« Le monde a besoin de Lourdes »
Paris Notre-Dame du 16 juillet 2020
Après sa fermeture inédite imposée par le confinement, le sanctuaire Notre-Dame de Lourdes (Hautes-Pyrénées) a rouvert progressivement, faisant face à des pertes économiques record. Le message de la Vierge de Massabielle, lui, n’a pas faibli sur les ondes ni à travers le monde. Le témoignage de Mgr Antoine Hérouard, délégué apostolique pour le sanctuaire.
Paris Notre- Dame – L’activité du sanctuaire de Lourdes a repris progressivement. Quel état des lieux faites-vous ?
Mgr Antoine Hérouard – Le sanctuaire a dû fermer brutalement en mars, pour la première fois de son histoire. Une épreuve, mais aussi un temps fort de prière continue menée par les chapelains et retransmis (messes, chapelets…) sur le site lourdes-france.org et la chaîne KTO, dont les audiences ont été démultipliées. Cette période a révélé le dynamisme pastoral du sanctuaire. Nous avons reçu jusqu’à deux mille intentions de prière par jour ; et environ cent trente mille au total, venues du monde entier. Cela a prouvé que le sanctuaire était présent à travers les continents, et qu’il était « fait » pour tous : riches ou pauvres, malades ou bien portants. L’internationalisation des pèlerins est d’ailleurs un phénomène croissant : le monde a besoin de Lourdes et Lourdes a besoin du monde.
P. N.-D. – Quelle est la situation économique du sanctuaire aujourd’hui ? Comment voyez- vous l’avenir à moyen terme ?
A. H. – La survie du sanctuaire n’est pas engagée, mais nous allons enregistrer une baisse des recettes de huit millions d’euros sur l’année. La reprise du travail y est, de ce fait, très progressive. L’économie de la ville de Lourdes est également fortement impactée : de nombreux hôtels et magasins n’ont pas rouvert. Le sanctuaire vit toujours de la générosité des fidèles, qui s’est manifestée par divers dons et participations en ligne. Mais la présence et les dons des pèlerins sur place nous manquent. Car ils contribuent à maintenir nos bonnes conditions d’accueil et à poursuivre certains travaux comme la rénovation du clocher de la basilique N.-D. du Rosaire. À ce jour, la fréquentation du sanctuaire augmente néanmoins. De quelques centaines de visiteurs mi-mai, nous en avons compté récemment cinq mille par jour, en semaine. Ce ne sont pas les foules habituelles de l’été mais c’est encourageant. Dans le cadre des restrictions sanitaires, nous accueillons les pèlerins individuels ou en petits groupes. Car les gros pèlerinages habituels ont dû être reportés pour impossibilité de déplacer des personnes malades, handicapées, âgées ou vulnérables au coronavirus. Cet été, nous accueillerons un pèlerinage national réduit, dont le point d’orgue sera la fête de l’Assomption, célébrée en présence du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège. Sa présence confirme l’attention du pape pour les sanctuaires et pour celui de Lourdes, comme lieux d’évangélisation et d’expression de la foi populaire.
P. N.-D. – Que souhaitez-vous dire aux pèlerins et aux diocèses de France ?
A. H. – Venez à Lourdes si vous le pouvez ! Et n’ayons pas peur : nous vivons ici les choses de façon paisible et dans la confiance. Le sanctuaire est là pour aider chacun dans sa démarche, selon le contexte. Sur place, malgré les restrictions et la fermeture des piscines, il est possible de poser les gestes aimés des pèlerins : se recueillir à la grotte, boire à la source, allumer un cierge… Nous accueillons aussi des délégations diocésaines en nombre réduit ; et nous accompagnons, via divers médias, tous les diocèses et les fidèles qui auraient voulu venir prier à Lourdes cet été. Si les conditions le permettent, des pèlerinages reportés auront lieu sur place après la Toussaint. Et nous espérons un retour à la normale pour l’été 2021.
Propos recueillis par Laurence Faure @LauFaur
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