Homélie de Mgr Georges Pontier - Messe à St Germain l’Auxerrois

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 3 avril 2022

"Appelés à être des porteurs de lumière."

– 5e dimanche de carême – Année C

- Is 43, 16-21 ; Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6 ; Ph 3, 8-14 ; Jn 8, 1-11

« Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » Cette phrase de Jésus à la femme adultère conduite jusqu’à lui par des scribes et des pharisiens hypocrites résonnent à nos oreilles et à notre cœur de croyants comme une bonne nouvelle, comme la Bonne Nouvelle ! Dieu fait toujours du nouveau pour celui qui se laisse saisir par son amour qui pardonne ! Il ouvre un avenir : « Désormais ». Il y a toujours un « désormais » possible. Aucune situation, aucun péché, aucune faute n’arrête la puissance de Dieu d’ouvrir un chemin de vie, une victoire sur la mort. On conduit à lui cette femme pour qu’il prononce sur elle la sentence de mort, requise par la Loi. Et voilà qu’Il prononce une parole de vie et qu’Il invite à une vie nouvelle : « Va et désormais ne pèche plus. » Il ne s’arrête pas sur son passé. Il ne l’arrête pas à son passé en ordonnant la lapidation. Il ouvre la perspective d’un changement, d’une conversion, d’une vie nouvelle qui aura pour fruit de ne plus pécher.

Dans deux semaines nous fêterons la Pâque, la victoire sur la mort, la résurrection du premier-né d’entre les morts, du premier-né d’une multitude de frères. Comme l’écrivait l’apôtre Paul aux Philippiens : « il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa Passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts. » Avant d’y parvenir nous célébrerons le vendredi saint et le don que Jésus fait de sa vie, le cri qu’il a poussé en notre faveur : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Au cours du carême l’Église nous invite à vivre le sacrement de la réconciliation, à nous approcher de Lui avec confiance et dans la vérité pour qu’il puisse ouvrir un « désormais » pour chacun de nous et pour notre Église. L’entendre nous dire : « Moi non plus je ne te condamne pas, va et désormais ne pèche plus. » Notre prière, le vendredi saint, dans l’office de la Passion, comprendra une confiante prière de supplication pour l’Église et le monde afin que la miséricorde de Dieu nous enveloppe et nous renouvelle tous, individuellement et dans nos vies collectives.
Chers frères et Sœurs, nous autres les baptisés, nous portons un trésor : celui de connaître la miséricorde infinie de Dieu pour ses créatures, pour ses enfants, celui de notre foi en un avenir toujours possible, provisoire certes en ce temps de la vie terrestre, mais éternel au-delà d’elle. Nous sommes des témoins d’espérance, des porteurs d’espérance, grâce au Christ. Oui nous sommes fragiles, oui notre Église est fragile, oui, le monde est fragile, mais le dernier mot est dans la bouche du Seigneur et le dernier mot est un mot de pardon, d’ouverture à une vie nouvelle. Déjà ici-bas nous en percevons des signes quand le pardon, le partage, l’encouragement, la solidarité nous donnent de vivre des nouveaux départs, des changements. Oui, nous sommes appelés à être des amis de la paix, des porteurs de lumière, des inlassables témoins de l’espérance que nous donne notre foi en la victoire du Christ sur la mort, sur la haine, sur la vengeance, sur la violence.

Seigneur, prends pitié de nous. Seigneur nous ne sommes pas dignes d’entrer dans ta maison. Seigneur, sauve-nous.

Merci, Seigneur toi qui nous dis aujourd’hui : Je ne te condamne pas, Va et désormais ne pèche plus. Toi qui nous dis : Soyez mes témoins. Faites connaître le nom du Père.

Amen.

+Georges Pontier, administrateur apostolique de Paris.

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