Conseiller, aider l’autre à poser un acte libre
Paris Notre-Dame du 18 février 2016
Parmi les œuvres de miséricorde spirituelle auxquelles le pape François nous invite, figure le conseil à ceux qui doutent. Comment chacun peut-il rendre son conseil miséricordieux ? Dominique Bourgeois, la responsable du service d’écoute Samuel de la Trinité (9e), nous donne quelques pistes.
Avoir une vie de prière
« Comment prétendre écouter ce que l’Esprit-Saint dit dans l’âme d’une autre personne ? » s’interroge Dominique Bourgeois. Il faut d’abord avoir acquis une pratique du discernement pour soi-même, avoir une vie spirituelle profonde. Prier pour la personne dans le doute, prier avec elle, lire un texte de la parole de Dieu : autant de façons de s’effacer pour ne pas seulement donner un conseil humain, faillible, mais pour ranimer l’espérance.
Aller au-devant
« L’hôpital de campagne, l’image avec laquelle je me plais à représenter cette “Église en sortie”, a pour caractéristique de naître là où l’on se bat : c’est une structure mobile, de sauvetage, d’intervention rapide, pour éviter que les combattants ne succombent. » Cette citation du pape François, tirée de Le nom de Dieu est Miséricorde, est source d’inspiration pour Dominique Bourgeois : « Il faut regarder comment fait Jésus avec les pèlerins d’Emmaüs. C’est lui qui va à leur rencontre et marche avec eux ».
Écouter longuement
C’est l’étape indispensable du conseil : écouter l’autre longuement, non pour se mettre à sa place, mais pour tenter de le rejoindre dans une écoute active, attentive, pleine d’empathie et de respect. Parfois, la personne qui demande un conseil ne voit pas l’importance de cette étape, car il est difficile de se confier, et elle croit déjà connaître son besoin. « Beaucoup viennent nous voir pour demander un contact de psychothérapeute chrétien. Mais ce n’est peut-être pas de cela qu’ils ont besoin ! », témoigne Dominique. Inversement, la personne qui conseille peut se sentir tentée de « plaquer un conseil sans écouter ». Pourquoi ? « Pour se rassurer sur sa capacité à aider ! Elle se précipite pour consoler l’autre avec des solutions toutes faites. » Là encore, l’attitude de Jésus peut guider celui qui conseille : il écoute longuement les pèlerins d’Emmaüs raconter l’épisode terrible de la crucifixion, leur désarroi, leur chagrin, sans les interrompre ni les détromper.
Discerner
Après avoir écouté, vient le temps de parler. Dominique Bourgeois conseille de prendre un moment pour reformuler ce qui a été confié et proposer des directions pour la réflexion. « En reformulant des mots souvent marqués par les émotions, vous aidez les gens à réfléchir et vous faites appel à leur propre discernement. Il s’agit d’aider l’autre à découvrir le sens de ce qui a été vécu en le mettant en perspective avec le projet de Dieu. » Ainsi, avec les pèlerins d’Emmaüs, Jésus reprend-il le récit des deux hommes pour l’éclairer à la lumière de l’Écriture. Cette étape fait renaître l’espérance dans le cœur de l’autre qui devient tout « brûlant », et est désormais capable d’envisager des solutions nouvelles.
Orienter
À la limite, un conseil réussi permet à la personne de discerner elle-même son propre besoin parmi plusieurs possibilités. « Il est essentiel de donner une panoplie des solutions afin de ne pas créer une situation de dépendance. Conseiller, c’est aider l’autre à poser un acte libre, autonome ! » Ainsi, Jésus quitte-t-il les pèlerins d’Emmaüs quand leur cœur est devenu prêt à poser un choix : ils retournent alors de leur propre chef à Jérusalem pour annoncer la résurrection de Jésus. • Pauline Quillon
PRATIQUE
Le service d’écoute Samuel de la Trinité (9e) est assuré par six personnes formées à l’accompagnement spirituel et à l’écoute psychologique. Créé il y a quatre ans, il répond à un besoin réel des Parisiens : 1200 personnes ont d’ores et déjà été reçues. Pour prendre rendez-vous : 01 48 74 87 82, ou se présenter à l’accueil de la paroisse.