Homélie de Mgr Georges Pontier – Messe à l’occasion d’une journée de formation sur les Églises de rite oriental par l’Œuvre d’Orient
Forum 104 – rue de Vaugirard (6e) - Mardi 1er février 2022
Cette journée de formation à une meilleure connaissance des Églises patriarcales nous projette dans une histoire riche sous bien des aspects mais aussi très marquée par les événements de la vie des pays où ses membres ont vécu et vivent.
– 4ème Semaine du Temps Ordinaire — Année C
- 2 S 18, 9-10.14b.24-25a.30 – 19, 4 ; Ps 85, 1-2, 3-4, 5-6 ; Mc 5, 21-43
Cette journée de formation à une meilleure connaissance des Églises patriarcales nous projette dans une histoire riche sous bien des aspects mais aussi très marquée par les événements de la vie des pays où ses membres ont vécu et vivent. Il ne s’agit pas de faire la visite d’un musée mais de rejoindre des communautés confrontées à un témoignage à donner au Christ Sauveur dans des conditions souvent douloureuses. La dureté de la vie a souvent jeté sur les routes du monde des populations frappées par des guerres ou des évolutions politiques troublantes. Et voici que nous sommes devenus proches par notre foi commune et ce phénomène des migrations qui au gré des évènements a conduit sur l’ensemble du globe des fidèles désormais tiraillés entre leurs racines profondes et la dispersion qui fragilise et bouscule les transmissions. Ce sont les défis d’aujourd’hui, ceux qui sont à relever. Chacun s’efforce d’inventer de nouvelles appartenances, de nouvelles formes de vie alors que les contextes ont tellement changé. Ce défi pastoral est énorme. Il s’écrit, pas à pas, au gré de nos fidélités et de nos limites. Vous les prêtres de ces Églises patriarcales vous avez été envoyés pour accompagner les fidèles de vos Églises dans des situations nouvelles et des soutiens à inventer. Et nous, membres de l’Église latine nous avons besoin de mieux connaître votre histoire et de mieux comprendre ce qui vous arrive. Nous savons tous qu’il nous faut puiser dans les ressources de notre foi chrétienne les inspirations nécessaires pour être des témoins de l’amour de Dieu, universel, gratuit, généreux, fidèle.
Aussi est-il bon de nous mettre à l’écoute de la parole de Dieu, celle qui s’exprime dans la parole transmise, celle qui s’exprime dans les traditions de nos Églises, celle qui nous vient de l’écoute de la page de l’histoire du salut que Dieu écrit dans ce temps qui est le nôtre. Les textes que nous venons d’entendre dans la liturgie de ce jour nous parlent de situations bien concrètes, celles d’hommes et de femmes confrontées aux fragilités de leur vie en leur temps. David confronté à un drame politique et familial, Jaïre au drame d’un père touché profondément par la grave maladie de sa fille et une femme perdue dans la foule, perdue surtout par l’épreuve de sa maladie dont personne n’arrive à la soulager. David va puiser dans son expérience de la fidélité de Dieu malgré ses péchés pour résister à la joie passagère de la vengeance et faire confiance à la fidélité de Dieu. Jaïre va vivre l’humilité de celui qui s’en remet à un prophète naissant pour sauver sa fille et la femme perdue dans la foule touche le vêtement de Jésus espérant être guérie sans être reconnue.
A chacun d’une manière adaptée, c’est l’expérience de la fidélité et de la miséricorde de Dieu qui va permettre de traverser l’épreuve et de poursuivre sa route. Les mots de Jésus adressés à la fille de Jaïre ou à la femme guérie sont forts et demeurent pour nous des paroles de vie : « Jésus saisit la main de l’enfant et lui dit : « Talitha Koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » Et nous entendons là la parole qui réveille de la mort et rend la vie, celle qui nous est promise. Et à la femme atteinte d’hémorragie Jésus dira : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. » La foi, la foi comme un grain de moutarde, la foi qui déplace les montagnes et qui triomphe de toute peur.
Notre défi commun est surement de nourrir la foi des uns et des autres, la foi en Jésus le Christ, dont nous avons éprouvé dans nos histoires respectives la fidélité et la beauté. N’oublions pas le risque qui nous poursuit, celui de faire porter à Dieu ce qui vient de nos fragilités et de s’éloigner de Lui au risque de nous perdre.
Alors il nous dira comme aux disciples troublés : « Vous aussi, voulez-vous me quitter ? » Puissions-nous lui répondre avec nos communautés, et nos familles : « Mais, Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » (Jn 6,68
+Georges Pontier, administrateur apostolique de Paris