Conférence de carême de Notre-Dame de Paris : “De la fille de Sion à la mère de l’Église, un itinéraire liturgique avec Marie”
Le dimanche 30 mars 2025, le père Gilles Drouin, docteur en théologie, a donné la quatrième conférence du cycle “Notre-Dame, Reine de la Paix… du Magnificat à l’Apocalypse”.
Gilles Drouin est prêtre du diocèse d’Évry-Corbeil Essonnes. Docteur en théologie, il est actuellement directeur de l’Institut Supérieur de Liturgie (ICP/Théologicum). Membre du Comité scientifique de La Maison Dieu, du Comité de pilotage des Semaines Liturgiques de l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, Président de la Societas Liturgica, ses domaines de recherche sont la théologie de l’espace liturgique et les interactions entre liturgie et politique.
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Texte de la conférence
Reproduction papier ou numérique interdite. Les conférences ont été publiées, avec les références et les notes, dans un livre aux Éditions Saint-Léger.
« Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon. »
De la Mère des vivants de la Genèse à la Femme drapée de soleil de l’Apocalypse, la tradition chrétienne n’a pas hésité à contempler l’action de Dieu dans l’histoire du salut, révélée en Jésus, Verbe de Dieu, qui en est l’Alpha et l’Oméga, à travers la figure de Marie. Cette ampleur de vue, héritée des Pères, la liturgie l’a recueillie et nous en fait le présent, par touches successives, tout au long de l’année.
C’est à un voyage dans le temps, un temps ordonné par la liturgie, et dans l’espace, celui de notre cathédrale, que je vous invite cet après-midi. En fait, ce voyage est un voyage dans l’Écriture. L’Écriture dont les Pères, dont le Moyen Âge est l’héritier, fournit aux théologiens et aux artistes un réservoir inépuisable de musteria, de mystères pour reprendre une formule d’Origène, L’Écriture, et la liturgie qui est une autre manière de distiller le mystère, est pour nos pères médiévaux, la clef herméneutique ultime de la réalité qu’ils cherchent à appréhender, au premier rang de laquelle figure précisément le temps et l’espace. Du temps, nous le savons, l’Écriture révèle la réalité profonde qui est d’être assumé en tant qu’histoire sainte. Quant à l’espace, l’Écriture le réordonne, ici même dans notre cathédrale, désormais tendu entre son Occident primordial et son Orient pascal pour en faire un cosmos, le lieu-dit de la manifestation de la grand’œuvre de Dieu dans l’histoire des hommes. Cette vision grandiose, qui est celle de nos Pères, de ceux qui nous ont légué cette cathédrale, nous allons la parcourir, très simplement comme une balade, ici même, d’ouest en est, du nord au sud. Dans cette balade, nous serons en bonne compagnie, celle de la Mère de Dieu telle que la liturgie nous invite à la chanter tout au long de l’année liturgique.
Une balade dans laquelle nous nous savons précédés par tant et tant de ces pôvres et povrettes déjà chantés ici à Notre-Dame par François Villon, il y a plus de cinq siècles. Ces pôvres qui savent qu’ici, ils seront toujours accueillis par cette :
Dame du ciel, régente terrienne,Emperière des infernaux palus,
Ces pauvres de Dieu qui savent qu’en s’adressant à la Mère,
Recevez-moi, votre humble chrétienne,Que comprise soie entre vos élus,Ce nonobstant qu’oncques rien ne valus.
C’est le Fils qu’ils confessent. Car
Vous portâtes, digne Vierge, princesse,Iésus régnant qui n’a ni fin ni cesse.Le Tout-Puissant, prenant notre faiblesse,Laissa les cieux et nous vint secourir,Offrit à mort sa très chère jeunesse ;Notre Seigneur tel est, tel le confesse :En cette foi je veuil vivre et mourir.
