Quand l’Église devient peu à peu une pro des réseaux
Paris Notre-Dame du 6 mai 2021
Les confinements successifs mis en place pour faire face à la pandémie de la Covid-19 ont incité les prêtres, paroisses et mouvements d’Église à se saisir d’internet. Pour certains, ce fut l’occasion de se professionnaliser davantage afin de proposer un contenu évangélique de qualité aux fidèles.
Visage face caméra, décor bien soigné, image nette, animations régulières pour casser le rythme de la narration… Les codes du YouTubeur sont très maîtrisés sur la page YouTube « Lux Mundi Plus ». Si le visage de celui qui l’anime est aussi jeune, il apparaît au-dessus d’un col romain et d’une chemise noire, uniforme du prêtre parisien tout juste ordonné. De fait, celui qui le porte a reçu le sacrement de l’ordination l’an dernier, en juin 2020. Il s’agit du P. Simon Fornier de Violet, vicaire à la paroisse du St-Esprit (12e). Depuis quelques mois, le trentenaire propose sur cette page des vidéos de haute qualité sur différents thèmes, liés à l’actualité ou au temps liturgique… Comme lui, de plus en plus de prêtres s’illustrent, avec talent, sur les réseaux sociaux pour toucher les jeunes et, plus largement, les gens, là où ils se trouvent. Y compris quand ce lieu est virtuel. Le phénomène est apparu il y a quelques années. Mais la pandémie et les confinements successifs l’ont accentué. Que ce soit les prêtres, les paroisses ou les mouvements ecclésiaux, « tout le monde s’est mis à communiquer un minimum sur internet », observe le P. Étienne Grenet, vicaire à N.-D. de la Gare (13e) et responsable du pôle Mission du diocèse. Les initiatives ont fleuri, les vidéos et directs, aussi. Parfois, l’image tremblait, le cadrage laissait à désirer... Qu’importe. L’urgence primait. Il fallait répondre au fort besoin spirituel des fidèles et faire pastorale autrement. Mais, depuis, le contenu proposé ainsi que les formes adoptées ont nettement gagné en qualité. Étienne Castelein, vidéaste au sein de l’équipe communication du diocèse, observe ainsi que de plus en plus de pôles ou de paroisses s’équipent en matériel vidéo et lui demandent des conseils ou des formations en montage ou en diffusion. C’est le cas du pôle Mission qui vient tout juste d’acquérir un appareil photo permettant de tourner de bonnes vidéos, motivé par le site internet en train d’être créé… L’enjeu est multiple selon le P. Grenet. Il s’agit d’abord d’être écouté. « Si la qualité, de la prise de son notamment, est mauvaise, on perd facilement l’attention de l’auditoire », souligne le prêtre qui remarque également qu’une esthétique soignée facilite l’accès aux contenus pour « les personnes éloignées de l’Église qui la considérerait encore comme un peu ringarde » tout en rassurant les fidèles. À la pastorale des Funérailles, Renaud Kaeppelin, chargé de projet et de communication, partage entièrement cet avis. Observant que depuis mars 2020, les « paroisses ont fait un bond dans leur présence sur le Net », il souligne que cette présence plus qualitative « permet à notre Église de s’inscrire dans notre temps ». Se mettant à la place d’influenceurs, elle se rend ainsi selon lui « plus accessible, plus audible ». En train de créer des pages Facebook, Instagram et Pinterest pour la pastorale des Funérailles, Renaud Kaeppelin aimerait lancer notamment des « directs » à destination des personnes traversant un deuil. « Cela leur permettrait d’être réunies autour d’un thème commun, d’échanger, de poser des questions… » Petit bémol cependant, si ces outils sont utiles, ils ne remplaceront jamais l’expérience humaine de la communauté ecclésiale et paroissiale. « Il faudrait d’ailleurs travailler de la même manière la qualité de l’accueil dans nos paroisses », sourit le P. Grenet.
Isabelle Demangeat @LaZaab
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