Patient et soignant : deux êtres vulnérables à l’écoute
Paris Notre-Dame du 16 janvier 2014
P. N.-D. – Le Collège des Bernardins, à travers l’École Cathédrale, organise une journée Santé, éthique et foi, le samedi 25 janvier, sur le thème de « La vulnérabilité dans la relation soignante ». Pouvez-vous nous éclairer sur le contexte de cet événement et le choix de ce sujet ?
P. Brice de Malherbe – Cette journée est désormais inscrite dans la tradition de l’École Cathédrale depuis une vingtaine d’années. Elle s’adresse aux professionnels de santé qui partagent notre foi. Le thème touche à la relation patient-soignant. Quelles que soient les techniques de la médecine, rien ne remplace ce lien auquel il convient d’apporter une grande vigilance. Car il se crée facilement une dissymétrie naturelle entre le patient et le soignant. Un tel contexte conduit à des conflits si le soignant ne fait confiance qu’à ses connaissances et si le patient, de son côté, ne se calque que sur ses réflexes d’auto-défense ou ses recherches personnelles (des informations lues sur internet par exemple). Or, chacun est capable d’accepter sa fragilité. On constate alors qu’une alliance thérapeutique s’avère utile pour le bien du patient. Cette communion qui s’instaure entre les deux parties en présence conduit, qui plus est, à l’accueil du salut reçu de Dieu.
P. N.-D. - Quel lien établissez-vous entre santé et salut ?
P. B. de M. – Nous avions déjà exploré ce lien lors de la journée Santé, éthique et foi, organisée en 2012. La qualité de la relation humaine permet de ne pas se focaliser sur les symptômes de la maladie mais d’inclure l’expérience même de la maladie dans le cadre d’un lien plus profond. Le témoignage rendu par l’écoute mutuelle renvoie à l’amour de Dieu pour chacun. Si alliance thérapeutique il y a, elle fait écho à l’union fondamentale entre Dieu et chaque homme. Il s’agit d’un rapprochement de deux frères en humanité. Les professionnels de santé catholiques ou chrétiens seront sensibles à ces sujets. Tous, pratiquants ou non, se montrent d’ailleurs prêts à entendre un éclairage nouveau sur leur vie professionnelle. La diversité des intervenants présents cette année – Jacques Ricot, philosophe, chargé de cours au grand séminaire de Nantes, le P. Thierry Magnin, recteur de l’Université catholique de Lyon, et quatre femmes au service des personnes fragilisées – nourrira la problématique.
P. N.-D. - Les interventions prévues le 25 janvier traitent d’autodétermination, d’homme vulnérable et de bioéthique : ces termes appartiennent-ils à la relation soignante aujourd’hui ?
P. B. de M. – La bioéthique a tendance à réduire la relation soignante à un engagement contractuel. Au sein de cet accord, la volonté du patient se place souvent comme une priorité jusqu’à l’ériger en valeur absolue. Dans un tel contexte, le médecin devient alors un simple prestataire de soins, rien de plus. À l’inverse, l’alliance thérapeutique évoquée précédemment rejoint chacun dans sa fragilité physique et psychique, autorisant la recherche commune d’un chemin d’espérance. • Propos recueillis par Isabelle de Chauliac