Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Confirmations d’adultes à Saint-Sulpice

Samedi 3 décembre 2022 - Saint-Sulpice (6e)

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- Jo 3,1-5a ; Ps 103 ; Rm 8,22-27 ; Jn 7,37-39
D’après transcription

Ce jour de votre confirmation est évidemment un très beau jour que vous attendiez. Vous avez entendu dans l’Écriture d’aujourd’hui, aussi bien dans l’Évangile que dans la lecture du prophète Joël, que nous attendons le jour, le jour de Dieu, le jour où l’Esprit Saint sera répandu sur tous,le jour béni où les fils et les filles, les vieillards comme les jeunes gens, les serviteurs et les servantes prophétiseront. Cela ne veut pas dire qu’ils annonceront des choses extraordinaires de l’avenir qu’ils ne connaissent pas, mais cela veut dire qu’ils parleront au nom de Dieu. Ils parleront avec dans leur bouche le goût de Dieu à transmettre aux autres. Nous attendons ce jour béni où vos fils et vos filles prophétiseront, où les vieillards comme les jeunes gens, les serviteurs comme les servantes annonceront quelque chose qui vient de la part de Dieu. Nous attendons le jour béni, aussi, où tous les regards seront tournés vers Jésus et attendront de sa parole, du don de sa vie, l’Esprit qu’il a promis, l’Esprit qui nous renouvelle, l’Esprit qui nous fait renaître, l’Esprit qui nous introduit dans la joie de Dieu.

Nous attendons le jour promis aussi, où la création tout entière sera libérée du péché et du mal, où le monde sera complétement renouvelé. Ce jour que nous attendons dans les gémissements, comme dit saint Paul, ce jour viendra, pour nous, hommes et femmes, pour la création tout entière au milieu de laquelle nous vivons. Et nous savons qu’elle souffre, cette création, cette terre, cet univers dans lequel nous sommes et que nous maltraitons. Nous attendons le jour béni où le monde sera tout-à-fait renouvelé, où nous serons dans une relation apaisée avec ce monde.

C’est un grand bonheur qui habite notre cœur et que le Parole de Dieu entretient en nous, parce que nous avons une vraie espérance qui traverse nos cœurs, nos âmes, nos corps aussi. Nous attendons ce jour béni.

Ce jour, frères et sœurs, pour vous confirmands, pour vous aussi qui allez communier pour la première fois, ce jour a commencé à luire, ce jour a commencé à briller dans vos vies, et je vais vous dire comment. Plus exactement, c’est vous qui me l’avez dit dans les lettres que vous m’avez écrites. Ce jour a commencé à briller dans votre vie quand un ami, une amie, un conjoint ou un futur conjoint, a tourné vos regards vers l’Église, vers le Christ, parfois vers la Vierge Marie, et vous a conduits jusqu’ici, dans cette église ou dans une autre pour que vous trouviez au fond de vos cœurs, et dans ce regard transformé, l’amour, la paix, le salut. Ce jour, il a commencé à briller quand vous vous êtes dit : non, je ne suis pas trop âgé pour demander la confirmation ; non, je ne suis pas empêché parce qu’il y aurait eu dans ma vie un obstacle, une difficulté, une irrégularité au regard de la loi de l’Église. Ce jour a commencé à briller quand vous vous êtes dit : ma famille est loin d’ici, je suis peut-être un peu exilé, je suis un peu trop seul mais Jésus-Christ est là pour moi aussi, dans ce pays-ci, et je peux le rencontrer. Ce jour a commencé de briller quand vous vous êtes dit, peut-être : non je ne suis pas empêché de faire cette démarche sous prétexte que ma famille ne m’y a pas, jusqu’à présent, initié, ne m’a pas proposé de connaître le Christ, et ne le connaissait pas, parce que dans ma famille on est athée, agnostique, parce que l’on est aussi d’une autre religion, d’un autre culte. Ce jour a commencé à briller dans votre vie comme cela.