Nous ne pouvons pas entreprendre cette balade sans laisser monter et affleurer en surface, ne serait-ce qu’un tout petit peu, ce cœur de pauvre que nous avons tous en nous mais que nous avons souvent laissé ensevelir sous des tonnes de gravats accumulés. Et dont, peut-être, si nous le désirons vraiment, nous serons délivrés par le regard de celle dont Bernanos nous dit qu’« il faut sentir sur soi ce regard qui n’est pas tout à fait de l’indulgence – car l’indulgence ne va pas sans quelque expérience amère – mais de la tendre compassion, de la surprise douloureuse, d’on ne sait quel sentiment encore, inconcevable, inexprimable, qui la fait plus jeune que le péché, plus jeune que la race dont elle est issue, et bien que mère par la grâce, mère des grâces, la cadette du genre humain. »
Tous, physiquement ou par médias interposés, nous sommes désormais dans cette cathédrale, nous y sommes entrés par Celui qui a dit : « Je suis la Porte » (Jn 10, 9). Et, peut-être avant même d’être éblouis par la puissance d’enveloppement et d’élévation du grand vaisseau de pierre, nous sommes déjà entrés en liturgie, avec la fontaine baptismale qui nous a accueillis, sitôt la porte passée. Puis notre regard a été attiré par la Croix du ressuscité, là-bas à l’Orient du vaisseau. Puis nous sommes revenus au centre, au centre de tout, l’autel de Celui dont la liturgie nous dit qu’il est « à la fois le prêtre, l’autel et la victime ». La liturgie donne à la cathédrale son sens ; ainsi la cathédrale est-elle beaucoup plus qu’un cadre, un décor pour que s’y déploie la liturgie, la cathédrale est en elle-même une célébration du passage toujours à refaire de la mort à la vie, de la ténèbre à la lumière, un passage, une Pâque effectuée une fois pour toutes par le baptême, nourrie eucharistie après eucharistie pour que se resserrent entre nous les liens d’une communion sans cesse menacée par les forces de dislocation qui travaillent en sous-œuvre notre monde, notre cœur jusqu’au jour où, tous rassemblés sous la grande Croix, il n’y aura comme le dit la liturgie des funérailles chrétiennes, « ni larme ni deuil, ni souffrance ni maladie mais la paix et la joie avec le Fils dans l’Esprit ». Ce jour tant désiré où le Soleil et la Lune auront disparu, ce jour où l’Agneau sera notre flambeau.
Mais nous n’y sommes pas, nous ne le savons que trop et il nous faut marcher, d’Exode en Exil. Commençons notre marche, dans l’ombre du septentrion, avec tous ces témoins de la foi de nos Pères, les saints et les prophètes d’Israël dont Marie est, avec Jean Baptiste, la plus belle des fleurs, celle-là même qui se balance, dans la brise de l’Esprit au sommet de la tige de Jessé. Chaque année, durant le temps de l’avent, la liturgie nous fait à sa manière parcourir cette allée de la Promesse, que nous pouvons emprunter très concrètement dans le collatéral nord de notre cathédrale, avec le Vieil Isaïe, avec Jean Baptiste, avec Marie qu’elle aime invoquer sous le vocable de « Marie Fille de Sion : Tu as choisi, Seigneur, La Vierge Marie d’entre les pauvres et les humbles » nous dit la prière d’ouverture du formulaire liturgique de la messe de Marie Fille de Sion. En parcourant l’allée de la Promesse, sur le flanc nord de notre cathédrale, nous recevrons de nos frères aînés le goût de la longue attente, la saveur d’une espérance à jamais renaissante car fondée sur la certitude de foi et d’expérience que ce que Dieu a fait, une fois, il le refera pour nous comme il l’a fait pour nos pères. C’est le trésor de la structure « mémoriale » de la foi que nous ont légués nos frères aînés et sans laquelle le oui de Marie serait inimaginable. Cette allée de la promesse prendra chair d’ici quelques années dans le collatéral nord de notre cathédrale quand de grandes tapisseries, encore en genèse, y seront accrochées. Encore la grâce de la patience, la vertu de l’attente. Cette allée de la promesse, je l’imagine parcourue par celui qui, il y a quelques années, occupait le siège qui est le vôtre Monseigneur et qui savait mieux que quiconque la densité humaine et spirituelle d’une promesse dont la fécondité se déploie au creux même de la tragédie dont est tissée l’histoire des hommes.
