Près du Louvre, une Jeanne d’Arc blessée

Paris Notre-Dame du 1er juillet 2021

Durant l’été, Paris Notre-Dame vous emmène sur les traces cachées de l’Église catholique à Paris, en compagnie de Gonzague de Brunhoff, guide conférencier diplômé, membre de l’association Communautés d’accueil dans les sites artistiques (CASA). Premier arrêt rue Saint-Honoré, devant un médaillon de style Art déco de Jeanne d’Arc.

© Alice Papin

Il faut lever les yeux au ciel pour enfin l’apercevoir. À deux pas de l’entrée du Louvre, 163 rue Saint-Honoré, une tête sculptée de Jeanne d’Arc. Si discrète. En dessous, une station de Vélib’ et des passants pris entre mille et une occupations. En face, place André-Malraux, des Parisiens flânant, des cafés à emporter entre les mains. À quelques pas, la Comédie française, au cœur du Palais-Royal, dont on imagine les balcons de nouveau pleins le soir, concentre les regards. Le bruit assourdissant du ballet des voitures nous empêche de contempler sereinement cette étonnante sculpture. En silence. Sur ce médaillon de style Art déco datant de 1929, Jeanne d’Arc, coiffée d’un casque, a les yeux fermés et souffrants. Elle n’est pas représentée triomphante, valeureuse et guerrière, comme c’est le cas sur la statue équestre en bronze doré située place des Pyramides, quelques rues plus loin. « Ici s’élevait la porte Saint-Honoré près de laquelle Jeanne d’Arc fut blessée le 8 septembre 1429 », lit-on en dessous de la tête sculptée. Il y a près de six cents ans, à cette même place, un tout autre décor. Une porte entourée de deux larges fossés, construite sous le roi Charles V. Nous sommes au cœur de la guerre de Cent Ans. Au début du XVe siècle, les Armagnacs et les Bourguignons tentent d’accaparer le pouvoir royal dans la violence. Alors que des batailles entre les deux camps se succèdent, les Anglais en profitent pour renforcer leur présence en France. En 1429, Paris est aux mains des Anglais. Le 8 septembre 1429, au matin, alors que Jeanne d’Arc tente de franchir ces fossés, devant la porte Saint- Honoré, elle est touchée à la cuisse par un carreau d’arbalète. La guerrière est blessée. Jeanne d’Arc souhaite continuer le combat mais le roi Charles VII, sacré à Reims (Marne) deux mois plus tôt, lui ordonne de se replier sur l’abbaye de Saint-Denis. Deux ans après, elle est brûlée à Rouen (Seine-Maritime). C’est à l’occasion du 500e anniversaire de cet épisode historique que le médaillon situé 163 rue Saint-Honoré est réalisé. Son auteur, Maxime Real del Sarte, est un fervent catholique. Né dans le 17e arrondissement en 1888, Maxime Real del Sarte est un sculpteur entièrement dévoué à son Dieu et à Jeanne d ’Arc. Franc, direct, l’homme a ses idées : il est nationaliste, anti-Dreyfusard, monarchiste très proche d’un certain Philippe d’Orléans, le prétendant orléaniste au trône de France. Au cours de sa vie, il a réalisé plusieurs statues de l’héroïne de l’histoire de France, à la fois à Paris et à travers la France. À la fin des années 1930, il fonde l’association des Compagnons de Jeanne d’Arc, au sein de laquelle sont organisées diverses manifestations patriotiques et religieuses. Il aime si fort Jeanne d’Arc qu’il ira même en prison pour avoir dénoncé un professeur d’histoire de la Sorbonne qui, à ses yeux, outrageait la dite « Pucelle ». Ce médaillon sculpté a différentes versions. L’une d’elles, en pierre, se trouve sur la propre tombe du sculpteur à Saint- Jean-de-Luz, dans les Pyrénées-Atlantiques. Comme si Maxime Real del Sarte avait souhaité garder avec lui et pour toujours cette représentation de Jeanne d’Arc simple et touchante.

Alice Papin

Plus d’informations : Gonzague de Brunhoff
Guide conférencier national ;
tél. : 06 63 46 73 31.

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