Ce jour a aussi commencé à briller quand vous avez découvert qu’il y avait des choses plus profondes à vivre que ce que vous viviez jusqu’alors. La vie n’était plus devenue une simple succession de jours qu’il faut remplir, mais vous vous êtes dit, un jour : dans la vie, il y a des choses très profondes à vivre, avec les autres. Ce jour a brillé lorsque vous êtes sortis faire, avec d’autres, des maraudes dans la ville, pour vous approcher des plus pauvres, des plus délaissés de l’existence. Ce jour a brillé lorsque vous avez rencontré quelqu’un avec qui partager des moments profonds de votre vie et des mouvements intérieurs profonds. Vous vous êtes trouvés dans une équipe, dans un petit groupe, et vous avez pu partager ce qui habitait votre cœur, alors ce jour-là a brillé déjà en vous. Ce jour a brillé aussi quand vous vous êtes mis à prier, quand vous avez vu quelqu’un prier et que vous lui avez dit : que fais-tu pour prier ? Comment fais-tu pour prier ? Montre-moi, dis-moi, apprends-moi, je voudrais prier avec toi, parce que j’ai mesuré que, dans ma vie, maintenant, il y avait une présence invisible, mais pourtant bien fortement implantée dans mon cœur, qui me fait vivre.

Le jour du Seigneur a brillé pour vous à toutes ces occasions. L’une de ces occasions pour l’un d’entre vous, l’autre pour un autre. Mais tout cela a été un commencement. Le jour a commencé à briller il y a quelque temps, quelques mois, quelques années peut-être. Votre démarche a pu être plus ou moins lente, plus ou moins longue, plus ou moins hésitante, mais le jour commençait à briller, le jour du Seigneur dans votre vie. Et le jour se concrétise aujourd’hui, ce jour est aujourd’hui où, du côté du Christ, coule l’eau vive qui est l’Esprit Saint donné par le Père et le Fils lorsque le Christ a donné sa vie sur la croix, lorsque le Christ, vainquant la mort, s’est montré vivant au milieu de nous. Ce jour a brillé aujourd’hui, il brille dans vos cœurs. Vous savez que c’est le jour de Dieu dans votre vie, que c’est le jour du Christ qui s’est révélé à vous. Le jour du Christ qui vous parle dans l’événement que nous vivons ; le jour du Christ dont, en cette semaine de l’Avent, nous attendons qu’il vienne au milieu du monde qui a parfois bien du mal à vivre, mais qui attend, comme vous, cette révélation du Fils de Dieu.

Ce jour, il ne suffit pas qu’il ait brillé dans votre vie il y a quelques mois, il ne suffit pas qu’il brille aujourd’hui et qu’il fasse de cette journée une belle journée. Ce jour, il continuera de briller dans votre vie demain, et les jours suivants, à condition que vous acceptiez de vous laisser encore transformer par la Parole de Dieu, que vous acceptiez de la lire et de la partager avec d’autres. Ce jour brillera si vous continuez de prier seuls ou avec d’autres, seuls et avec d’autres, dans l’Église. Ce jour continuera de briller si vous portez une attention soutenue aux autres, à ceux qui ont plus de mal que vous à vivre, à ceux qui ne savent pas encore pourquoi ni pour qui ils vivent, à ceux qui cherchent le chemin, à ceux qui sont sur le bord de la route. Ce jour continuera à briller si vous venez encore dans l’église, communier aux souffrances et à la vie du Christ qui est là au milieu de nous. Nous attendons avec impatience ce jour que Dieu prépare pour nous et nous savons qu’il a déjà commencé à briller. Il vient le Seigneur ; il vient l’Esprit qui habite en vos cœurs. Et ensemble nous marchons vers le Père de tout homme, vers le Père de tous, qui nous rassemble et qui nous ouvre son cœur aujourd’hui et demain.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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