Un architecte, parmi les plus grands, et qui me fait l’honneur de son amitié, un homme qui aime et connaît en profondeur notre cathédrale parlait de l’expérience qui est la nôtre quand nous passons de la pénombre du collatéral au ruissellement de lumière du transept, il qualifiait ce passage « d’expérience de l’immensité ». Et de fait, entre les figures qui nous ont accompagnés dans l’ombre de la Promesse et leur accomplissement paradoxal dans l’itinéraire du Verbe Incarné, il y a comme la place, comme un temps pour l’éblouissement. Le temps de la pleine Révélation de l’immensité de Celui qui était au commencement, dans les moirures nocturnes de la Rose nord, le même qui sera au terme dans les ors et les feux de la Rose sud. Le même qui se donne à chaque eucharistie, au Centre, à l’autel. Une immensité qui irradie le temps et le cosmos et qui se concentre, avec une densité époustouflante, à chaque eucharistie dans ce petit morceau de pain, dans ces quelques gouttes de vin. Au moment même où Jean de Chelles et Pierre de Montreuil achevaient ces feux d’artifice de pierre et de verre, quelques centaines de mètres plus au sud, les maîtres de l’École de Paris échafaudaient une autre cathédrale, faite de mots et de concepts, les grandes Sommes, pour tenter, par leurs moyens propres de rendre compte en raison du même Mystère. La fille de Sion, qui gardait toutes ces choses dans son cœur ; qu’a-t-elle pressenti de ce Mystère ? L’Écriture ne nous le dit pas, ni la liturgie d’ailleurs. Elles nous disent simplement qu’elle gardait, qu’elle relisait, qu’elle reliait toutes ces choses dans son cœur. Et, comme l’Écriture, il nous faut respecter le silence qui enveloppe le cœur de la Vierge.
« Lorsque les temps furent accomplis, Dieu nous a parlé par son Fils. » Celui que l’auteur de la Lettre aux Hébreux qualifie, et les roses de la cathédrale à sa suite, « de rayonnement de la gloire de Dieu, de parfaite expression de son être », prend chair de notre chair. Cette chair, il la reçoit de « celle qui l’a accueilli dans son cœur avant de l’accueillir dans son sein » pour reprendre la formulation très bernardine de la Collecte de la Solennité très romaine de « sainte Marie mère de Dieu », que la liturgie nous donne de fêter une semaine après Noël. L’admirable échange de Celui qui se fait l’un des nôtres, « non par une abdication de sa puissance mais par une condescendance de sa miséricorde », l’expression admirable d’équilibre est de Léon le Grand, cet admirable échange émouvait jusqu’aux entrailles le Moyen Âge. Et c’est ce même Moyen Âge, qui a inventé la Crèche, qui nous raconte aujourd’hui encore son histoire. Le Moyen Âge dont Péguy disait qu’il avait tout compris, le Moyen Âge nous fait comprendre ce qu’il a compris en racontant des histoires. C’est sa manière propre de dire le Mystère, de la Légende Dorée aux scènes de la Vie de la Vierge et du Christ dont celle que nous longeons en poursuivant notre marche en longeant le chœur des chanoines de notre cathédrale. Je suis chanoine de Notre Dame de Paris et j’aime à penser que lorsque nous chantons les psaumes, installés dans les admirables stalles du chœur de Robert de Cotte, nous sommes adossés aux scènes de l’Enfance et de la Résurrection du Christ… Chanter la gloire de Dieu, avec les mots mêmes de l’Écriture et physiquement adossés, donc soutenus par l’Écriture que nos pères ont mise en image. Le Moyen Âge avait, de fait, tout compris.
