Première station : Bonne-Nouvelle

Paris Notre-Dame du 25 juin 2020

Vite oubliés sous nos pas pressés, les noms évangéliques de certaines stations du métro parisien sont pourtant remarquables. Dans cette série d’été, Paris Notre-Dame grimpe dans les rames métropolitaines, sur les traces des saints et de l’histoire chrétienne qui imprègnent Paris. Premier arrêt : Bonne Nouvelle (2e).

© Laurence Faure

« Bonne Nouvelle », peut-on entendre dans le haut-parleur de la ligne 9 du métropolitain parisien. « C’est quand même fort que ce soit le métro qui nous rappelle notre devoir d’Annonce ! » réagit le P. Diego Sanchez Alcolea, curé de l’église du même nom, située non loin. Comme de nombreux autres noms d’arrêts de métro de la capitale, la station tire son appellation du boulevard le plus proche. Or, ledit boulevard a lui-même pris le nom de l’église Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, située au 25, rue de la Lune (2e)… La première pierre du chœur de l’église fut posée par la reine Anne d’Autriche en 1628, sur les fondations d’une ancienne chapelle de cette butte (dite “aux gravois”) dédiée à Notre-Dame. « La tradition rapporte que la reine de France, passant devant, avait reçu la “bonne nouvelle” du rétablissement sur le trône de son neveu Charles II en Angleterre », rapporte Philippe Bornet, auteur de L’Évangile selon saint Métro (éd. Via Romana, 2015). On raconte parfois que ce nom fut choisi pour la naissance du futur roi (Louis XIV, né en 1638). Un patronage relié, également, à la bonne nouvelle de l’Annonciation, celle de la naissance du Sauveur, qui « enrobe tout le quartier », explique, enthousiaste, le curé de l’église administrée par la Communauté du Chemin Néocatéchuménal. « Caché derrière les grands boulevards, cet édifice ce est peu connu des Parisiens », observe Daniel Zanchi, responsable de la formation des guides à l’association Art culture et foi. Cette église fut pourtant très réputée au XVIIe siècle, puis après la Révolution, lors de sa reconstruction au XIXe siècle. » Une église ancrée à chaque fois dans un contexte socio-religieux spécifique. Au XVIIe siècle, l’église est édifiée dans le sillage de l’élan missionnaire du Concile de Trente (1545-1563) qui commence à porter ses fruits en France. Sous la Restauration, elle fait partie de ces églises parisiennes, comme St-Philippe-du-Roule (8e) ou St-Pierre du Gros-Caillou (7e), qui participent, par leur architecture et leur plan basilical (retour au style paléochrétien) au renouveau spirituel très marqué de ce début du XIXe siècle. « Ces noms de stations de métro, reprend Daniel Zanchi, rattachés aux saints patrons d’églises, comme sur la ligne 12, sont significatifs de la présence de l’Église universelle dans l’histoire de nos quartiers. »
« S’ils ne sont pas si nombreux que cela sur le plan de métro, les saints de ces stations sont surtout le témoignage très important du passage et de la vie de près de 300 figures de sainteté à Paris, du haut Moyen Âge à nos jours, précise de son côté Philippe Bornet. Ce qui fait de Paris, après Rome, une ville déterminante dans l’expression de la foi et l’étude de la théologie. » Aujourd’hui, la paroisse regroupe quelque 300 “messalisants” le dimanche, et porte la mission dans son quartier. « Ce nom de Bonne Nouvelle rappelle l’importance de notre baptême, conclut le P. Sanchez. Que veut dire être baptisé sinon “être le Christ sur la Terre” et aimer comme Jésus aime, là où nous sommes ? Ce n’est pas du moralisme, mais un appel concret à œuvrer au Salut du monde. »

Laurence Faure @LauFaur

Pour aller plus loin
Dans l’église N.-D. de Bonne-Nouvelle (2e), contempler l’omniprésence de Marie dans les œuvres picturales des XVIIe et XIXe, et, notamment, L’Annonciation de Giovanni Lanfranco.

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