Les Églises catholique et orthodoxe se rapprochent

Paris Notre-Dame du 22 mai 2014

Mgr Emmanuel, métropolite grecorthodoxe de France et président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France.
© 2012 Yoshi Shimizu

P. N.-D. – À Jérusalem, le 25 mai, le pape François et le patriarche œcuménique Bartholomée commémoreront la rencontre, en 1964, du pape Paul VI et du patriarche œcuménique Athénagoras. Pourquoi ?

Métropolite Emmanuel – Cet événement fut le point de départ officiel du dialogue renoué entre les Églises sœurs catholique et orthodoxe. En effet, pendant des siècles, leur séparation s’était nourrie de méconnaissance et d’ignorance. Elles ne partageaient plus la même histoire, elles vivaient dans des contextes linguistiques différents et leurs univers théologiques ne cessaient de s’affronter. La rencontre de 1964 fut centrale parce qu’elle les replaça l’une et l’autre dans une histoire commune. Paul VI et Athénagoras ont porté un coup décisif au mur de notre séparation, en plaçant au cœur de leur projet d’unité la communion par la charité. Car ce n’est que par la charité que nous pourrons dépasser nos différends historiques et théologiques encore présents.

P. N.-D. – Depuis 50 ans, comment ont évolué les relations entre ces deux Églises ?

M. E. – La levée des excommunications – qui dataient de 1054 –, en 1965, les visites régulières entre les sièges de Rome et de Constantinople, et le début du dialogue théologique officiel, en 1979, sont autant de facteurs de rapprochement qui participent à notre recherche commune d’unité. Aujourd’hui, des avancées sont encore nécessaires. La question théologique est un chantier majeur. Il faut noter l’importance des documents communs élaborés au cours des différentes rencontres. Le plus récent d’entre eux, le document de Ravenne, portait sur la question cruciale de la primauté, en 2007. Je suis convaincu que, par le dialogue, nous pourrons trouver des modes d’articulation permettant de dépasser tout exclusivisme. Est-ce à dire qu’il faut accepter de relativiser nos positions théologiques ? Je ne le pense pas. La théologie se veut un discours de vérité et une expérience de vie.

P. N.-D. - Quels sont les enjeux actuels de ce rapprochement ?

M. E. – Aujourd’hui, les catholiques et les orthodoxes échangent sur des sujets cruciaux, comme la place de l’évêque de Rome. Ce dialogue est aussi une vision de l’unité portée par des personnes charismatiques. Le pape François et le patriarche œcuménique Bartholomée sont de ces hommes qui, à l’instar de leurs prédécesseurs, voient et pensent loin, tout en gardant les pieds bien enracinés dans le réel souvent difficile de leurs contemporains. Leur prochaine rencontre du 25 mai est une manière forte et claire de redire l’engagement œcuménique des Églises catholique et orthodoxe, à l’heure où les replis communautaires font monter de nouveaux murs de séparation. Il s’agira aussi d’un moment fort pour témoigner de l’attachement de nos Églises à d’autres sujets comme la paix dans le monde, la protection de l’environnement naturel, la défense des valeurs traditionnelles de la famille, etc. Car, ensemble, nous témoignerons de l’Évangile. Ensemble, nos voix trouveront la puissance de l’Esprit Saint. • Propos recueillis par Céline Marcon

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« Rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien »

Paris Notre-Dame – 5 août 2025

« L’Église doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde. […] Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants. » Ainsi s’exprimait Mgr Vingt-Trois dans sa lettre Notre mission à Paris, publiée les premiers jours de son épiscopat parisien, ajoutant, quelques lignes plus loin, cette formule que personne n’a oubliée : « Nous devons chercher, dans notre travail pastoral habituel, comment nous pouvons rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien. » L’exhortation à cet élan missionnaire – pour lequel il avait défini quatre champs prioritaires, à savoir, la famille, la jeunesse, la solidarité et l’éthique – est le fil rouge de son ministère à Paris, en témoigne l’organisation des Assises de la mission, en 2008 et 2009, et les trois années placées sous le sigle de « Paroisses en mission », de 2009 à 2012, avec, comme point d’aboutissement, l’opération Avent 2014 qui permettra de déployer plus de 500 projets missionnaires durant le mois de décembre 2014. Son dernier programme pastoral diocésain, de 2015 à 2018, s’appuiera toujours sur la mission, autour des axes « Annoncer, partager, transmettre ». Entretien avec Mgr Bruno Lefèvre Pontalis, curé actuel de St-François- Xavier (7e), qui fut vicaire général du diocèse de Paris 2012 à 2016. Charlotte Reynaud

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