Homélie de Mgr Georges Pontier - Messe à Notre-Dame des Blancs-Manteaux

Notre-Dame des Blancs-Manteaux (4e) - Dimanche 13 mars 2022

Le moment de la croix peut ébranler, celui de la transfiguration permet d’espérer et de tenir.

– 2e Dimanche de Carême – Année C

- Gn 15,5-12.17-18 ; Ps 26,1.7-9.13-14 ; Ph 3,17 à 4,1 ; Lc 9,28b-36

Jésus prend avec lui sur la montagne Pierre, Jean et Jacques pour prier. Et voilà que pendant sa prière Jésus laisse apparaître le plus profond de lui-même qui ne se voit pas avec les yeux du corps durant cette vie mais seulement avec les yeux de la foi et ce que Dieu veut bien en faire connaître. Le visage de Jésus devint tout autre et son vêtement fut rempli de lumière. Avec lui viennent échanger les deux grandes figures de la foi juive, Moïse et Elie, Celui par qui la Loi de Dieu fut donné et Celui qui fut le prophète du Dieu caché qu’on reconnaît derrière le silence unique qui l’accompagne. Une voix se fait entendre, celle du Père qui dit : « Celui-ci est mon Fils, Celui que j’ai choisi. Ecoutez-le. » Jésus donne à voir le fond de son être. Et il le fait voir aux trois qu’il prendra avec lui de nouveau dans le jardin de Gethsémani, le jardin où il priera avant d’être arrêté, le jardin où des gouttes de sueur et de sang couleront sur ce même visage, tellement son épreuve sera grande pour demeurer dans la confiance et le don de lui-même. Ceux qui le verront ainsi auront besoin de se souvenir de ce moment où ils l’auront vu glorieux, pour tenir à leur tour dans la foi et l’espérance.
Jésus a voulu ce moment joyeux sur la montagne pour les préparer au moment douloureux et incompréhensible où ils le verront, arrêté sans se défendre, pardonner sans se venger, espérer sans douter. Le moment de la croix peut ébranler, celui de la transfiguration permet d’espérer et de tenir.

Ainsi en est-il de nos vies humaines : une alternance de moments éprouvants et de moments joyeux, des expériences de mort et d’autres de vie retrouvée. Ainsi en est aussi notre vie de foi : une alternance de moments où croire est facile et joyeux et d’autres où la foi en Dieu est éprouvée au point de douter de sa bienveillance ou de sa présence.

Je voyais avant-hier le film « Notre Dame brûle » qui va sortir mercredi. Moment tragique et terrible et moment au sein duquel, des hommes et des femmes ont risqué leur vie pour sauver la cathédrale. Moment où des fidèles priaient sur le parvis dans un combat où le désespoir aurait pu triompher de l’espérance. Je pense encore à ce terrible drame de la guerre en Ukraine où se côtoient le pire qui vient des luttes de domination et le meilleur dans les gestes de solidarité et de soutien entre les populations victimes de ces combats. Je pense encore à la famille du Père Hamel lors du procès des coupables de son assassinat qui vient de se terminer et au conflit intérieur entre la vengeance et le pardon, entre la condamnation et l’espoir dans le changement de vie des personnes coupables.

Ainsi notre vie humaine et notre vie de croyants ! Nous contemplons Jésus Christ que le Père révèle comme le Fils transfiguré au corps lumineux et nous contemplons aussi le Christ défiguré en qui triomphe le pardon supplié et la confiance renouvelé : « Père, Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » « Entre tes mains je remets mon esprit. »

Votre église de Notre-Dame des Blancs-Manteaux est confiée au patronage de Marie. Son histoire porte les traces de ce combat entre le bien et le mal, de cette succession de moments joyeux et d’autres douloureux. Aujourd’hui vous êtes la communauté chrétienne qui témoigne de sa foi en l’amour de Dieu qui va jusqu’au bout. Marie s’appuyait sur son expérience de l’annonciation et sur la présence de l’Esprit en elle pour tenir jusqu’au bout et se tenir, confiante et douloureuse, au pied de la croix où mourait son fils selon la chair mais où allait entrer dans la gloire du Père Celui qui donnait son pardon et sauvait du désespoir, l’humanité déchirée.

Que la vierge Marie vous accompagne aujourd’hui dans votre vie de baptisés : Que vous soyez forts dans la foi et généreux dans la solidarité. Que votre espérance soit rayonnante.

+Georges Pontier, administrateur apostolique de Paris

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