Qu’est devenue la boutique de Notre-Dame ?
Paris Notre-Dame du 5 mars 2020
Depuis l’incendie du 15 avril, la boutique de souvenirs de Notre-Dame de Paris, couverte de cendres, puis de jets d’eau, a cessé son activité. Ses produits sont néanmoins toujours en vente sur son site internet. Une façon de préparer l’avenir et de valoriser le travail des artisans concernés.
La boutique de Notre-Dame, située à gauche du narthex de la cathédrale, était le passage inévitable des milliers de visiteurs en quête de souvenirs : un chapelet confectionné à l’abbaye de Chambarand (Isère) ; une reproduction des vitraux colorés, fabriquée en Écosse par la petite entreprise d’un couple tombé amoureux de Notre-Dame ; des statuettes en bois venues du Nord de l’Italie ; des colliers et bracelets conçus spécialement par un Établissement et service d’aide par le travail (Ésat) parisien employant des personnes handicapées… « Nos fournisseurs sont de petits ateliers ou des industriels, comme ceux qui produisent les “médailles souvenirs”, explique Paule, directrice commerciale et responsable du site marchand [1]. »
Et de poursuivre : « Ce magasin, c’est aussi l’histoire très humaine de salariés investis dans leur mission d’accueil, comme nos six vendeurs qui ont perdu leur travail. Dans les semaines qui ont suivi l’incendie, malgré le chômage technique, ils éprouvaient le besoin de se retrouver régulièrement près de Notre-Dame... » Elle se souviendra longtemps de la vision étrange de leur boutique, restée intacte, « recouverte de cendres et d’eau. C’est comme si elle s’était figée définitivement, sans vie, le 15 avril à 18h50 ». Sauvés néanmoins, les stocks de marchandises alors conservés dans un sous-sol.
Aujourd’hui, la boutique en ligne, qui avait été lancée le 3 mars 2019, en est devenue la seule vitrine. « En attendant, à moyen et long terme, la réouverture du parvis, puis celle de la cathédrale, continue Paule de Laitre, ce site marchand contribue au rayonnement de Notre-Dame. Il est rattaché à l’association Maurice de Sully, bras culturel et commercial de la cathédrale. Avant l’incendie, nos bénéfices couvraient plusieurs salaires, les audioguides, l’accueil de groupes de jeunes, une partie de l’organisation des concerts, explique-t-elle. Aujourd’hui, la vente en ligne permet de maintenir notre activité et de préparer l’avenir, par des projets de valorisation du patrimoine de la cathédrale. Il y a aussi un enjeu de mémoire. Commander sur notre site n’est pas à proprement parler un don, mais un achat concerné, pour être partie prenante de l’avenir de notre cathédrale et soutenir des entrepreneurs fabriquant leurs produits avec amour et éthique. »
« On a construit quelque chose ensemble. »
Aurore Frimbois
En témoigne Aurore, directrice d’une marque de bijoux fantaisie. « Quand Paule m’a proposé un partenariat en 2005, explique-t-elle, je ne m’attendais pas à trouver un nouveau sens à mon métier. Au fil du temps, j’ai cherché un mode de production engagé, et je me suis associée à l’Ésat Jean Moulin (14e) pour fabriquer des séries de colliers souvenirs. Aujourd’hui, nous avons dû trouver d’autres clients. Mais aucun ne peut remplacer la cathédrale : c’était bien plus qu’un partenariat commercial, on a créé quelque chose ensemble. Notre-Dame reste l’âme de notre ville. » Pour l’heure, la plupart des fournisseurs ont dû suspendre leur production, dont les stocks restent en vente sur le site. Deux ateliers monastiques (l’un à Vanves (Hauts-de-Seine), l’autre à Sens (Yonne)), qui devaient reprendre le flambeau de la production des chapelets avant l’incendie, ont dû suspendre leurs projets. Les britanniques Drew et Mara, designers de vitraux souvenirs en Écosse, travaillent eux, à une nouvelle pièce pour commémorer le premier anniversaire de l’incendie… « symbole d’avenir et d’espoir ».
Laurence Faure @Laufaur
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