Ils préparent l’économie de demain

Paris Notre-Dame du 18 juin 2020

Convoqué par le pape, l’événement L’Économie de François, initialement prévu en mars, a été reporté en raison du Covid-19. Les deux milles participants ont profité de ce report pour entamer leur réflexion commune.

Capture écran de la page YouTube de l’événement.
© D.R.

Elle a passé le début de son confinement dans son onze mètres carrés parisien à plancher sur sa thèse. Son domaine de réflexion : l’économie de la santé. L’objet de son étude : essayer d’analyser les conséquences économiques et sanitaires de facteurs environnementaux. Le soir, à 20h, Éléonore sortait pour applaudir le personnel soignant et les travailleurs les plus mobilisés en ce temps de crise. Sur son balconnet, elle a rencontré ses voisins, leur a parlé, a commencé à aborder les questions brûlantes du moment. Très vite, est arrivée, dans la discussion, la question économique. Une question qu’elle travaille, en profondeur, en parallèle de sa thèse. Comme deux mille autres jeunes entrepreneurs, économistes et autres « change makers », du monde entier, Éléonore œuvre à « réanimer l’économie ». Elle a répondu à l’appel lancé le 1er mai 2019 par le pape François et devait participer à l’événement intitulé L’Économie de François (voir dossier du PND n°1802). Mobilisant des jeunes penseurs autour d’experts en science économique, il avait pour objectif, selon le vœu du pape François, de « corriger les modèles d’une croissance incapables de garantir le respect de l’environnement, l’accueil de la vie, le soin de la famille, la justice sociale, la dignité des travailleurs, les droits des générations futures » et d’établir « un pacte pour changer l’économie actuelle et donner une âme à l’économie de demain » [1].

Prévu pour se dérouler à Assise (Italie), fin mars dernier, l’événement a été reporté en raison de la crise du Covid-19. Il devrait se tenir, toujours à Assise, du 19 au 21 novembre prochains. Mais ce report a été l’occasion pour ces jeunes de se mettre en route et de commencer la réflexion. « Il y a eu cette volonté, venue de l’équipe d’organisation de l’événement, que toute l’énergie mise en route ne retombe pas », explique Sophie Thiery, secrétaire de la Commission nationale du courant de vie et de pensée L’Économie de communion, l’un des organisateurs de l’événement. Une série de webinaires (conférences en ligne) articulée autour du thème Vers un monde meilleur après le Covid a été organisée via la page YouTube de L’Économie de François. Des intervenants y développaient un thème particulier : la philosophe canadienne, Jennifer Nedelsky, abordait la nouvelle organisation du temps de travail ; le prêtre brésilien, P. Vilson Groh, les défis de l’éducation, la justice sociale et l’écologie intégrale ; l’économiste et éditorialiste britannique Kate Raworth, la conception d’une économie régénérative et distributive… Des contenus qui ont précieusement enrichi la réflexion des jeunes économistes invités, par ailleurs, à commencer à travailler dans leur « village » (entendre groupe) constitué de près de soixante-dix personnes du monde entier. « Nous sommes reliés via un groupe WhatsApp, explique Éléonore. Et chacun d’entre nous a une mission particulière. » Évidemment, la crise du Covid, et ses conséquences économiques, ont été abordées. Mais pas outre-mesure. « Nous ne sommes pas étonnés », souligne Éléonore. « Cette réflexion sur une économie plus juste, plus humaine et éthique, apparue pendant le confinement, nous la menons déjà depuis de nombreuses années, ajoute Sophie Thiery. Mais ce contexte donne encore plus de sens à un événement comme L’Économie de François. Celui-ci apparaît aujourd’hui providentiel. »

Isabelle Demangeat@LaZaab

[1Lettre du pape François pour l’événement
« Economy of Francesco », 1er mai 2019.

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