« Notre album est un message d’espérance »
Paris Notre-Dame du 8 juin 2023
Le 9 juin, le groupe de reggae Les Guetteurs sort son nouvel album. Portant le nom de Roi, il tend à « faire aimer Dieu en témoignant de son amour », selon les mots de François-Joseph Ambroselli, “Fratoun”, chanteur, compositeur et créateur du groupe.
Paris Notre-Dame – Vous sortez votre nouvel album sept ans après l’ancien : Tatoué. Que s’est-il passé entre-temps ?
François-Joseph Ambroselli – J’ai dû gagner ma vie (rires) ! J’ai continué mes études, en histoire de l’art puis dans le journalisme, et suis entré au Figaro Hors-Série. Et je poursuivais Les Guetteurs. Nous faisions une quinzaine de concerts par an, dans des paroisses, des festivals, chrétiens ou profanes. Je continuais d’écrire et composer. Nous avons sorti, en 2021, l’EP Soleil noir, qui mariait reggae et électro… En 2022, j’ai ressenti une vraie fatigue. Et je sentais que, pour bien faire les choses, il fallait que je m’y mette à fond. J’ai décidé de quitter Le Figaro, cinq ans après y être entré, et suis parti faire le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Là-bas, j’ai vécu le dénuement. Ce fut un moment où je suis rentré en moi, où Dieu m’a mis à part, où il m’a creusé. Il m’a montré qu’il prenait soin de moi, par des petits détails. Au jour le jour, je sentais sa présence aimante à mes côtés. J’ai compris qu’Il était mon essentiel, et que je voulais, devais, transmettre son amour.
P.N.-D. – Pourquoi le faire par la musique ?
F.-J. A. – Parce que c’est ce que j’ai dans le cœur, ce qui me fait vivre, intérieurement. J’ai toujours écouté de la musique. Petit, j’étais un grand fan du groupe de reggae qui parlait de sa foi, Spear Hit. Cela m’a percuté et m’a donné envie de me rapprocher du Seigneur. Mon désir profond s’inscrit dans cette lignée. Il est de transmettre l’amour du Christ avec des paroles simples, poétiques. Nous partageons tous, dans le groupe, cet amour de la musique et cette conviction qu’elle permet d’abattre les murailles et de toucher plus facilement le cœur. La musique permet une adoration quasi-totale, parce qu’elle convoque énormément de sens, et l’intellect. En cela, elle rejoint Dieu.
P. N.-D. – Comment cet album a-t-il été pensé et créé ?
F.-J. A. – Je l’ai composé avant Saint-Jacques. Nous l’avons enregistré, avec le groupe, il y a maintenant un an. Mais il est tout de même le résultat de toute cette expérience. C’est une forme de voyage, de métaphore de la vie – dans toutes ses dimensions : la joie, la déception, l’espoir, la mélancolie – marquée par l’emprunte du royaume de Dieu. Il y a une chose qui ne bouge pas, qui ne change pas : c’est son amour pour nous. Aujourd’hui, la société est marquée par un profond désespoir. Il y a de plus en plus de suicides, de dépressions… Notre idée est de rappeler que nous sommes appelés à quelque chose de merveilleux : l’éternité. Notre album est un message d’espérance.
P. N.-D. – Votre pâte sonore y est toujours présente : reggae et voix frêle, voire diaphane. Ce qui donne un aspect presque paradoxal. Comme ce choix de proposer du « reggae chrétien »… Pourquoi ce paradoxe ?
F.-J. A. – Ce n’est pas si paradoxal que cela. Car si la culture rasta n’est pas chrétienne, elle possède en elle un univers biblique. Le reggae se marie plutôt bien avec la spiritualité. Beaucoup de chansons de Bob Marley sont adressées à Dieu. Les premiers grands groupes de reggae, comme Burning spear, portaient en eux une dimension eschatologique incroyable. Et puis, le reggae, c’est ce que j’ai envie, ce que nous avons envie, de faire. Cela répond à un désir profond. À un moment, il faut l’écouter ce désir profond !
Propos recueillis par Isabelle Demangeat @LaZaab
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