Homélie de Mgr Georges Pontier - Messe de la Journée mondiale de la Vie consacrée à Saint-Germain l’Auxerrois
Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Mercredi 2 février 2022
Cette fête de la présentation de Jésus au Temple est bien la fête de la lumière, de la lumière intérieure, celle que l’Esprit-Saint fait rayonner dans le cœur des croyants qui se laissent éclairer par elle.
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– Présentation du Seigneur au Temple – Année C
- Ml 3, 1-4 ; Ps 23 (24), 7, 8, 9, 10 ; Lc 2, 22-40
Marie et Joseph en venant au temple accomplir les prescriptions de la loi prévues pour le quarantième jour suivant la naissance d’un premier-né, afin de le consacrer au Seigneur, ne se doutaient pas de ce que cette démarche allait provoquer en eux : « Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui. » Le vieillard Syméon et la femme prophète, Anne, pas plus ! C’est l’Esprit qui les a convoqués à venir au temple pour accueillir et révéler la lumière qui jaillit de l’enfant qui y est présenté. Syméon reçoit l’enfant dans ses bras et bénit Dieu avec les paroles que nous redisons chaque soir dans l’office des complies : « Mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. » « Lumière né de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu », dira le credo de l’Église.
Cette fête de la présentation de Jésus au Temple est bien la fête de la lumière, de la lumière intérieure, celle que l’Esprit-Saint fait rayonner dans le cœur des croyants qui se laissent éclairer par elle. Accueillir, voir, reconnaître en cet enfant de Marie le Dieu fait homme, celui qui vient chez les siens. « À ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ceux-là ne sont pas nés du sang ni d’un vouloir de chair ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu » écrira l’apôtre Jean dans le prologue de son Évangile.
Il n’est pas étonnant que l’Église ait fait de cette fête celle de la vie consacrée, celle de la vie religieuse. Les cierges allumés sont pour nous le signe de la lumière intérieure qui brille dans le cœur des croyants, dans le cœur des baptisés, comme le signifie le rite de la lumière le jour de notre baptême. Mais d’une manière particulière nous comprenons que la lumière du Christ a brillé et brille d’une manière spéciale dans le cœur des consacrés qui ont entendu l’appel à consacrer leur vie à la suite du Christ dans une forme de vie qui favorise l’offrande de leur être à l’œuvre d’amour que l’Esprit veut bien y accomplir. Ils s’y engagent pour leur propre bonheur mais aussi pour proclamer que « le cœur de l’homme est sans repos tant qu’il ne demeure en Dieu », selon les paroles bien connues de saint Augustin.
Ce soir nous rendons grâce pour le don si riche et si varié de la vie consacrée dans notre Église. Ses formes en sont diverses. Elles se renouvellent au gré du don de l’Esprit qui saisit telle ou tel fondateur, telle ou tel baptisé pour une vie vécue sous le signe de la pauvreté, de la chasteté, de l’obéissance, de la mission, signes du désir de ne faire que la volonté du Père plein de bienveillance, de bonté et de beauté.
L’expérience chrétienne est bien celle d’une lumière intérieure qui vient éclairer les obscurités de nos existences pour y faire briller l’appel à une vie vécue dans la foi en Celui qui est à l’origine de toute vie, et qui est le Dieu du don, le Dieu généreux en toute fidélité, le Dieu d’amour. Cette lumière nous fait reconnaitre en Jésus de Nazareth, en cet enfant que le vieillard Syméon prend dans ses bras, Dieu fait homme pour notre salut, Celui qui dira : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Je suis la lumière du monde. » Et Syméon ajoutait à l’adresse de Marie : « Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive- ; ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. » Marie, au pied de la croix, Marie enveloppée par les ténèbres de la méchanceté et de la faiblesse humaines, par les ténèbres du péché, sera là et se laissera éclairer et apaiser par Celui qui croisant son regard lui laissera entendre la paix qui l’anime : « Entre tes mains, je remets mon Esprit. » Et voilà qu’à la suite de son Fils elle portera seule l’espoir des hommes.
Chers frères et sœurs, prions ce matin pour notre Église, pour notre grande famille des baptisés. Laissons-nous éclairer par cette lumière intérieure qu’est le Christ, son Esprit, cette lumière intérieure qui se manifeste en nous par des grâces diverses et adaptées qui nous soutiennent, nous orientent, nous font porter des fruits de lumière et d’amour. Comme Marie, ayons une confiance filiale en Celui de qui vient tout ce qui est et tout ce que nous sommes. Ne cherchons pas ailleurs qu’en Lui la lumière qui éclaire, la parole qui réconforte, la présence qui soutient. Ne nous laissons pas éclairer par d’autres lumières qui peuvent avoir un attrait plus vif. Mais à vrai dire, elles brillent et aveuglent mais ne peuvent dissiper les ténèbres de notre condition humaine.
Rendons grâce ce soir pour Jésus Le Christ, pour la lumière intérieure qu’il répand dans nos cœurs par le don de son Esprit. Rendons grâce pour le don de la vie consacrée sous ses diverses formes qu’il donne à son Église. Prions-le : Qu’Il nous donne la lumière de l’Esprit pour le reconnaître présent dans sa Parole de vie, dans ce sacrement du corps livré et du sang versé. Le reconnaître encore dans les vies données pour les autres, les vies vécues dans l’amour, dans la fraternité, dans sa suite à Lui qui disait à ses amis : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Le bon berger connait ses brebis, et pour elle il donne sa vie. »
Puissions-nous donner notre vie pour Lui et pour nos frères.
Il est notre salut, notre lumière. Il est notre vie.
+Georges Pontier, administrateur apostolique de Paris