« L’héritage de Thérèse est inexplicable et nous dépasse »
Paris Notre-Dame du 11 janvier 2024
Le dimanche 7 janvier a vu se clôturer l’année jubilaire célébrant le 150e anniversaire de la naissance de Thérèse Martin, le 2 janvier 1873, et le 100e anniversaire de la béatification de sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus de la Sainte-Face, le 29 avril 1923. Une année riche en événements sur laquelle revient le P. Emmanuel Schwab, recteur du sanctuaire de Lisieux depuis septembre 2023.
Paris Notre-Dame – Quels ont été les moments marquants de ce double jubilé ?
P. Emmanuel Schwab – Ayant pris mes fonctions en septembre, je ne peux parler que de la seconde partie de cette année jubilaire. J’ai été particulièrement marqué par la vénération des reliques de sainte Thérèse, à l’occasion des fêtes thérésiennes d’octobre, qui a rassemblé de nombreux fidèles empreints d’une grande ferveur. L’essentiel des ossements de la sainte est conservé au carmel de Lisieux, dans une châsse peu accessible. À l’occasion du jubilé, ils ont été extraits et menés en procession, dans un grand reliquaire, jusqu’à la basilique du sanctuaire – ce qui a permis aux pèlerins de s’en approcher comme rarement cela leur est possible. Plusieurs reliquaires ont aussi parcouru paroisses, rassemblements de jeunes (dont les JMJ de Lisbonne), sanctuaires, diocèses, etc. Thérèse, par ses reliques, a donc continué de voyager… jusqu’au Vatican ! Le pape François avait même demandé qu’un reliquaire de Thérèse soit placé à ses côtés lors de l’audience générale du 7 juin place Saint-Pierre.
P. N.-D. – L’Unesco avait également choisi Thérèse de Lisieux comme figure française marquante pour l’année 2023…
E. S. – Tous les deux ans, l’Unesco s’associe à l’anniversaire de personnalités qui, par leurs œuvres et leur vie, continuent d’être des témoins de valeurs d’humanité et de paix. Sur la proposition, entre autres, du sanctuaire de Lisieux, la France a donc choisi de présenter la figure de Thérèse dont les écrits rayonnent toujours sur la vie spirituelle de millions de personnes. Le 27 novembre, a eu lieu une grande soirée dans les salons de l’Unesco, à Paris, en présence, notamment, de Philippe Franc, délégué permanent de la France auprès de l’Unesco, de Mgr Éric Soviguidi, observateur permanent du Saint-Siège, du P. François-Marie Léthel, consulteur du dicastère pour les Causes des saints et membre de l’Académie pontificale de théologie, et de l’ancienne ministre et députée Nicole Ameline. Ce colloque a permis de présenter la vie et l’œuvre de Thérèse dont Histoire d’une âme qui reste, après la Bible, le deuxième ouvrage le plus diffusé au monde !
P. N.-D. – Le thème de ce jubilé, Par la confiance et l’amour, apparaissait autant d’actualité que provocateur dans un monde en proie aux conflits et aux difficultés. Que nous apporte encore aujourd’hui la petite Thérèse ?
E. S. – Le pape lui-même a fait de ce thème les premiers mots de son exhortation apostolique du 15 octobre consacrée à sainte Thérèse, reprenant une phrase de la sainte : « C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour » (lettre n°197). « Par la confiance et l’amour » sont également les derniers mots manuscrits de Thérèse : « Ce n’est pas parce que le bon Dieu, dans sa prévenante miséricorde, a préservé mon âme du péché mortel que je m’élève à Lui par la confiance et l’amour. » Ces ultimes paroles résument sa « petite voie » : une confiance éperdue en Dieu qui sauve, fait vivre et conduit à l’aimer au-delà de tout. Pourquoi continue-t-elle ainsi de nous parler ? Il faudrait lui poser la question ! L’héritage de Thérèse est inexplicable et nous dépasse. À l’une de ses sœurs qui lui demandait : « Vous nous regarderez du haut du ciel, n’est-ce pas ? » ; elle avait répondu : « Non, je descendrai ! » Nous continuons de le constater au sanctuaire chaque jour par les récits de grâces et de miracles qui nous parviennent.
Propos recueillis par Mathilde Rambaud
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