Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe à Saint-Germain l’Auxerrois pour la fête du Séminaire et du Chapitre de la Cathédrale Notre-Dame

Vendredi 8 décembre 2023 - Saint-Germain l’Auxerrois (1er)

 Voir l’album-photos de la messe du 8 décembre.

– Immaculée Conception de la Vierge Marie

- Gn 3,9-15.20 ; Ps 97,1-4 ; Ep 1,3-6.11-12 ; Lc 1, 26-38

C’est une grande fresque que nous offrent les textes de la liturgie d’aujourd’hui : la grande fresque du combat contre le mal, contre le péché. Nous comprenons dans le Livre de la Genèse, dont nous avons lu un extrait tout à l’heure, comment est révélé à l’homme son péché, sa fermeture sur lui-même et ses propres intérêts, sa duplicité et son mensonge, son désir de paraître plus que d’être tourné vers celui dont il vient, celui qui l’a appelé à vivre, celui qui l’appelle à aimer, celui qui l’appelle à construire un monde de relations justes et fraternelles.

Voici que nous est révélé ce péché, mais c’est à la lumière de ce combat que Dieu mène avec nous et pour nous. L’apôtre Paul, dans la Lettre aux Éphésiens, nous le dit : nous sommes le domaine particulier du Seigneur. Et c’est cela qui nous permet de comprendre comment nous sommes défaillants. C’est parce que nous savons que nous sommes ce domaine particulier du Seigneur, que nous sommes appelés à être saints et immaculés devant Lui, que nous comprenons que s’est engagé un immense combat contre le mal qui règne à l’intérieur de nos cœurs et qui règne dans le monde. Un combat pour que l’homme apprenne à devenir ce fils aimé, cette propriété, ce domaine particulier du Seigneur ; ce combat qui cherche à instaurer en nous la sainteté, c’est-à-dire la façon d’être simplement touché par Dieu, et le fait d’être immaculé. Ô combien nous pouvons désirer ne pas être enfermés dans ce péché qui nous rapporte toujours à nous-mêmes, dans ce péché qui met de la noirceur dans notre existence, dans ce péché où nous ne considérons que nos propres intérêts, dans ce péché où nous sommes prêts à présenter un visage bien lisse alors que derrière il y a tant de duplicité, de mensonge ! Ce combat que le Christ mène avec nous, nous savons déjà qu’en la Vierge Marie il peut être gagné. C’est en effet par la grâce de Jésus, dans le don de sa vie, de sa mort et de sa résurrection, que nous avons appris que ce combat est gagné, et qu’il l’était déjà dans le cœur de la Vierge Marie. Combien elle a été simple devant Dieu, combien elle a été tout accueil de sa Parole, combien elle a été sans cesse tournée vers Lui et tournée vers son Fils, c’est-à-dire tournée vers nous tous !

Nous avons compris, nous avons vu, nous savons, parce que la grâce qui la touche est capable de nous toucher aussi et de nous faire désirer cette simplicité qui est en elle, cette pureté de cœur. L’Immaculée tout entière tournée vers Dieu, vers son Fils et vers nous, tout entière une et simple parce qu’elle appelle la Parole du Seigneur : « Qu’il me soit fait selon ta parole », dit-elle.

Alors c’est en la regardant, c’est en cherchant son visage, c’est en nous confiant à elle - comme les prêtres l’ont fait il y a trois semaines à Lourdes – c’est en se tournant vers elle et en attendant d’elle que nous puissions être inondés de la grâce qu’elle a reçue que nous savons que nous avançons. Et le combat qui se mène en nous pour que le bien que nous voulons, le mal que nous ne voulons pas, pour que le chemin du bien se fasse en nous, dans l’élimination progressive, avec la grâce de Dieu passée par le Christ et la Vierge sa mère, nous savons que ce combat peut être gagné. Nous savons que nous pouvons être purifiés, que nous sommes appelés à être simplifiés dans notre vie. Nous regardons la Vierge Marie et en nous se développe ce désir d’être simplifié.

Dans l’attente où nous sommes de retrouver la cathédrale dans un an, nous pouvons nous confier tout entiers dans la prière, nous pouvons nous confier tout entiers à la Vierge Immaculée, nous pouvons nous confier tout entiers à son Fils qui désire une seule chose pour nous, c’est que nous soyons rendus plus simples devant Dieu, acceptant que se fasse en nous ce qu’il désire, acceptant que la parole qu’il nous adresse prenne chair en nous. Nous entendons aussi Marie dire au serviteur à Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira ». La voilà l’Immaculée devant laquelle nous faisons monter notre prière pour qu’elle aille grâce à elle jusqu’à Dieu.

Voilà pourquoi, au cours de cette année, et à partir d’aujourd’hui, aussi souvent que possible et en tout cas chaque dimanche à la fin des messes, nous dirons cette prière pour les vocations que vous avez reçue et que nous dirons à la fin de cette messe-ci, dans le désir que naisse au fond du cœur de toute l’Église du diocèse de Paris, ce désir que toute vie, la nôtre en particulier, soit vraiment réponse à son appel. Et qu’au milieu de toutes ces réponses surgissent quelques réponses particulières pour que dans l’Église le Seigneur accorde les prêtres, particulièrement, dont il a besoin pour l’annonce de son Évangile, et pour l’espérance que le combat contre le mal soit vraiment gagné dans les cœurs des fidèles et de tous ceux qui cherchent le bien.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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