Parcours et vision de Mgr André Vingt-Trois : pour la solidarité envers les plus pauvres

Le cardinal Vingt-Trois n’a cessé d’inviter les catholiques parisiens à vivre la charité en approfondissant les liens avec ceux qui souffrent de solitude, dans la pauvreté et ceux qui sont dans la peine.

« On ne peut pas être témoin de l’amour sans se faire proche de ceux qui ne sont pas aimés, on ne peut pas être témoin de la joie sans se faire proche de ceux qui connaissent la tristesse, on ne peut pas être témoin de l’espérance sans se faire proche de ceux qui sont tentés par le désespoir. » (13 mai 2007)

Il demande la création, dans chaque paroisse, d’un pôle consacré aux actions de solidarité : « des équipes locales pour la solidarité » (3 décembre 2005). Les actions caritatives des paroisses se multiplient et évoluent pour répondre à de nouveaux besoins.

En 2006, de jeunes professionnels laïcs fondent l’APA (Association pour l’Amitié) afin de créer des liens entre personnes sans domicile et jeunes pros, en les faisant partager un logement. L’archevêque de Paris va encourager cette démarche en mettant à disposition un accompagnement pastoral et des logements. À la suite de l’APA sera également créé l’association Lazare, qui, comme l’APA, permet désormais à des SDF et de jeunes actifs bénévoles de cohabiter dans 8 villes de France.

En 2007, les paroisses de Paris sont invitées à participer au « Festival de la charité » organisé par le diocèse du 28 janvier au 5 février.

En 2008, l’archevêque encourage l’ouverture de locaux paroissiaux pendant la période de grand froid pour accueillir de manière fraternelle des personnes de la rue, et crée ainsi l’opération « Hiver Solidaire ». En 2016-2017, 24 paroisses ont participé et accueilli 166 sans-abris avec l’aide de plus de 2000 bénévoles.

De 2009 à 2013, un « forum de la charité » permet chaque année aux associations caritatives de Paris, paroissiens engagés et paroisses, de se rencontrer et d’échanger leurs expériences. L’archevêque de Paris profite de ces occasions pour remettre en perspective la démarche solidaire. Il encourage au déplacement de l’action caritative vécue dans toute l’Église de France, notamment depuis le rassemblement Diaconia 2013 à Lourdes : non pas seulement faire du bien à ceux qui en ont besoin mais aussi apprendre à recevoir d’eux, non pas aller vers eux comme ceux qui vont vers ceux qui n’ont pas, mais entrer dans une relation vraiment fraternelle et vivre ensemble.

« Participer à la solidarité c’est plus que donner de l’argent ou de l’attention. C’est apprendre à donner quelque chose de soi-même, ce qui nous est le plus précieux et le plus difficile à accorder : notre temps, notre attention ou notre présence aux autres. » (16 mai 2009)

« Aimer en acte et en vérité, c’est passer du rêve des choses extraordinaires à la réalité des choses ordinaires. C’est accepter de faire le peu que nous sommes capables de faire. C’est avoir la simplicité et l’humilité de donner vraiment ce que l’on peut de temps, d’attention, de disponibilité. » (10 juin 2010)

D’autres initiatives, nombreuses, sont prises par l’archevêque : organisation de pèlerinages par le vicariat diocésain pour la solidarité avec des personnes en grande fragilité, célébration de messes à Notre-Dame de Paris avec les personnes de la rue…

Ainsi, en 2016, le pèlerinage Fratello a permis à 600 personnes, en situation de précarité à Paris ou région parisienne, venues de paroisses parisiennes ou d’associations comme l’APA (Association pour l’Amitié), Aux Captifs la Libération, le Secours Catholique…, de rencontrer le Pape à Rome. De cette rencontre est née l’idée de célébrer une Journée nationale pour les pauvres, annoncée pour la première fois par le Pape le 19 novembre 2017. Le cardinal Vingt-Trois, soucieux de maintenir le diocèse dans cette dynamique, demande aux paroisses de Paris de se mobiliser.

Il s’investit personnellement dans la gestion et le développement de la Fondation Notre-Dame, reconnue d’utilisé publique, et qui a distribué en 2016, 2,9 millions d’euros d’aide pour l’éducation, la solidarité et la culture, pour 173 projets retenus.

« Mais la juste attitude à l’égard des biens de ce monde, celle qui ouvre à une véritable générosité et à une véritable liberté, vient de la certitude que nous perdrons ces biens, et qu’il vaut mieux les perdre en leur donnant du sens, plutôt que de les perdre sans qu’ils aient pris de sens. » (6 juin 2012)

Il s’investit également auprès des organisations caritatives catholiques lors de temps forts ou dates anniversaire. Ainsi, en juin 2006, il préside la messe anniversaire pour les 140 ans des Apprentis d’Auteuil ; en octobre 2006 et en mai 2016 il préside la messe anniversaire pour les 60 ans, puis les 70 ans du Secours Catholique ; en octobre 2007 il préside une messe pour les 20 ans de la Journée mondiale du refus de la misère ; en mars 2011 il préside une messe pour les 50 ans du C. C. F. D. - Terre Solidaire.

