Homélie de Mgr Georges Pontier - Messe à Saint-Germain l’Auxerrois

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 16 janvier 2022

– 2e dimanche du Temps Ordinaire — Année C

- Is 62, 1-5 ; Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 7-8a, 9a.10ac ; 1 Co 12, 4-11 ; Jn 2, 1-11

Ce n’est pas un hasard si l’évangéliste Jean met au début de son évangile ce récit du miracle de l’eau changée en vin par Jésus, lors d’une noce célébrée à Cana. Au début de son évangile, en plusieurs belles pages, il annonce le sens de ce qui va advenir dans la vie et la mission de Jésus de Nazareth, fils de Marie. Sa venue dans une chair semblable à la nôtre révèle la profondeur du désir de Dieu : celui d’accomplir l’alliance d’amour entre Lui et l’humanité, entre Lui et chacun de ceux qui l’accueillent. Et ce récit des noces de Cana annonce ce qui adviendra à la fin de sa vie terrestre où de son cœur transpercé couleront l’eau et le sang, signes de son amour jusqu’au bout, signes de sa vie versée pour une alliance d’amour. Et Marie sera là, comme elle le fut à Cana pour accompagner ces noces, de sa présence maternelle, attentive à la souffrance des hommes, à tout ce qui abime, cache ou désole l’alliance d’amour entre l’humanité et Celui qui a appelé les hommes à une vie de communion, d’intimité, de confiance et d’amour. L’heure de l’Alliance nouvelle et éternelle sera celle où Celui qui est le Fils bien Aimé ne donnera plus le vin de la fête de Cana mais celui des noces éternelles, celles que le Père achève dans le don de sa vie par amour. « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et l’aient en abondance. (Jn 10, 10) » « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour juger le monde mais pour que par lui le monde soit sauvé. » « Prenez, mangez, ceci est mon corps livré pour vous, Prenez et buvez-en tous car ceci est le vin de l’alliance nouvelle et éternelle versé pour vous et pour la multitude. Faites cela en mémoire de moi. » « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau » disons-nous désormais avant de communier. Nous sommes appelés à participer aux noces de l’Agneau, non plus celles de Cana mais celles où l’agneau de Dieu s’est donné en amour pour la multitude.

L’évangéliste nous dit dans ce récit des noces de Cana que le marié a gardé le meilleur vin pour la fin. « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »

« Tu as gardé le meilleur pour la fin. » Tel est bien le cri ou le baiser d’amour que le Fils bien aimé est venu partager à l’humanité son épouse et à chacun de nous. Le meilleur est pour la fin ! Le meilleur est devant, est en train d’advenir et nous sera servi au moment où nous aussi, achevant notre existence en cette chair, nous serons accueillis pour toujours par Celui qui nous a faits pour Lui.

Je suis en train de lire les lettres des catéchumènes qui seront baptisés à Pâques prochain. Et j’accueille combien s’éveille en eux la joie de se savoir aimés par Celui dont ils viennent de découvrir la présence et la lumière intérieures, Celui qui invite à l’intimité et à la communion. « Je suis aimé de Dieu », comme les noces d’ici-bas ne sont qu’une pale mais réelle image.

Et Marie est là pour soutenir notre espérance, notre confiance, elle qui nous dit : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ». Elle sait ce dont elle parle elle qui a répondu à l’archange Gabriel : « Qu’Il me soit fait selon ta parole. » Elle qui a entendu le fils bien aimé lui dire du haut de la croix : « Femme, voici ton Fils. » Et elle passe son éternité à prendre soin de nous et à parler à son Fils des souffrances des hommes qui lui sont confiés. Avec fidélité elle parle de ce qui trouble les hommes en marche vers les noces éternelles et ne cesse de dire « Ils n’ont plus de vin. »

A son tour l’Église, telle une mère ne cesse de parler à Dieu des souffrances des hommes, de ceux qui sont éprouvés et de parler aux hommes de la fidélité de Dieu qui prépare les noces de l’agneau.

Oui Seigneur, nous te rendons grâce, « Toi qui as gardé le meilleur pour la fin. » Viens Seigneur Jésus, Viens. Nous t’attendons. Amen.

+Georges Pontier, administrateur apostolique de Paris

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