Nativité de la Vierge : « Les nativités sont des fêtes des commencements »

Paris Notre-Dame du 8 septembre 2022

Maryvonne Gasse est vierge consacrée du diocèse de Paris. Elle revient pour nous sur le sens à donner à la fête de la nativité de la Vierge, fêtée le 8 septembre.

Maryvonne Gasse, vierge consacrée du diocèse de Paris.
© D.R.

Paris Notre-Dame – Que fête-t-on le 8 septembre ? D’où vient cette fête moins connue que celle du 8 décembre ?

Maryvonne Gasse – Effectivement, la nativité de la Vierge, fêtée le 8 septembre, est moins connue que l’Immaculée Conception, le 8 décembre, mais il y a un lien entre ces deux dates que chacun peut calculer : neuf mois les séparent. La date de l’Immaculée Conception – qui célèbre Marie conçue sans péché – a été précisément choisie neuf mois avant sa naissance. C’est l’occasion de rappeler que la fête de la nativité de la Vierge est bien antérieure à celle de l’Immaculée Conception. Les Écritures ne nous disent rien sur la naissance de Marie. Tout ce que nous savons vient du Protévangile de Jacques, qui affirme que Marie était fille d’Anne et Joachim et vivait à Jérusalem. La tradition nous rapporte qu’une église avait été érigée près de la maison dite d’Anne, à Jérusalem, et que l’anniversaire de sa dédicace, un 8 septembre, était commémorée chaque année, célébrant ainsi la nativité de la Vierge Marie. Au Ve siècle, cette fête s’est étendue à Constantinople, avant d’être instituée officiellement par le pape, au VIIe siècle.

P. N.-D. – Comment interpréter le fait que la nativité de la Vierge, dont on ne dit rien dans les Écritures, fasse partie des trois nativités fêtées dans le calendrier liturgique ?

M. G. – Ces trois nativités s’articulent autour d’un sommet, celle du Fils de Dieu. Elles ont en commun d’être toutes trois prodigieuses : Jean-Baptiste et Marie sont les enfants de deux mères stériles. Leur sainteté est éminente ! Jean le Baptiste est le dernier prophète ; Marie est porte du Ciel, « aurore du jour véritable », selon les mots de Jean Damascène. Les nativités sont des fêtes des commencements : elles nous renvoient à l’Espérance, à quelque chose de lumineux et à la ferveur des premiers instants. Cela nous permet de commencer l’année dans une espèce d’innocence, sous le manteau de la Vierge, qui nous rappelle que rien n’est impossible à Dieu. Je suis aussi très sensible à la façon dont la liturgie célèbre ces nativités, en respectant un rythme concret qui ne sort pas de nulle part : la naissance de Jean-Baptiste intervient six mois avant Noël, comme le disent les Écritures ; l’Annonciation est fêtée neuf mois avant Noël. Cela donne du réalisme à l’incarnation.

P. N.-D. – En tant que Vierge consacrée, quel est votre regard et votre rapport avec la Vierge Marie ?

M. G. – La Vierge, telle qu’on la contemple, est vierge, épouse et mère. Comme vierge consacrée, nous sommes aussi vierge, épouse et mère. La Vierge nous donne un modèle d’anthropologie d’exception : elle est un pur élan, une flèche d’amour et en même temps, elle est dans le devenir de la foi, comme nous. Son cœur est pur, son intelligence ferme et son âme droite, mais en même temps elle interroge le Mystère : « Comment cela se fera-t-il ? » Elle n’a rien refusé à Dieu, qui a réalisé son dessein sans obstacle. Elle est aussi épouse. C’est un modèle pour nous puisque nous recevons, lors de notre consécration solennelle, une alliance pour marquer que nous sommes spirituellement épouse du Christ. Elle est mère enfin : mère à la crèche – des pauvres et des petits – et mère au pied de la croix, par le « Ecce Mater tua » du Christ à saint Jean et à l’humanité souffrante. Elle est alors mère des blessés et des pécheurs. C’est un appel à prier pour les pauvres, les victimes, mais aussi pour les agresseurs et les coupables. Marie, au pied de la croix, reçoit en son coeur toutes les misères du monde, secours des affligés et recours des pécheurs. On doit laisser notre coeur se creuser pour porter toutes ces intentions de prière et les offrir au Christ. Notre vocation, comme vierge consacrée, est d’être, dans l’Église, celles qui adorent et qui enfantent dans la miséricorde, principalement par la prière.

Propos recueillis par Charlotte Reynaud

Et Dieu créa la femme, Maryvonne Gasse, préface de Jacques Trémolet de Villers, postface de Véronique Lévy, DMM, 2020, 156 p., 12,50 €.

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« Rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien »

Paris Notre-Dame – 5 août 2025

« L’Église doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde. […] Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants. » Ainsi s’exprimait Mgr Vingt-Trois dans sa lettre Notre mission à Paris, publiée les premiers jours de son épiscopat parisien, ajoutant, quelques lignes plus loin, cette formule que personne n’a oubliée : « Nous devons chercher, dans notre travail pastoral habituel, comment nous pouvons rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien. » L’exhortation à cet élan missionnaire – pour lequel il avait défini quatre champs prioritaires, à savoir, la famille, la jeunesse, la solidarité et l’éthique – est le fil rouge de son ministère à Paris, en témoigne l’organisation des Assises de la mission, en 2008 et 2009, et les trois années placées sous le sigle de « Paroisses en mission », de 2009 à 2012, avec, comme point d’aboutissement, l’opération Avent 2014 qui permettra de déployer plus de 500 projets missionnaires durant le mois de décembre 2014. Son dernier programme pastoral diocésain, de 2015 à 2018, s’appuiera toujours sur la mission, autour des axes « Annoncer, partager, transmettre ». Entretien avec Mgr Bruno Lefèvre Pontalis, curé actuel de St-François- Xavier (7e), qui fut vicaire général du diocèse de Paris 2012 à 2016. Charlotte Reynaud

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