Homélie de Mgr Georges Pontier - Messe à Saint-Léon à l’occasion des 75 ans de la consécration de l’église
Saint-Léon (15e) - Mercredi 9 mars 2022
- 1R 8, 22-23.27-30Ps 83 ; 1P 2, 4-9 ; Jn 4, 19-24
L’interrogation du roi Salomon lors de la consécration du temple de Jérusalem que nous rapportait la première lecture du livre des Rois peut demeurer la nôtre : « Est-ce que vraiment Dieu habiterait sur la terre ? Les cieux et les hauteurs des cieux ne peuvent te contenir : encore moins cette Maison que j’ai bâtie ! » La samaritaine que rencontre Jésus au bord du puits de Jacob prolonge le débat en interrogeant Jésus sur le lieu où l’on peut adorer Dieu avec certitude : les juifs disent que c’est au temple de Jérusalem et les samaritains prétendent que c’est sur le Garizim, leur montagne sacrée. Et Jésus de lui dire et de nous dire : « l’heure vient - et c’est maintenant- où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. » Il n’y a pas de meilleur lieu pour adorer Dieu que le fond de notre cœur là où se trouve l’œuvre et le chemin de l’Esprit de vérité. Le jour du Mercredi des Cendres l’évangile nous recommandait de « se retirer dans la pièce la plus secrète de la maison, de fermer la porte et de prier ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le revaudra. »
Nos lieux sacrés, nos églises ne remplacent pas le lieu privilégié de la rencontre de Dieu qui est le fond de notre cœur habité et purifié par l’Esprit. Mais ils nous permettent pourtant deux choses. La première est celle de nous rappeler par leur présence celle de Dieu. Ils servent comme une médiation de l’appel à la rencontre, comme un rappel de la présence de Celui dont nous venons et vers qui nous allons. Et l’histoire sainte de l’humanité nous montre la permanence de lieux sacrés, signes de la gratuité de la présence bienveillante de Dieu. Nos églises sont bien des lieux où chacun peut se poser, se reposer et se laisser interroger par une présence qui se dit en ces lieux. N’est-ce pas dans une église, Saint -Augustin, que Charles de Foucauld a été remis dans la foi en Dieu présent au plus profond de son cœur. Et n’est-ce pas à Notre-Dame que Paul Claudel s’est converti ?
Le deuxième service que rendent nos églises est bien d’être le lieu où se rassemble une communauté de croyants pour célébrer leur foi, pour faire famille de Dieu, pour montrer que ce n’est jamais seul mais les uns avec les autres que Dieu vient en nous et fait des nous des enfants d’un même Père. Là se partage sa parole, Là s’accueillent les signes de sa présence. Là s’expriment les chants de joie ou de supplications qui habitent les hommes en marche vers leur maison d’au-delà de cette étape terrestre.
Le jour de la consécration de cette église ne fut pas un jour où on est venu admirer une construction nouvelle, mais ce fut le jour où des cœurs de croyants sont venus se réjouir auprès de Celui qui était leur foi et leur espérance. Dans le rite de consécration d’une église, il est un geste significatif : c’est celui du moment où l’évêque met l’huile sainte sur les douze croix qui rappellent la foi des douze apôtres, la foi des croyants qui donne sens à l’édifice qui les rassemble. L’apôtre Pierre ne disait pas autre chose à ses lecteurs quand il leur écrivait : « Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus-Christ.
Depuis 75 ans la beauté de cette église de Saint-Léon est portée par des croyants, des hommes et des femmes, des enfants et des jeunes qui sont venus et qui viennent proclamer : tout homme est une histoire sacrée, l’homme est à l’image de Dieu. Ils viennent entendre s’accomplir l’œuvre du Dieu qui leur dit : Tu es mon Fils, ma fille. Tes péchés sont pardonnés, Sois marqué de l’Esprit-Saint, le don de Dieu, Ceci est mon corps, mon sang pour toi et pour la multitude, Je suis la résurrection et la vie. » et bien d’autres paroles encore.
Alors oui, communauté chrétienne qui se réunit ici à Saint-Léon, entends l’apôtre Pierre, cette colonne de l’Église te dire aujourd’hui : « Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. » (1 P 2,9)
+Georges Pontier, administrateur apostolique de Paris