Avec le Magnificat, « l’Évangile de Marie »
Paris Notre-Dame du 6 mars 2025
Chaque semaine, Paris Notre-Dame vous propose une courte présentation de la Conférence de Carême à venir. Ce dimanche 9 mars, c’est Laurence Devillairs, philosophe, qui s’attarde sur le Magnificat, prière populaire dont on méconnaît pourtant la force spirituelle et prophétique.

Paris Notre-Dame – Pour cette première conférence sur Notre Dame, Reine de la paix…, vous ouvrez sur le Magnificat. Pourquoi choisir ce texte ?
Laurence Devillairs – Dès le début de notre réflexion, le Magnificat s’est imposé, et je tiens d’ailleurs à remercier les PP. Henry de Villefranche et Philippe Desgens, avec qui se sont construites ces Conférences de Carême, pour la liberté totale qu’ils m’ont accordée. Il y a au moins trois raisons de s’attarder particulièrement sur ce texte : premièrement, pour renouer avec sa force littéraire, poétique même, et sa puissance spirituelle. Il est important de se laisser porter par la beauté des Écritures. Ensuite, pour sa force méconnue : on retient souvent le début – « Mon âme exalte le Seigneur » –, mais la tonalité se fait bien plus vindicative ensuite – « déployant la force de son bras », « il disperse les superbes », « il renverse les puissants »... –, offrant à ce texte une puissance incroyable. Marie n’annonce rien de moins que la justice de Dieu, le renversement de l’ordre temporel, mais aussi le sermon sur la montagne de Jésus. En cela, ce texte fait vraiment écho à la Vierge de l’Apocalypse, qui sera abordée en conférence de clôture. Enfin, j’ai souhaité m’attarder sur le Magnificat parce qu’il révolutionne, par cette puissance incroyable, l’image – parfois un peu mièvre – qu’on peut avoir de la Vierge Marie, douce et effacée. Il s’agit, ici, d’une Vierge en majesté, qui s’adresse au monde entier.
P. N.-D. – Comment allez-vous aborder ce texte « révolutionnaire » ?
L. D. – Je ne vais pas m’exprimer comme si je n’étais pas philosophe : cette conférence sera totalement catholique, rationnelle et philosophique. Je ne cède sur rien, ni sur ma foi, ni sur ma formation de philosophe. Il s’agit de faire entendre raison et résonner le cœur. Pour cela, je mettrai en regard le Magnificat et un texte de Hannah Arendt sur la natalité, qui signifie que l’humain a la capacité à faire advenir quelque chose de nouveau, d’imprévisible dans le monde. Une sorte de faculté des miracles. Et c’est bien ce qu’annonce Marie dans cet « évangile ». L’homme n’est pas fait pour la mort mais pour la natalité, c’est-à-dire l’inattendu. Et nous verrons qu’il s’agit, pour l’une et pour l’autre, de défier l’impossible. Et pour profiter pleinement de la force et de la beauté de ces deux textes, j’en ai confié la lecture à un comédien, Maxime d’Aboville, qui saura les faire entendre avec justesse dans l’acoustique de Notre-Dame.
Propos recueillis par Charlotte Reynaud
L’Évangile selon Marie
Par Laurence Devillairs
Dimanche 9 mars, à 16h30, à Notre-Dame de Paris,
6, parvis Notre-Dame - place Jean-Paul II, 4e.

Sommaire
Consulter ce numéro
Acheter ce numéro 1 € en ligne sur les applications iOs et Android