Homélie de Mgr Georges Pontier - Messe solennelle à l’occasion de la neuvaine de sainte Geneviève à Saint-Étienne du Mont

– Voir l’album-photos de la messe et de la procession.

– Baptême du Seigneur - Année C
avec bénédiction de Paris et procession de la châsse

- Is 40, 1-5.9-11 ; Ps 103 (104), 1c-3a, 3bc-4, 24-25, 27-28, 29-30 ; Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7 ; Lc 3, 15-16.21-22

Avec le baptême de Jésus dans le Jourdain nous franchissons une trentaine d’années de la vie de Jésus. Nous quittons les récits autour de sa naissance avec la présence des anges, des bergers, des mages, avec la peur d’Hérode de perdre son pouvoir, avec la fuite en Égypte et le premier pèlerinage du jeune Jésus perdu et retrouvé au temple par Marie et Joseph au milieu des docteurs de la loi.

Ce baptême dans le Jourdain marque le début d’une nouvelle étape de sa vie, celle que nous appelons sa vie publique, celle au cours de laquelle il va révéler le visage de Dieu : « Qui me voit, voit le Père », celle où il va faire de sa vie un don, celle où il va livrer l’Esprit qui donne la vie de Dieu.

L’évangéliste Luc note par deux fois que Jésus rejoint le peuple de ceux qui attendent le Christ, Celui dont Isaïe annonçait la venue comme nous le rappelait la première lecture : « Comme un berger il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent. » Il est un Dieu pour l’homme. Il n’est pas envoyé pour juger le monde mais pour le sauver, pour que tous aient la vie et l’aient en abondance.

Et alors que « Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit-Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » Les temps nouveaux s’ouvrent comme s’ouvrirent la création et la recréation après le déluge : Il dit et cela est, l’Esprit descend sur l’humanité du Fils bien aimé, la colombe rappelle qu’il est fini le temps du déluge. Place à la vie, à la vie nouvelle, celle où le Père redit à ceux qui l’accueillent : Tu es mon Fils, tu es ma fille bien aimée. En toi je trouve ma joie. »

Avec le baptême de Jésus s’ouvre le temps de la nouvelle création : Le Père se donne une multitude de fils en son fils bien-aimé. Il trouve sa joie en ceux qu’Il aime jusqu’au bout.

Et l’apôtre Paul peut écrire à son disciple Tite : « Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit-Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ, notre Sauveur, afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle. »

Le baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, le baptême que nous avons reçu ou que tel ou tel parmi nous ce soir préparent, le baptême nous introduit dans la vie nouvelle des enfants de Dieu. Il nous donne Celui qui travaille nos cœurs et nos esprits, l’Esprit Saint, l’envoyé du Père et du Fils. Il fait sa demeure en nous. Il nous fait penser en Fils de Dieu. Il nous fait agir en frères et Sœurs. Il nous ouvre à l’espérance, celle que nous offre la victoire du Christ sur le péché et sur la mort. Le baptême fait de nous des fils, des frères et des sœurs. Le baptême est une bonne Nouvelle, celle proclamée par le Père : Tu es mon fils, ma fille. Tu m’es cher. Tu m’es précieux. Et voilà que nous apprenons tout au long de notre vie à vivre en baptisés, en amis de Dieu, en amis des hommes. Nous apprenons à vivre dans l’espérance du jour où s’accomplira en nous la victoire finale de Celui qui nous a aimés jusqu’au bout, qui nous prend dans ses bras et nous introduit dans la joie de sa présence.

L’octave en l’honneur de sainte Geneviève va vers son terme. Elle a vécu en baptisée qui met sa confiance en Dieu, qui se met au service de ses contemporains, qui soutient le courage de tous au cœur d’une période troublée et incertaine. En son temps elle sut vivre en baptisée. Qu’elle nous soutienne dans notre vie de baptisés d’aujourd’hui. Ne mettons pas notre espérance ailleurs qu’en Dieu le Père, ne cherchons pas notre force ailleurs que dans l’Esprit de Dieu, faisons du Christ l’ami, le préféré de notre cœur. Laissons le nous redire la charte des baptisés : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, de tout ton esprit et ton prochain comme toi-même. »

+Georges Pontier, administrateur apostolique de Paris