« Les vacances sont le moment du temps gratuit »
Paris Notre-Dame du 20 juillet 2023
Les vacances ont commencé pour bon nombre de Parisiens. Comment faire en sorte qu’elles soient un moment de ressourcement et de repos ? Et quel risque pouvons-nous prendre à les « remplir » par un grand nombre d’activités ? L’éclairage du P. Jacques de Longeaux, curé de St-Pierre du Gros-Caillou (7e).
Propos recueillis par Isabelle Demangeat @LaZaab
Paris Notre-Dame – Il y a une pression autour des vacances. Comme une injonction à ne pas les rater. Mais que signifie, fondamentalement, être en vacances ?
P. Jacques de Longeaux – Il y a en effet une tendance, qui a toujours existé, de raconter ses vacances, à la fin de celles-ci. D’en faire le récit, aujourd’hui, sur les réseaux sociaux. Dans notre culture actuelle, nous sommes jugés, évalués, à la quantité de choses que l’on fait. C’est vrai aussi dans les paroisses. Le réflexe est d’ores et déjà de prévoir ce qu’on va faire, ce qu’on va mettre en place à la rentrée. Peut-être serait-il judicieux et bon de nous interroger sur cette pente qui est notre capacité à vouloir faire plus. Dans un quotidien parisien sous tensions permanentes, les vacances sont utiles, nécessaires pour se détendre, se délasser, pour reposer le corps et l’esprit. Cela ne veut pas dire ne rien faire, rester avachi dans son fauteuil à regarder des séries mais avoir d’autres activités où on peut se détendre.
P. N.-D. – Quelle est la nécessité au niveau spirituel ? Après avoir créé le monde, Dieu choisit, le septième jour, de se reposer. Qu’est-ce que cela nous enseigne ?
J. L. – Notre vie sur terre est orientée vers le Ciel. Et dans la tradition biblique, judéo-chrétienne, nous sommes comme des pèlerins sur terre en marche vers notre demeure où nous pourrons nous reposer. Le repos en Dieu est en fait la suprême activité de l’homme. Le septième jour est comme une anticipation de cela. C’est un jour pour Dieu, un jour pour se consacrer à l’activité la plus élevée de l’homme, à savoir le culte de Dieu et l’amour du prochain. Le fait de pouvoir s’interrompre dans son travail manifeste également que nous ne sommes pas esclaves de notre travail, c’est une marque de liberté. C’est vrai aussi pour moi, comme curé de paroisse. Savoir se reposer est une vraie question spirituelle.
P. N.-D. – Que signifie justement le repos ?
J. L. – Il s’agit de trouver l’activité qui va vraiment nous détendre. Nous pouvons consacrer un vrai temps pour Dieu, dans une abbaye ou autre. L’expérience montre que la prière donne de l’énergie. Cela peut aussi passer par le type de lectures, de films, qu’on choisit ; trouver Dieu dans la nature, profiter du temps avec sa famille, des amis… Les vacances sont le moment du temps gratuit, l’occasion de ne pas être tout le temps dans l’efficacité, le profit, mais dans quelque chose de gratuit qui nous permette de vivre ce qui a de plus important, c’est-à-dire de cultiver la relation. Cela peut aussi être l’occasion, en prenant du recul, de faire le point sur sa vie. Pour cela, il est nécessaire de ne pas s’étourdir d’activités. De temps en temps, il est bon d’accepter un peu le silence, le vide. Parce que le risque est de rester toujours à l’extérieur de soi-même et de ne pas prendre le temps avec soi et avec autrui.
P. N.-D. – Comment savoir si nos vacances sont réussies ?
J. L. – Peut-être en sortant justement de la volonté de vouloir réussir ses vacances. Rentrer reposé et enrichi, par de nouvelles rencontres ou découvertes – d’une région, d’un livre… – est un bon critère. L’important est de trouver le lieu qui permet de se ressourcer et ainsi de retrouver l’énergie pour repartir dans la vie active. Nous soumettons notre corps à un rythme excessif et notre psychisme à beaucoup de tensions, de stress. L’idéal serait peut-être d’introduire, dans son rythme quotidien, un temps de repos ; de savoir se détendre chaque semaine.
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