Homélie de Mgr Georges Pontier - Messe en la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre (18e) - Dimanche 6 Février 2022
Osons la confiance en l’appel de Jésus-Christ.
– 5e dimanche du Temps ordinaire – Année C
- Is 6,1-8 ; Ps 137 ; 1 Co 15,1-11 ; Lc 5, 1-11
« Avance au large et jetez vos filets pour la pêche. » dit à Simon, Jésus qui vient d’achever d’enseigner la foule depuis sa barque. Simon lui répond : « Maitre, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » Simon n’a qu’une raison pour faire en plein jour ce qui n’a pas réussi toute la nuit qui est le bon moment pour pécher : c’est la confiance en la parole de Jésus. On est au début de la rencontre entre Simon et Jésus. Ils commencent à se connaître et Simon a pu voir la puissance de la parole de Jésus sur des malades, des possédés, sur un lépreux, sur sa belle-mère, même. Alors il ose faire confiance à la parole d’un charpentier qui ne connait pas le métier de la pêche, parce qu’il sait que sa parole est bien plus qu’une parole humaine, qu’elle a une puissance qui vient d’ailleurs. Et voilà que sa confiance et son obéissance à l’invitation de Jésus vont porter un fruit inespéré, bien au-delà de tout ce qu’il pouvait souhaiter. « Ils remplirent les deux barques. »
Alors Jésus peut lancer son appel : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Bien sûr que les premiers disciples de Jésus et l’Église, à leur suite, ont reconnu dans cette scène de l’évangile leur propre histoire, celle des baptisés que nous sommes qui faisons confiance à la parole de Jésus, qui mettons en lui notre confiance, qui savons que la fécondité est son affaire. Pour nous il s’agit de croire et de faire ce qui est en notre pouvoir : aller au large et jeter les filets ou plutôt semer la parole. C’est lui qui lui fera porter du fruit, un fruit bien au-delà de nos propres efforts.
Ce matin nous pouvons réentendre le Seigneur Jésus nous inviter à l’audace de la mission, nous inviter à « aller au large » et à oser semer la parole. Ce qu’il a demandé à Simon, à Jacques et à Jean, il nous le demande : la confiance en la puissance de sa parole et aussi l’oubli des raisons d’avoir peur de le faire. Cette confiance en la puissance de la parole du Seigneur, nous ne pouvons l’avoir que si, pour nous-mêmes, nous vérifions sa puissance en nos vies, que si nous prenons le temps de la lire, de la ruminer, de lui laisser porter son fruit. Cette parole n’agit pas sans nous. Elle agit en nous avant de pouvoir agir grâce à nous. L’apôtre Paul écrira aux Romains 10,8-9 : « La parole est près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur. Or, c’est la parole de la foi, que nous prêchons. Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car c’est en croyant du cœur qu’on parvient à la justice, et c’est en confessant de la bouche qu’on parvient au salut, selon ce que dit l’Écriture. »
Quand on accueille la parole dans son cœur, alors elle chasse toutes les peurs de la proclamer. On ne la dira pas de l’extérieur mais comme une parole qui a déjà produit son fruit en nous. Nous pourrons témoigner que ce que nous proclamons, nous l’avons déjà accueilli. Le missionnaire est d’abord un disciple.
Chers frères et sœurs, laissons-nous entrainer ou déplacer par le Seigneur, par sa confiance en nous pour que nous ayons grande confiance en Lui qui est le maître de la moisson, le verbe de vie, la parole qui sauve.
Écoutons-le nous redire aujourd’hui : « Avance en eau profonde, jetez les filets » « N’ayez pas peur : désormais ce sont des hommes que vous prendrez. » Il nous a choisis. Il monte dans la barque de notre vie, il nous pousse au large, il remplit notre barque d’hommes et de femmes qui, à leur tour viennent grossir la famille de ceux et celles qui reconnaissent en Lui Celui qui libère, Celui qui relève, Celui triomphe de la mort, parce qu’il est le Fils du Père qui nous aime. Prions aujourd’hui particulièrement pour les catéchumènes qui se préparent à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne dans nos paroisses et nos communautés.
+Georges Pontier, administrateur apostolique