Corita Kent, une icône pop

Paris Notre-Dame du 24 octobre 2024

Si Corita Kent est encore méconnue en France, il y a longtemps qu’aux États-Unis, elle est considérée comme une figure majeure de la culture pop. Le Collège des Bernardins accueille, pour la première fois en France, des œuvres de cette religieuse militante qui sérigraphiait pour la paix. L’exposition Corita Kent. La révolution joyeuse est à découvrir jusqu’au 21 décembre.

© Christel Pigeon

Si cette exposition est au cœur du festival des Bernardins Opus 6, Ora et labora – qui propose aussi des conférences, des projections de films, des concerts et des ateliers jeune public sur le thème de l’amour et de la joie –, ce n’est pas un hasard. C’est parce que l’américaine Corita Kent (1918-1986), également connue sous le nom de Sister Mary Corita, milita, toute sa vie, pour un monde plus juste et fraternel. « Hope » était d’ailleurs son mot préféré…

Originaire de Fort Dodge, dans l’Iowa, Corita Kent déménage avec sa famille à Los Angeles alors qu’elle n’est encore qu’une enfant. Elle grandit dans un milieu religieux, entre à 18 ans dans l’ordre religieux du Coeur Immaculé de Marie et commence des études d’histoire de l’art. Dans les années 1950, elle se lance dans la technique de la sérigraphie qui devient son médium artistique de prédilection. Pourquoi ? Pour que ses créations, messages d’amour et d’espoir, puissent être reproduites en masse et être ainsi transmises au plus grand nombre. Comment ? En choisissant des références à la culture populaire et aux images commerciales pour évoquer son amour de Dieu. Elle découpe alors des publicités, des paroles de chansons et des versets bibliques, et crée une œuvre joyeuse, colorée et audacieuse, toujours empreinte d’un texte bienveillant. Elle place les mots au coeur de ses oeuvres, détournant des slogans publicitaires et utilisant des éléments graphiques récurrents : le rond évoque l’hostie, le coeur représente l’amour et la colombe symbolise la paix. Au cours des années 1960, son travail prend un virage politique, plus engagé, incitant les spectateurs à réfléchir à la pauvreté, au racisme, aux ravages de la guerre du Vietnam et aux injustices sociales. Elle réussit à dénoncer les affres de la société tout en évangélisant. Influencée par les sérigraphies d’Andy Warhol dont elle découvre le travail dans une galerie de Los Angeles en 1962, elle révolutionne le pop art en juxtaposant des références contemporaines et religieuses pour faire passer des messages spirituels forts.

L’exposition se découpe en quatre temps : des panneaux introductifs et explicatifs sur la vie et le travail de Corita Kent dans la nef des Bernardins, une trentaine d’œuvres originales – prêtées par le Corita Art Center de Los Angeles – dans la sacristie, des bannières en sérigraphie textile réalisées par les élèves de l’Ensad et inspirées du travail de l’artiste, et au premier étage – habituellement fermé au public –, une sélection de de diapositives 35 mm rarement montrées. Ces photographies prises par la religieuse, entre 1955 et 1968, donnent un aperçu de sa vie et de sa pratique artistique alors qu’elle était professeur et directrice du département d’art du Collège du Coeur Immaculé. Car la transmission est aussi au coeur du travail de cette femme ancrée dans la société américaine et dans l’Église… même si en 1968, épuisée par un conflit avec l’archidiocèse, elle demande à être dispensée de ses voeux et s’installe à Boston. Cette figure unique dans l’histoire de l’art, qui affirmait que « l’art est la nourriture de l’âme », a inventé un langage graphique religieux avec lequel elle manifesta la révolution joyeuse d’un Dieu qu’elle croyait proche de tout être humain, quel qu’il soit. Pas étonnant qu’en 1966 le Los Angeles Times lui ait attribué le prix de la femme de l’année…

Christel Pigeon

Collège des Bernardins
20, rue de Poissy, 5e ;
Jusqu’au 21 décembre, entrée libre du lundi au samedi, de 10h à 18h.

Collège des Bernardins
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