Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe de la Pentecôte à Notre-Dame de Paris
Dimanche 8 juin 2025 - Notre-Dame de Paris
– Solennité de la Pentecôte – Année C
- Ac 2, 1-11 ; Ps 103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34 ; Rm 8, 8-17 ; Jn 14, 15-16.23b-26
Puisque l’Esprit Saint nous est donné, tout particulièrement au jour de Pentecôte - à plus de 800 adultes hier dans l’église Saint-Sulpice et aujourd’hui à beaucoup d’adolescents dans un grand nombre de paroisses de notre diocèse - nous sommes assurés d’être invités à garder la Parole de Dieu, la Parole de Jésus, et à comprendre ce que cela signifie. Garder la Parole de Jésus, la laisser grandir en nous, laisser l’Esprit Saint nous la rappeler régulièrement, ce n’est pas seulement nous en souvenir comme des proverbes, comme des petites phrases que l’on se répète, mais c’est se souvenir de ce qu’il a dit et de ce qu’il a fait. Ce qu’il a fait est aussi parole. Les événements de sa vie terrestre, jusqu’à son ascension et jusqu’au don de l’Esprit Saint aux apôtres, ces événements qui mélangent parole et action, sont ceux que nous essayons de retenir et que l’Esprit Saint met dans notre cœur, de telle sorte qu’à chaque moment de nos existences ils nous travaillent, ils nous investissent et que nous le connaissions si bien par le cœur que nous puissions chercher à suivre le chemin de Jésus grâce à eux. Garder la Parole grâce à l’Esprit Saint ce n’est pas simplement se souvenir de quelques mots, c’est se souvenir de tout le mystère de Jésus, Fils de Dieu, de Jésus qui nous fait nous-mêmes enfants de Dieu puisque nous sommes ses frères et ses sœurs, de Jésus qui veut habiter en nous.
Voilà ce que c’est que garder la Parole de Dieu, garder ce que Jésus a dit et fait tout au long de son passage sur la terre et qu’il continue de faire avec nous, et qu’il nous invite à vivre avec lui.
Ainsi nous entendons que le Père et le Fils viennent habiter chez nous, viennent habiter en nous. Cela veut dire que nous croyons que l’Esprit du Christ, l’Esprit qui habite en Jésus, qui a habité en Jésus, homme ayant vécu au milieu des hommes, cet Esprit-là habite en nous pour nous transformer. L’Esprit même de Jésus c’est l’Esprit de la vie et de la résurrection. Nous savons que la vie dont nous disposons est un don de Dieu, nous savons qu’elle nous prépare à la vie avec Dieu pour toujours, comme un vrai don définitif, et ce don définitif commence aujourd’hui : il nous apprend à espérer sans cesse, à persévérer au milieu des difficultés, des épreuves de la vie personnelle, des épreuves du témoignage de la foi qui n’est pas toujours si facile, des épreuves de la vie difficile du monde dans lequel nous sommes, de la vie traversée par bien des malheurs, par bien des violences, par bien des actes de domination de certains sur d’autres. Voilà ce dont nous sommes libérés : nous ne pouvons pas croire que nous resterons enfermés dans ces maux qui troublent la vie des hommes, de tous les temps. Qui troublent aussi la création même du monde qui est promise à un vrai renouvellement. L’Esprit qui nous traverse, l’Esprit de Jésus, est l’Esprit de la résurrection qui nous fait croire que, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu et que ce que nous espérons commence déjà à se réaliser dans le monde d’aujourd’hui. C’est-à-dire l’Esprit même de la paix que le Seigneur met dans nos cœurs pour qu’il fructifie tout autour de nous.
Alors nous sommes invités aussi à croire, avec cet Esprit, qu’il est donné partout et à tous les hommes, et dans toutes les langues, qu’il est capable de se faire comprendre. C’est une grande joie de constater que vingt siècles d’histoire chrétienne manifestent l’Évangile du Christ à tous les hommes. Sous toutes les latitudes, dans toutes les cultures, des hommes et des femmes ont été touchés par ce message, par cette présence du Christ, par cette présence du Christ et de son Esprit. Nous sommes remplis de gratitude à l’égard de l’Esprit de Dieu qui se répand sur toute la terre, nous ne sommes jamais nous-mêmes tout seuls dans l’immense aventure de l’Esprit Saint vécue au milieu des hommes.
