Homélie de Mgr Georges Pontier - Messe à St Germain l’Auxerrois en mémoire de la Cène du Seigneur

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Jeudi 14 avril 2022

– Jeudi saint – Messe en mémoire de la Cène du Seigneur

- Ex 12,1-8.11-14 ; Ps 115 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13,1-15

Après l’homélie, la liturgie de ce jour nous invite à reproduire le geste du lavement des pieds. Ce geste fait par Jésus pour ses disciples nous fait entrer dans le sens profond du mystère pascal, de tout ce qui va se passer pour Jésus : son arrestation, sa mort, sa mise au tombeau, sa résurrection le troisième jour.

De quoi s’est-il agi ? d’un fait divers, d’un échec, d’une histoire qui s’est mal finie ? S’agissait-il du salut des hommes ? Qu’est-ce que tout cela voulait dire ?

En réalité, on voit Jésus engager sa vie en toute liberté : « Sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde vers le Père, Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde les aima jusqu’au bout. » Il s’agit dans le mystère pascal de l’amour de Jésus jusqu’au bout ! Dieu nous aime jusqu’au bout. Et même si cet amour passe par le don de la vie du Fils bien-Aimé !

Ainsi tout s’unifie, tout se comprend : il s’agit du plus grand amour, de celui de Dieu pour les hommes. Il s’agit d’une Alliance, de l’Alliance nouvelle et éternelle. Pas d’une alliance à la manière humaine qui est toujours signée au prisme de l’intérêt ou du moindre mal. C’est une alliance à la manière de Dieu : Faire et donner ce qui est le meilleur pour l’autre. Elle est inspirée par l’amour gratuit.

Ce soir-là, Jésus lave les pieds de ses disciples : il se fait serviteur, comme il va l’être dans sa mort. Quand il se fait serviteur, quand il est fait prisonnier, cela ne lui est pas imposé. Il le choisit et le vit par amour, pour sauver l’amour.

Et Jésus prend le pain et le vin, les donne à ses disciples en leur disant : ceci est mon corps, ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude : prenez et mangez-en tous. Il se fait nourriture d’espérance, de foi, nourriture d’amour. Il se remet à l’Église pour qu’elle puisse rendre présente sa présence permanente jusqu’à la fin de temps : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ! » Chaque fois que l’Église célèbre l’eucharistie elle tourne le cœur des hommes vers la présence de Celui qui s’offre pour eux et qui se donne pour eux, pour Celui qui ouvre la route de l’amour, fermée par le Diviseur.

Jésus laisse un commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il ne fait pas de l’eucharistie une rencontre personnelle fermée ! Il en fait une rencontre avec lui pour nous rendre capables de vivre comme lui, dans l’amour jusqu’au bout ! C’est le chemin de la vie, le sens de la vie. Ce qui donne le sens, c’est l’amour qui habite tout ! Et l’amour est capable de s’abaisser pour que dure la vie dans l’amour, pour traverser la mort. Il ne veut en rien être vaincu par la haine ou le désespoir, la vengeance ou la condamnation, par ce qui tue l’amour et referme dans la mort !

Mes amis, ce soir, contemplons le Christ. Rendons-nous présents à ce moment :

Le Seigneur vient réveiller notre amour pour Lui. Il se met à nos genoux. Ne le cherchons pas loin de nous. Il est en nous comme un mendiant d’amour. Nos paroles d’amour pour lui nous enracinent en lui et nous sauvent.

Regardons notre vie pour voir où nous manquons d’amour. En famille, dans nos communautés, dans notre lieu de travail, dans nos paroles, dans nos actions, dans notre pays, entre peuples. Entendons le Christ nous redire : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Soyons des ouvriers d’amour, de paix, de compréhension, de réconciliation, de respect. Quel beau programme de vie !

Chers amis, aimons le Christ et laissons-nous aimer par Lui.

+Georges Pontier, administrateur apostolique de Paris

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