« Confortés dans notre mission d’évêques »

Paris Notre-Dame du 30 septembre 2021

Au Vatican, la visite ad limina du deuxième groupe d’évêques français (provinces de Paris, Lyon et Clermont-Ferrand) s’est achevée vendredi 24 septembre. Au programme, un pèlerinage au tombeau de saint Pierre, des rendez-vous dans les dicastères romains, une rencontre dense avec le pape François. Les explications de Mgr Denis Jachiet, évêque auxiliaire de Paris.

Les 26 évêques français du deuxième groupe célébrant la messe le jeudi 23 septembre sur la tombe de saint Pierre, au Vatican.
© Étienne Castelein

Paris Notre-Dame – Que retenez-vous de votre échange de plus de deux heures, le 23 septembre, entre votre groupe d’évêques et le pape François ?

Mgr Denis Jachiet – L’impression d’un échange très libre, loin du formalisme que l’on pourrait prêter à cette visite traditionnelle. Le pape adopte une modalité très fraternelle, utilisant le jeu de questions et de réponses, sans sujets tabous. Cela le rend très proche des évêques, et son discours, plus complet et plus nuancé que ce que l’on peut en comprendre à travers les médias. Il a abordé la question des migrants, sans naïveté, nous rappelant le devoir d’accueil de l’Église, en défendant des politiques réalistes d’intégration sociale des personnes dans chaque pays. Nous avons, en outre, discuté de la réception prochaine du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) commandé par les évêques de France en 2018, qui sera rendu le 5 octobre. Sujet que nous avons par ailleurs travaillé avec la Commission pontificale pour la protection des mineurs. Le pape nous a encouragés à ne rien vouloir cacher, signifiant que l’on ne pouvait rien faire pour mettre fin à ce drame, si l’on ne regardait pas la vérité en face. En plus des initiatives de formation et de prévention que nous prenons, le pape nous a encouragés à aider le peuple chrétien à traverser ce scandale dans la foi. Il nous a suggéré de proposer des catéchèses sur la question du péché dans l’Église. Pour lui, l’enjeu se situe aussi dans la lutte entre le bien et le mal. Comment, à la fois, être croyant et reconnaître la gravité du péché des membres de l’Église ?

P. N.-D. – Quels sont les moments qui vous ont le plus marqué dans cette visite de cinq jours ?

D. J. – J’ai été très marqué par nos concélébrations dans les basiliques majeures, tôt le matin, vides de touristes et de fidèles. Cela a été l’occasion d’un ressourcement spirituel aux origines de la vie de l’Église. Nous réalisons, encore plus dans ces moments, l’actualité extraordinaire des apôtres, par exemple saint Paul qui, dans chaque ville païenne qu’il visitait, a implanté la Bonne nouvelle de l’Évangile, de la mort et de la résurrection du Christ, comme source du Salut. Ce pèlerinage nous a beaucoup confortés dans notre mission d’évêques et beaucoup rapprochés les uns des autres. Au cours d’un échange, au ton direct, avec le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, nous avons été encouragés à exercer notre ministère pleinement, avec une véritable liberté d’initiatives.

P. N.-D. – Avec quel message revenez-nous pour le diocèse, pour les fidèles à Paris ?

D. J. – Je me sens encouragé à envoyer en mission. J’ai compris qu’il y avait dans cette expérience de communion que nous avons vécue à Rome, une sorte d’énergie d’annonce de l’Évangile. Une conscience plus forte que la mission de l’Église, n’est pas limitée ou amoindrie par les difficultés actuelles (question des abus, érosion des vocations…) mais qu’elle est encore plus apostolique. Elle part de forces minimes d’un point de vue humain, à l’image des premiers apôtres, mais se réalise dans la puissance de résurrection que le Christ communique à ses envoyés.

Propos recueillis par Laurence Faure @LauFaur

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