Et voilà qu’aujourd’hui je voudrais simplement rappeler quelques-uns des faits qui se sont passés dans cette cathédrale depuis six mois, pendant cette période que j’avais appelée « période de la réouverture de Notre-Dame ». Après cette réouverture qui a été vue par le monde entier - et j’en ai eu bien des témoignages - le 7 et le 8 décembre dernier, il y a eu d’abord une très belle semaine, une octave, comme on le fait régulièrement à propos des grandes fêtes dans la vie de l’Église : pendant huit jours on continue de célébrer le même événement. Eh bien, pendant cette octave, se sont présentés dans cette cathédrale tout ce qui constitue profondément la vie de l’Église du diocèse de Paris : les prêtres, les diacres, les laïcs en mission, les religieux et les religieuses, les donateurs de fonds pour la restauration de cette cathédrale, les jeunes, les malades et handicapés, les personnes en précarité, les employés de l’Église et puis tous ceux qui y ont travaillé, tous les artisans, tous les corps de métier, et sans oublier les pompiers qui avaient combattu le feu. Tous ces gens se sont retrouvés, chacun pour une messe dans cette cathédrale, et puis bien d’autres groupes durant cette semaine aussi.
Et ensuite nous avons célébré Noël pour la première fois dans cette cathédrale restaurée, et cela a été aussi un moment extrêmement beau.
Pendant tout le temps de la réouverture jusqu’à Pâques il y a eu la possibilité de vénérer chaque semaine la Sainte Couronne d’épines qui est ici dans son reliquaire.
Et, au début de janvier, l’ouverture de l’année jubilaire avec la messe des Nations, puisque vraiment, dans cette cathédrale, tous les peuples de la terre peuvent se trouver bien et aiment à y venir.
Dans cette cathédrale nous avons également appelé les catéchumènes, extrêmement nombreux, le premier samedi du carême : 672 adultes et plus de 250 jeunes adolescents qui demandaient le baptême. Nous avons vécu la Semaine Sainte, bien sûr, et le mystère de Pâques, dans cette cathédrale, avec grande joie.
Et puis nous avons eu quelques événements qu’on appelle des évènements de la vie. Nous avons, durant deux soirées, eu des temps de prière pour le repos de l’âme du pape François puis pour l’élection du pape Léon XIV, dans cette cathédrale, avec les jeunes, les étudiants, les jeunes professionnels du diocèse de Paris qui avaient prévu de se retrouver à la date où nous avons fêté l’élection du pape Léon.
Et enfin, tout dernièrement, il y a une quinzaine de jours, dans cette cathédrale, une veillée de prière pour la vie avec tous les évêques de l’Île-de-France.
Voilà quelques événements qui ont été ici vécus pendant ces six mois et qui ont marqué la réouverture.
Je ne peux pas oublier de marquer aussi la présence si souvent répétée de la maîtrise, de la musique, des organistes, plusieurs centaines de moments chantés dans différentes formations de la maîtrise : avec les chœurs, les solistes, le chœur des enfants, le chœur des adultes. La maîtrise a été comme d’habitude extrêmement présente pour en chanter cette cathédrale et permettre à chacun de ceux qui la fréquentent de rendre grâce à Dieu.
Il y a eu évidemment des millions de visiteurs qui se sont pressés ici. Ils sont des visiteurs et, pour un certain nombre, désirent entrer ici non seulement pour voir mais pour participer à la prière, être là pour rendre grâce à Dieu pour leur propre vie et implorer pour la vie du monde tout entier.
Un certain nombre de concerts, des visites de personnalités bien sûr, mais beaucoup de prières personnelles, dans les chapelles, devant la Sainte Couronne d’épines, devant la clôture du chœur où sont rapportés les événements de la vie du Christ, et devant le Saint-Sacrement qui est ici à l’ancien autel majeur. Et puis des pèlerinages, des pèlerinages diocésains, des pèlerinages de paroisses : cette cathédrale a été faite pour qu’en en faisant le tour on puisse se remémorer et garder dans son cœur l’essentiel de l’histoire du Salut que Dieu veut pour l’humanité, que Jésus est venu nous montrer et que l’Esprit Saint maintient vivante dans nos cœurs.
Voilà ce que nous avons vécu. Je n’oublie pas non plus, pour terminer, que beaucoup de ceux qui entrent ici en visiteurs deviennent des priants et aussi entrent dans les confessionnaux pour demander au Seigneur sa miséricorde. Les confessionnaux qui sont juste ici, au bout des deux nefs avant d’entrer dans le transept, sont très utilisés. Beaucoup de personnes viennent et avouent devant le Seigneur leur désir de revenir à Lui. Souvent beaucoup ne se sont pas confessés depuis longtemps mais le sacrement de pénitence est ici vécu avec beaucoup de force, avec beaucoup de dignité, avec beaucoup de désir de rentrer dans la vie du Seigneur, de lui rendre grâce : c’est l’œuvre de l’Esprit Saint qui s’est accomplie dans cette cathédrale depuis six mois. Nous prions pour que cela continue, pour que tant et tant de personnes qui viennent ici trouvent dans ce lieu un véritable havre de paix, de prière et d’espérance.
+ Laurent Ulrich, archevêque de Paris