Marie la mère de Dieu est déjà la mère des Douleurs, dès le début : dans les scènes de l’Enfance, aux côtés de la Crèche, des Bergers et des Mages, il y a celle, terrible, du massacre des Innocents. « De la crèche au crucifiement » chantait un vieux cantique de Noël, de la Crèche au Crucifiement il n’y a qu’un pas et la mère de Dieu que nous chantions un peu après Noël est indissociablement la mère des Douleurs. La poétesse Marie Noël rapporte un long dialogue entre Marie et les Anges à Bethléem. Juste un extrait :
Marie : J’ai fait de beaux points d’épine sur son bonnet rondLes anges : nous avons tressé l’épine en couronne pour son front
Syméon l’avait prévenu, tout au début, ou presque :
Un glaive te transpercera le cœur. (Lc 2, 35)
Entre l’Enfance et la Croix, notre chemin, jusqu’ici rectiligne se met à tourner. Jusque-là, avec les Prophètes, avec Jean Baptiste et Marie nous avions suivi le bel ordonnancement des piles et voilà que tout chavire, les piles cessent d’être alignées, les voutes deviennent irrégulières. Tout sauf la Croix, Stat Crux dum volvitur orbis et à ses pieds la Mère Stabat Mater. Debout, la mère, debout au pied de la Croix (Jn 19, 25). La Croix à l’Orient, au point de bascule de notre chemin est plantée, moins comme une écharde dans l’histoire du monde et notre histoire, celle de Marie aussi, que comme un axe, axis mundi. Tout ici est paradoxe : L’Orient, celui d’où surgit la Lumière est celui de la ténèbre en plein midi, celui du Golgotha.
Ici la Mère se révèle, elle aussi, en plein paradoxe : Stabat Mater, debout, droite au pied de la Croix. Droite peut-être mais du même mouvement Infiniment penchée parce qu’infiniment droite, infiniment touchante parce qu’infiniment touchée. Pour le Fils c’est la même chose, sa Couronne est infiniment glorieuse parce qu’infiniment dérisoire. Ici à Notre Dame, au point exact où tout bascule, le reliquaire de la Couronne a l’humilité d’une âme de bois et la gloire des cabochons de cristal. Arrêtons-nous, un instant, avec la Mère devant Le Fils, et remettons-lui tous ses Enfants que le Fils lui a confiés ce jour-là, du haut de la Croix.
Mais il faut repartir, et revenir sur nos pas, mais comme les Mages, « par un autre chemin ». Et passer devant les reliefs de la résurrection. Passer. Passages, Pâques. Passer non pas devant les reliefs mais passer par la résurrection. Notre chemin est fait d’une succession de Pâques. Mais cette fois, la voilà la grande Pâque, celle de la Résurrection : Pâque nouvelle, Pâque mystique, Pâque des croyants. « Réjouis-toi, Vierge Marie, mère de clarté, ton Fils Jésus, le soleil de justice, victorieux des ténèbres du tombeau illumine l’Univers entier, alléluia », chante l’Introït de la Messe de la Vierge Marie à la Résurrection du Seigneur. Lors de la première réunion de la Commission Nationale du Patrimoine qui a suivi l’incendie, un acteur majeur de la restauration, qui se reconnaîtra s’il nous écoute ou s’il lit ce texte, a brièvement interrompu un exposé très technique sur l’état de la cathédrale au lendemain du drame et a projeté un instant cette image dont beaucoup se souviennent : la statue de la Vierge du Pilier, intacte, ruisselante de blancheur, émergeant d’un capharnaüm de poutres calcinées et de coulures de plomb, une image assortie d’un simple commentaire : Ici, voyez-vous, c’est la Vierge immaculée au matin de Pâques. Pâques 2019, bien sûr.
Nous allons repasser le passage de l’immensité mais cette fois nous aurons la clef, pascale, de ce qui nous a été donné, gracieusement, comme en avant-goût, lors du premier passage, au nord. Marie gardait alors toutes ses choses dans son cœur mais « maintenant elle sait ». Et nous aussi car comme aux deux compagnons sur le chemin d’Emmaüs, Pâques nous a ouvert le sens des Écritures.
