Homélie de Mgr Georges Pontier – Messe lors du Congrès Vocations

Vendredi 29 Avril 2022 – Chapelle Notre-Dame du Bon Conseil (7e)

« Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits ! » nous proposait de chanter la liturgie entre les lectures que nous venons d’entendre en ce jour de fête de Sainte Catherine de Sienne et en ce début du congrès Vocations, au pluriel, que vous vivez ici dans notre diocèse de Paris. La vocation au singulier et les vocations au pluriel. Le baptême nous parle de la première, celle qui affirme que nous sommes enfants de Dieu et frères humains, celle qui est un appel à vivre en fils et en frères. Et puis les vocations, spécifiques, comme nous disons, celles qui se déploient dans la singularité de la diversité des appels que l’Esprit suscite pour que l’Eglise vive sa mission. Mais c’est toujours la même démarche spirituelle profonde : « Bénis le Seigneur ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits » Bénir le Seigneur pour ses bienfaits, reconnaître ce qui vient de lui, répondre à son appel, discerner les signes de son désir. Non pas tant, tenir les reines pour réaliser notre projet personnel mais lâcher prise pour emprunter le chemin tracé par Dieu à travers ses dons et ses appels, à travers la particularité de sa délicatesse et les besoins de tous. « Qu’il me soit fait selon ta parole » disait Marie. « Père, que soit faite non pas ma volonté mais la tienne, priait Jésus » ; « Mon Père je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira » s’exprimait Charles de Foucauld, canonisé dans deux semaines.

Les vocations spécifiques sont des couleurs de la vocation baptismale fondamentale. Elles ne l’effacent ni ne la remplacent. Elles ne mettent pas en dessus du bouquet mais en sont comme des couleurs enrichissantes, structurantes, servantes, nécessaires, pour le service de la diversité et de la vitalité de l’ensemble.

Une Catherine de Sienne a choisi la vocation dominicaine, a bénéficié de grâces mystiques et a parcouru les routes d’une Europe en crise. Loin de ce qu’elle avait pu imaginer, loin de son désir de vie mystique, et pourtant, une vie si nécessaire à la beauté du bouquet Eglise de son temps que l’Esprit conduisait.

« Dieu est lumière ; en Lui il n’y a pas de ténèbres. Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, alors que nous marchons dans les ténèbres, nous sommes des menteurs, nous ne faisons pas la vérité. » écrivait l’apôtre Jean dans sa première lettre. Surement une part de la mission des services des vocations est de servir le discernement de chacun et celui de l’Eglise à propos de l’œuvre de l’Esprit dans le cœur des personnes et dans le temps de l’Eglise. Accueillir la lumière, chasser les ténèbres, s’éloigner d’elles, faire la vérité, discerner les intentions profondes, reconnaître celles qui font lumière et celles qui demeurent ténébreuses, voilà le nécessaire labeur sans cesse repris et autant que nécessaire dans la vie du baptisé.

Et pour ce chemin, la contemplation du visage du Fils, l’écoute de sa Parole, la soumission aux élans suscités par l’Esprit, l’accueil de la paix qui vient de lui permettent d’avancer à sa lumière. « Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils sinon le Père et personne ne connaît le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » C’est Lui le Dieu Trinité qui appelle, qui séduit, qui guide, qui apaise, qui comble. « Tu nous as fait pour toi, Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Toi » disait Augustin. De Foucauld relira son chemin à lui, ainsi : « Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui. Ma vocation religieuse date de la même heure que ma foi ! » Etre un Fils, qui vit pour son Père, par Lui et en Lui. La vocation filiale donne la couleur à tout le bouquet de nos vies ecclesiales.

À chaque eucharistie nous entendons le Seigneur redire : « Prenez, mangez, buvez : mon corps livré pour vous, mon sang, versé pour vous et pour la multitude. » Vocation, appel à être fils et fille de Dieu pour la multitude, pour le service de tous, pour la beauté de l’humanité. « Venez à moi, je vous procurerai le repos. »

Mgr Georges Pontier,
administrateur apostolique

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