Comment être attentif aux situations de solitude ? Des pistes pour agir
Paris Notre-Dame du 12 janvier 2012
« Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Gn 2,18). Pour être en cohérence avec le projet créateur de Dieu et pleinement nous-mêmes, nous sommes appelés à vivre en relation, tout comme à ne laisser personne isolé. Comment tisser des relations autour de soi et se rendre attentif aux situations de solitude ? Quelques pistes de réflexion proposées par le P. Edouard Bois, conseiller spirituel au près du Vicariat pour la Solidarité.
Mon expérience de la solitude
– Avant de me pencher sur la solitude dont d’autres que moi peuvent souffrir, je peux m’interroger sur ma propre expérience. M’est-il arrivé de me sentir seul ? Si oui, d’où cela est-il venu ? Quelles ont été les causes de ce sentiment ?
– Partant de ces exemples concrets dans ma vie, je peux considérer l’attitude que j’ai eue alors. Ai-je sollicité d’autres personnes ? Ai-je osé demander de l’aide, de l’écoute, du soutien ? Ai-je été sensible à certaines personnes qui se sont manifestées auprès de moi ?
Mon attention à la solitude des autres
– Fort de ce que j’ai pu vivre, je suis sans doute plus attentif à la solitude des autres, du moins dans mon entourage. Mais ai-je bien conscience que la solitude peut toucher tous les âges et se manifester à l’occasion d’événements très variés (problèmes de séparation, de santé, de chômage, de déplacements, d’études, etc.) ?
– Suis-je aussi conscient du danger de solitude qui peut guetter des personnes que je connais ? Pour cela, il est bon d’entretenir un lien avec elles. De simples gestes – écrire, téléphoner, prendre des nouvelles – peuvent faire beaucoup, quelle que soit la situation.
– Si j’ai des difficultés à rentrer dans cette démarche, je peux prendre un temps pour en comprendre les raisons : éducation, différence de génération, peur de déranger, manque de capacité d’écoute ou de patience ?
À la paroisse
– Être attentif aux personnes seules est un devoir de la communauté chrétienne, appelée à ne former qu’un seul corps. Certains fidèles souffrent d’avoir du mal à trouver leur place en son sein, et peuvent se sentir ignorés de leurs frères. Les paroisses proposent régulière- ment des initiatives favorisant le décloisonnement des relations, comme les assemblées paroissiales, par exemple.
– Est-ce que je saisis ces occasions- là ? Je peux prendre un peu de temps à la sortie de la messe pour échanger avec d’autres ou encore organiser, en lien avec mon curé, des apéritifs ou cafés conviviaux pour faire la connaissance des autres paroissiens et accueillir les nouveaux.
– Par ailleurs, ai-je à cœur de me manifester quand j’ai besoin d’aide et de me renseigner sur ce que ma parois- se offre comme possibilités de me rendre présent auprès de personnes souffrant d’une forme de solitude : veilleurs d’immeuble, monastère invisible (prière pour les membres de la communauté), accompagnement de personnes âgées ou handicapées à la messe, repas paroissiaux ?
Dans mon quotidien
– La solitude s’inscrit parmi les problèmes sociaux contemporains. Me suis-je interrogé sur ce qui l’accentue dans les pratiques sociales et sur ce qui peut l’atténuer ?
– À mon niveau, je peux peut-être agir en tissant du lien, en nourrissant les relations avec mes collègues de bureau, avec les personnes que je croise régulièrement (commerçants, voisins, sans-abri) ou encore avec les membres des associations dont je fais partie.
– Je peux aussi m’intéresser aux initiatives privées ou publiques qui existent dans mon quartier et m’y associer de façon ponctuelle ou régulière. Par exemple, je peux m’associer à la manifestation « immeubles en fête » dans la cour de mon immeuble...
Dans ma vie de prière
– Dans la Bible, différentes situations de solitude apparaissent. En méditant les textes qui en parlent, je peux contempler l’attitude du Christ lorsqu’il rencontre Zachée (Lc 19, 1-10), l’aveugle Bartimée (Mc 10, 46-52), ou encore le paralytique de la piscine de Bethesda ( Jn 5, 1-16). L’exemple du Christ peut m’inspirer dans ma vie quotidienne. Mon regard, comme le sien, s’arrête-t-il sur les personnes seules ?
– Suis-je capable d’entrevoir la solitude morale ou spirituelle dans laquelle se trouvent nombre de mes contemporains qui cherchent des réponses ? Est- ce que j’ose témoigner de la foi qui m’habite auprès d’eux ?
– Dans ma prière et à la messe, je peux confier à Dieu ma solitude comme celle des autres et lui demander de m’ouvrir les yeux pour être là où il m’invite à être. Je peux aussi accueillir sa présence auprès de moi