Comment ici ne pas nous arrêter une fois encore, et reprendre les mots du poète, de celui qui, bouleversé ici même par la grâce d’un chant, a fourni les mots aux innombrables anonymes dont le regard, ne fût-ce qu’un instant, a croisé celui de Marie :
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.Je n’ai rien à offrir et rien à demander.Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.Vous regarder, pleurer de bonheur,savoir cela, que je suis votre fils et que vous êtes là.Rien que pour un moment pendant que tout s’arrête
Midi. Pâques est le matin, et le midi et l’horizon de toute l’histoire des hommes. Il est temps de passer maintenant sous la Rose du Midi, illuminée par le bon soleil du Midi. Midi. De saluer la Pentecôte du peintre Jacques Blanchard, avant de nous laisser illuminer par les rayons du même soleil qui transfigureront bientôt les verrières de Claire Tabouret. L’abbé Suger l’avait bien compris, une église gothique est une machine destinée à capter la lumière, et dans cette « machinerie mystique » les vitraux jouent un rôle essentiel. Quasi sacramentel. « Car la création qui gémit dans les douleurs d’un enfantement qui dure encore est elle aussi destinée à connaître la liberté de la gloire des enfants de Dieu ». Dans le vitrail, la création, très concrète : du sable, du plomb, des oxydes, est comme transfigurée par la Lumière du « Soleil d’En Haut qui vient nous visiter ». Il ne faudrait pas croire que la puissance de la Résurrection ne nous concerne que nous, les humains. Quelle arrogance et quelle méconnaissance de l’ampleur du dessein de Dieu ce serait de notre part que de la limiter à nos petites personnes. C’est tout le cosmos, dont nous faisons partie, qui est appelé à resplendir de la gloire manifestée au matin de Pâques, incorporée, intériorisée en quelque sorte le jour de la Pentecôte.
Au cœur de l’été, au jour de son Assomption, la Vierge Marie est le signe primordial de cet accomplissement, jusque dans sa dimension cosmique : « Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles ». Mais si elle est Reine, elle n’est pas seule, dans l’allée des saints, nous marchons avec la foule innombrable de ceux qui nous ont précédés ici, à Paris sur les rives de la Seine, dans le souffle de l’Esprit, Denys, Geneviève, Thomas, Vincent de Paul et tant d’autres. C’est ce même Esprit qui avait pris Marie sous son ombre au jour de l’Annonciation, qui a mis le Magnificat sur ces lèvres au jour de la Visitation et qui, si vraiment nous avons joué le jeu de ce voyage, désire dilater à leur tour notre cœur, notre corps et notre esprit. La balade s’achève au pied de la Grande Visitation de Jean Jouvenet ; juste avant la sortie. Regardons-la, laissons-nous, comme Marie, emporter par ce tourbillon de vie et de couleurs et si nous avons de bons yeux arrêtez-vous à la signature du peintre, sur la première marche :
« Johannes Jouvenet dextra paralyticus sinistra fecit 1716 », c’est-à-dire « Jean Jouvenet m’a fait de la main gauche car la droite est paralysée. » Le peintre était paralysé de la main droite, l’Esprit s’est emparé de sa main gauche. C’est un peu notre histoire, à nous tous pèlerins de Notre Dame : Nous sommes entrés, nous avons marché, accompagnés, de Pâque en Pâque, de ténèbres en aurores, par la main maternelle de la cathédrale. Nous ne quittons pas la cathédrale, délestés de nos lourdeurs, de nos angoisses, de nos opacités, de nos paralysies mais si nous nous sommes laissé attendrir par Marie, si comme elle nous nous sommes laissés toucher par l’Esprit, nous sortons plus vivants, nous sortons plus humains.
Péguy avait fait cette expérience, pas ici mais à Chartres, lui qui avait jeté ses enfants malades dans les bras de Marie : « Qu’est-ce que cela vous fait », lui avait-il lancé.
Il parlait dans une grande colère. Mais en dedans, en dedans de cette grande colère et de cette grande violence, avec une grande dévotion.Et depuis ce temps-là tout marchait bien.Naturellement.Comment voulez-vous que ça marche autrement. Que bien.Puisque c’était la sainte Vierge qui s’en mêlait.Qui s’en était chargée.Elle sait mieux que nous.
Introduction à la conférence
Chaque dimanche à Notre-Dame de Paris (4e) :
– 16h30, conférence
– 17h15, vêpres
– 18h00, messe
Diffusion en direct sur KTO télévision et France Culture, en différé sur Radio Notre Dame et RCF.
Depuis 1835, les Conférences de carême de Notre-Dame de Paris constituent un grand rendez-vous de réflexion sur l’actualité de la foi chrétienne.