Homélie de Mgr Georges Pontier - Messe de minuit à St Germain l’Auxerrois

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Vendredi 24 décembre 2021

– Nativité du Seigneur – Année C - Messe de la nuit

- Is 9, 1-6 ; Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14

« Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, Lui qui est Dieu, Lui qui est dans le sein du Père, c’est Lui qui l’a fait connaître. » Ainsi s’exprime l’apôtre Jean dans l’évangile de Noël que nous lirons demain matin à la messe du jour.
Contemplons-le, ce soir, dans la simplicité et la pauvreté de sa naissance. Il se fait l’un de nous, petit d’homme, pour nous apprendre à devenir comme lui, fils de Dieu, doux et humble de cœur. Contemplons-le dans la fragilité et la vulnérabilité de l’amour qui se fait proche pour donner joie, paix, oubli de soi. Rien n’arrête l’amour sur le chemin qui le conduit proche de l’être aimé. Rien n’empêche Dieu de se faire homme, proche, fragile, remis entre les mains de l’homme. En Jésus, il fait connaître son désir d’aimer et d’être aimé, son désir d’être reconnu comme bienveillant, comme Père et Mère à la fois.

Contemplons-le dans la beauté de sa fragilité. Il n’écrase en rien. Pour Lui, Marie et Joseph lui ont préparé la meilleure demeure, celle de leur cœur débordant de joie, celle de leur mémoire émerveillée des paroles reçues de la part du Seigneur au sujet de ce petit qui vient de naître dans une mangeoire pour être la nourriture d’espérance et de confiance des petits et des pauvres. Autour de lui se pressent les bergers, premiers invités à cette joie de reconnaître son amour privilégié pour les marginalisés, les petits, les humbles. Il les a choisis comme ses premiers invités.

Dans la nuit de Noël, une lumière a resplendi, plus intime que celle qui jaillit du sommet de notre tour Eiffel, rayon lumineux qui réchauffe les cœurs, qui éclaire, qui chasse les ombres de nos vies et dévoile un amour insoupçonné, inespéré : l’homme est aimé de Dieu.

Chers frères et Sœurs, chers amis qui nous êtes unis par le bais de la télévision, laissez-vous éclairer par la lumière de Noël : l’amour se dépose dans la mangeoire que font vos mains, vos bras, vos yeux, votre cœur. L’amour vous est confié. L’amour nous est confié. Comme lui, acceptons de nous faire vulnérables, fragiles, proches. Rejoignons les petits, ceux qui sont dans le besoin. Une fois devenu grand, l’enfant de la mangeoire donnera à manger à ceux qui ont faim, guérira ceux qui sont malades, accueillera les rejetés de la vie, réconfortera ceux qui sont découragés. Il dira à ses amis : « A ceci tous reconnaitront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jean 13,35) L’amour nous est confié. Inventons les gestes d’amour nécessaires autour de nous, dans nos familles, nos environnements humains, notre ville, notre pays, notre Église, dans le monde de ce temps. Que par nous le rayon de l’amour, fragile et fort, rejoigne tous ceux qui sont cachés par le voile d’indifférence qui refroidit notre monde. Comme l’écrivait Paul à son ami Tite : « Il s’est donné pour nous afin de faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. » Un peuple ardent à faire le bien ! Apprenons de Dieu ce que veut dire : aimer ! Il s’est fait homme pour nous apprendre à devenir des enfants de Dieu, des enfants de l’amour : apprenons à pardonner, à partager, à relever, à consoler, à espérer, à se donner.

C’est Noël, chers frères et Sœurs c’est Noël. Comme nous le chantons parfois : « Regardez l’humilité de Dieu et faites-lui l’hommage de vos cœurs. »

+ Georges PONTIER
Administrateur apostolique de Paris

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