Homélie de Mgr Georges Pontier – Messe In Albis à Saint-Sulpice avec les néophytes
Saint-Sulpice (6e) - Dimanche 24 avril 2022
– Voir l’album-photos.
– 2e dimanche de Pâques – In Albis – Divine Miséricorde - Année C
- Ac 5,12-16 ; Ps 117, 1-4.22-27 ; Ap 1,9-11a.12-13.17-19 ; Jn 20,19-31
La Divine Miséricorde ! Le dimanche de la divine miséricorde suit la fête de Pâques. Le Pape Jean-Paul II l’a institué pour l’Église universelle lors du jubilé de l’an 2000. Sœur Faustine en a été une messagère convaincante. La fête de Pâques porte dans son cœur la révélation de la miséricorde du Père. Le Fils bien aimé, ressuscité au matin de Pâques, continue à en être le témoin, comme il l’avait été durant son ministère en pardonnant les péchés, en guérissant, en lavant les pieds de ses disciples, de Judas le traitre, de Pierre trop sûr de lui, en suppliant du haut de la croix : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Et le voici encore dans cette rencontre avec ses disciples et Thomas. Thomas absent et Thomas présent. Thomas incrédule, et Thomas revenu à la confiance. « Cesse d’être incrédule, sois croyant. » « Mon Seigneur et mon Dieu », s’écrie-t-il enfin. Et Jésus de commenter : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Chers Frères et Sœurs, l’exemple de Thomas, nous est précieux. Quand il ne s’est pas appuyé sur la foi de la communauté, la foi des autres, la foi de l’Église naissante, sur le témoignage des frères, sa foi a été embrouillée par ses doutes, ses questions, ses peines, ses troubles, sa solitude. Quand il est revenu dans la communauté, il a pu accueillir la foi de ses frères et vivre avec eux l’expérience de la présence du Christ qui nous rejoint malgré les pièces verrouillées dans lesquelles la vie nous enferme parfois. « Que Dieu obéisse à ce que j’attends de lui et je croirai en Lui », sommes-nous tentés de dire parfois. Tourné vers moi, mes exigences, je ne suis plus en état de reconnaître les chemins par lesquels Dieu passe pour me dire sa présence ! Et parmi ces chemins, il y a éminemment sa miséricorde, sa fidélité, sa bonté, sa bienveillance, sa patience, sa présence. Vous l’avez découvert, chers néophytes, qui avez été baptisés, confirmés pour Pâques et qui avez communié pour la première fois de votre vie.
Le chemin du baptisé se poursuit dans cette vie à travers une alternance de périodes sereines et d’autres plus troublées, de consolations et de désolations. Sur ce chemin le Seigneur ne nous laisse pas seul. Ne restons pas seuls. Il y a la vie en communauté, Il y a la prière, il y a les sacrements, il y a la charité vécue, il y a la Parole de Dieu lue, méditée, priée. Et Jésus au soir de Pâques donne encore à ses disciples le sacrement de la divine miséricorde, celui où œuvre le souffle de l’Esprit, celui qu’il répand sur ses disciples en leur confiant le pardon des péchés. L’Église y a reçu le sacrement de la réconciliation. Elle le propose aux baptisés. Elle le fait au nom du Christ et à sa manière. En le leur confiant Jésus leur montre comment il l’exerce à leur égard en venant les rejoindre par amour malgré leur faute, en confortant Thomas dans sa foi malgré ses fanfaronnades. Oui quand Dieu s’approche des hommes, comme il l’a fait en Jésus, ce n’est pas pour les juger, mais pour les sauver, pour leur redonner un cœur confiant, un cœur de fils et de frères. Et quand il leur apprend à prier, il leur fait dire : Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
Nous voici enfants de la miséricorde de Dieu mais aussi témoins de cette miséricorde qui retourne les cœurs. Nous sommes envoyés comme des ouvriers de réconciliation, des acteurs de paix, à tous les niveaux, en famille, dans la société, dans l’Église, partout, acteurs de paix, de respect, de justice aussi, de miséricorde toujours.
Gardons dans notre cœur les mots de Jésus : « La paix soit avec vous, cesse d’être incrédule, sois croyant, Heureux ceux qui croient sans avoir vu, de même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. »
Marie gardait toutes choses en son cœur et les méditait. Qu’elle soit notre modèle, elle qui a accueilli la puissance de l’Esprit.
+Georges Pontier, administrateur apostolique de Paris