« Si nous voulons vraiment être des disciples de Jésus et construire notre maison sur le roc, si nous voulons être plus que des donneurs de leçon ou des activistes, nous devons concrétiser nos bons sentiments dans une conversion de nos manières de vivre qui s’appuie sur la Parole de Dieu. » (6 mars 2011)

« On n’a pas besoin de chercher très loin pour comprendre que nous ne pouvons pas mettre en œuvre l’Évangile sans nous laisser entraîner dans la dimension universelle de l’amour de Dieu et sans nous laisser convertir, non pas par notre vision du monde, mais par la vision du monde que les pauvres nous apportent en mettant à jour leurs besoins. » (25 mai 2016)

Sur la question des migrants et des réfugiés, le cardinal Vingt-Trois prend régulièrement position, notamment dans ses entretiens hebdomadaires avec Radio Notre Dame :

« Je ne peux qu’encourager les paroisses parisiennes qui se sont beaucoup impliquées dans ce travail [de l’accueil des migrants], à accentuer leurs efforts (...) pour constituer des équipes d’accompagnement qui peuvent aider les familles à se consolider » (6 janvier 2017)

« Si l’Europe a une identité particulière dans l’histoire du monde, c’est précisément parce qu’elle a été et parce qu’elle est toujours une terre d’accueil. » (13 janvier 2017)

Il se positionne également sur ce sujet dans d’autres interventions, comme ici lors d’une rencontre avec les diacres permanents du diocèse de Paris :

« Comment un pays civilisé qui se targue d’être un pays des Droits de l’homme peut-il prendre son parti que des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants vivent dans la rue ? Comment pouvons-nous imaginer que c’est normal ? (…) Je me réjouis que beaucoup de chrétiens à Paris soient fortement engagés dans ce travail auprès des pauvres, dans l’accueil des migrants, dans l’accompagnement des sans domicile fixe, dans l’approche des gens de la rue. J’espère qu’ils sont et qu’ils seront rejoints par de nouveaux soutiens et je pense que, c’est aussi une dimension du ministère diaconal d’être un soutien pour ces chrétiens, de les accompagner dans leur effort et de leur faciliter les choses autant qu’on peut » (15 janvier 2017)

Zoom sur « Hiver Solidaire »

En 2008, l’archevêque de Paris lance l’opération Hiver Solidaire. Depuis 10 ans, ce programme d’accueil pour les sans-abris (166 accueillis pendant plusieurs mois pendant l’hiver 2016-2017) s’étend et ce sont aujourd’hui 24 communautés paroissiales qui, chaque hiver, ouvrent leurs locaux accueillir des personnes sans abri et les accompagner sur un chemin de sortie de rue.

« Hiver solidaire », c’est un accueil fraternel et chaleureux des personnes de la rue pendant l’hiver. Chacune se voit offrir un lit dans un lieu chauffé, un dîner et un petit déjeuner pendant plusieurs semaines consécutives. Les personnes accueillies sont d’âge, de convictions religieuses variées et d’origine diverses, certaines sont en situation administrative précaire.

Chaque soir des bénévoles des paroisses se relaient autour de la table pour accueillir les mêmes personnes de la rue, souvent rencontrées dans le quartier. Ensemble, elles partagent le repas puis jouent aux cartes, se racontent et prennent un temps de détente dans une vie chahutée. Ces rencontres permettent de fédérer des solidarités et de mettre en place un réseau de proximité. Ce sont pour les personnes accueillies des moments de dignité retrouvée, pour les habitants d’un quartier c’est souvent une découverte qui convertit leur regard et change leurs relations avec les plus démunis. Ces échanges se prolongent dans la durée sous différents formats : dîners, fêtes paroissiales et même des liens d’amitié. C’est alors que dans un climat de confiance, des situations peuvent se dénouer.

Hiver Solidaire est une démarche soutenue par l’État : La DRIHL (Direction Régionale et Interdépartementale de l’Hébergement et du Logement) finance depuis 2013 deux travailleurs sociaux pour agir en complémentarité de l’action des bénévoles en aidant les personnes accueillies à avancer dans leur projet de vie.

Chiffres clés

  • 24 paroisses engagées en 2016 - 2017
  • 166 personnes accueillies
  • 2 200 bénévoles mobilisés

Homélies, catéchèses ou interventions sur la solidarité et la charité :

Cardinal André Vingt-Trois