Le théâtre, un levier pour s’approprier les Évangiles

Paris Notre-Dame du 3 juin 2021

Accompagné par une comédienne professionnelle et animatrice du Mouvement eucharistique des jeunes (MEJ), un groupe de collégiens de N.-D.-d’Espérance apprend, à travers le théâtre, à prendre confiance en eux et à grandir aussi bien dans leur foi que dans leur être.

Alexandra Jussiau, animatrice et comédienne de profession.
© Alice Papin

C’est présenter de multiples offrandes que d’observer la Loi. » Son smartphone entre les mains, Nicodème, en classe de 4e, débute avec entrain la lecture d’un passage du livre de Ben Sira le Sage (35, 1-15). Il s’est permis d’ôter son masque pour bien se faire comprendre des quatre autres collégiens, Maud, Yann, Rose et Loucas, qui participent comme lui à l’atelier MEJ Bible et théâtre organisé le 29 mai, à N.-D.-d’Espérance (11e). Déjà deux ans qu’un samedi sur deux, l’adolescent se rend en fin de matinée à cet atelier aux buts multiples : approfondir la Bible et d’autres textes spirituels grâce au jeu théâtral, partager et échanger en communauté et gagner en présence et en confiance dans son corps comme dans sa tête. Le fil rouge de l’année ? « Qu’as-tu fait de ton frère ? »
La lecture terminée de Ben Sira, de son propre aveu, Nicodème n’a pas tout compris. Silence dans la salle. Apparemment, les autres jeunes participants non plus. Pas de drame : le passage est relu. « Avez-vous des choses à dire sur ce texte ? Une idée ? », lance Alexandra Jussiau, l’animatrice, comédienne de profession. Les réponses sont plus vives. « Ça parle d’offrande, de sacrifice », note Maud. Après avoir échangé autour du sens de l’offrande, l’animatrice propose de préparer en binôme des sketchs d’improvisation théâtrale sur les différentes manières d’offrir. La salle prend vie. Même le curé de N.-D.-d’Espérance, le P. Antoine Guggenheim, se prête au jeu. Avec enthousiasme, humour et imagination, ils se mettent dans la peau de donneurs de sang, de sans-abri, de passants, de collègues de bureau, avant d’analyser les sketchs ensemble. Pari réussi pour l’animatrice : le groupe d’ados a compris que le sacrifice et l’offrande sont à leur portée. En 2021, pas besoin de sacrifier des animaux. Le vrai cadeau du cœur et de l’être, c’est de donner sans attendre de recevoir et Jésus en est l’incarnation. Les ateliers sont des ponts constants entre soi, les Évangiles et la société. « D’autres samedis, on a pu interpréter des personnages bibliques. Pour que notre jeu sonne juste, on est obligé de réfléchir à leurs actes et paroles, ce qu’ils ont vu, perçu et ressenti. Ainsi, on comprend mieux les Évangiles que l’on écoute à l’église, parfois sans y prêter attention », raconte Nicodème.
On sent une grande complicité entre les collégiens et l’animatrice, qui a un mot pour chacun. Durant les confinements, les jeunes ont réalisé des journaux télévisés « axés spiritualité » en visioconférence. Pour Maud, 13 ans, confinée avec sa famille, l’atelier constituait un break très appréciable, lui permettant de « retrouver durant quelques heures d’autres jeunes de [son] âge ». « De manière ludique, les séances permettent de développer des capacités relationnelles, d’être et d’être avec, de se construire et de gagner en liberté », analyse le P. Antoine Guggenheim. En mars, Alexandra Jussiau a organisé un stage intitulé Spirit-art de trois jours mêlant danse, théâtre et spiritualité auquel ont participé des paroissiens et des habitants du quartier, âgés de 16 à 86 ans. Une jolie proposition intergénérationnelle qui doit se poursuivre de façon régulière le week-end à partir du mois de septembre.

Alice Papin

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