureuse parisienne qui fit venir le Carmel réformé en France.
Un paradoxe. Voilà ce qui apparaît au premier coup d’œil quand on rencontre Marlène Goulard. Alors qu’elle use, sur scène, d’un humour (très) décalé, elle se dévoile, à la ville, avec beaucoup de douceur, voire même de candeur. Petite stature, visage angélique, regard ouvert. Certains, au début de sa carrière d’artiste, l’ont qualifiée de « lisse et jolie ». Marlène en tire, quelques années plus tard, l’objet d’une chanson... toute en ironie. On sent l’intelligence de la justesse du « pas de côté ». Un poil plus, et la pointe d’humour tombe dans la gêne. Un poil moins, et celle-ci tombe à l’eau. Cet art de la nuance et ce « goût pour le comique », Marlène Goulard les a développés dès son plus jeune âge. Vivant en région, elle accompagne régulièrement à Paris sa mère qui travaille pour Radio France. « Nous écoutions pendant les trajets Rire et Chansons, raconte-t-elle. J’apprenais par cœur les sketchs des plus grands humoristes. »
Cela rit donc chez les Goulard, franchement. Et cela prie, aussi, beaucoup. Fille unique de parents engagés dans la foi, Marlène a reçu Jésus dès le berceau. Et, avec lui, une certaine soif d’absolu. À l’âge de 14 ans, elle pense déjà à rentrer dans les ordres. « On m’a gentiment dit : “Passe ton bac d’abord” », rit-elle aujourd’hui. Elle suit ce conseil, tout en développant ses talents d’artiste. Marlène apprend le piano dès l’âge de 5 ans, commence le violon un an plus tard – elle sera accompagnée par la suite par Renaud Capuçon et Didier Lockwood –, s’essaie à la composition et décide, à l’âge de 14 ans, de poursuivre l’école par correspondance pour se consacrer pleinement à des études artistiques. Quatre ans plus tard, elle entre au Conservatoire national supérieur d’art dramatique. S’ensuivent des projets artistiques divers. « J’ai rencontré et travaillé avec des grands noms, en théâtre, danse, musique, mais je ne trouvais pas ma place », explique-t-elle. En 2015, prise dans une relation sentimentale toxique, Marlène s’éteint. « Pour vivre un rêve, je m’étais sacrifiée », relit-elle aujourd’hui. Rupture. Avec un homme, mais aussi avec un mode de vie. « J’ai choisi de quitter l’imaginaire pour commencer à consentir au réel. J’ai choisi de vivre. »
Marlène se replonge dans les Écritures, lit saint Jean de la Croix, Thérèse d’Avila ; rejoint le groupe de jeunes Va’carme, intègre peu à peu l’ordre des Carmes déchaux séculier… Quelques années plus tard, en entrant à N.-D.-des-Victoires (2e), elle reçoit, dans son cœur, ces paroles : « Donne ta vie à Dieu. » En 2018, on lui propose de réaliser un film autour de celle qui fit venir le Carmel réformé en France : Madame Acarie. En parallèle, on lui demande d’animer une soirée du festival carmélitain à Lisieux (Calvados). Elle accepte. « Au moment où j’ai dit oui, j’ai reçu une très grande liberté intérieure. » Marlène Goulard trouve sa place. Et un nom de scène : Prénom Marlène. « Parce que cela sonne bien mais surtout parce que cela rappelle le caractère vocationnel du baptême. » C’est dans le monde et au service de l’Évangile que la jeune femme sera artiste. Elle construit un spectacle musical, Découvre-Toi, sort un disque et propose à la chaîne KTO la série Bonne Nouvelle ! Des petites capsules de 3-4 minutes qu’elle écrit, monte et réalise. Diffusées une fois par semaine, elles annoncent le Christ, de façon décalée et humoristique. Un savant mélange de profondeur et de légèreté. Tout en paradoxe.
Isabelle Demangeat @LaZaab