Quatrième station : Saint-Michel

Paris Notre-Dame du 16 juillet 2020

Vite oubliés sous nos pas pressés, les noms évangéliques de certaines stations du métro parisien sont pourtant remarquables. Dans cette série d’été, Paris Notre-Dame grimpe dans les rames métropolitaines, sur les traces des saints et de l’histoire chrétienne qui imprègnent Paris. Quatrième arrêt : Saint-Michel (5e).

Fontaine Saint-Michel
© Marianne Casamance_Wikimedia Commons

Rien de plus naturel pour qui vit ou visite Paris, de descendre à saint-Michel (6e). Saint Mich’, c’est l’entrée du quartier latin, l’accès aux meilleurs pubs de Paris, aux plus belles salles de cinéma art et essai, aux clubs de jazz anthologiques, aux librairies d’occasion, aux galeries… Saint Mich’, c’est le quartier des arts. C’est le cœur de Paris. C’est la proximité avec Notre-Dame, aussi. C’est tant de choses qu’on en oublierait presque le caractère religieux du lieu. Car s’il existe, à Paris, une station de métro qui porte ce nom, c’est parce qu’au-dessus d’elle, une fontaine dédiée à saint Michel, trône, majestueuse. Pensée à la fin du XIXe siècle par le baron Haussman dans le cadre du plan d’aération de la ville sous Napoléon III, elle met en scène un saint Michel terrassant le mal, ailes grandes ouvertes, index gauche pointant le ciel et épée brandie dans la main droite. Composée à la manière d’un arc de triomphe antique, d’une travée rythmique marquée par des colonnes en marbre rouge du Languedoc, elle est surmontée de quatre statues de bronze représentant les vertus cardinales. L’idée initiale de cette fontaine était de combler l’angle entre le boulevard Saint-Michel et la place Saint-André-des-Arts tout en donnant un débouché visuel à la perspective du Palais de Justice. On pense d’abord y ériger une statue de Napoléon III. Mais bien vite saint Michel s’impose, en référence notamment à une chapelle qui lui était dédiée, en face, sur l’île de la Cité, comme le souligne l’historien d’art Georges Poisson dans Histoire de l’architecture à Paris. Les premières traces de cette chapelle datent de la fin du Xe siècle. Elle était située rue de la Barillerie, actuel boulevard du Palais, à quelques centaines de mètres du pont qui prend alors son nom. Elle aurait accueilli, sous Hugues Capet, les chanoines pendant un temps [1]. Elle sert, plus tard, au baptême de certains princes de France, comme Philippe-Auguste, au XIIe siècle, et semble avoir été reconstruite un peu plus au nord sous Philippe le Bel. Il en reste, dans le Palais de Justice, deux arcades séparées par un chapiteau sculpté, refaites au XIXe siècle. Revenons à la fontaine. Pour le P. Jean-Pascal Duloisy, exorciste du diocèse, responsable de l’Accueil Saint-Michel et auteur de Que penser de… ? Satan (éd. Fidélité), il n’est pas anodin que saint Michel ait été choisi pour la surmonter dans l’alignement du Palais de Justice. « Saint Michel incarne, pour les chrétiens, la victoire de Dieu sur le démon, explique-t-il. De même que la justice incarne, dans la société civile, la victoire du bien sur le mal. » Pas anodin non plus qu’il soit situé à quelques centaines de mètres de Notre-Dame, au cœur de Paris, capitale de la France. « C’est un peu comme une façon de placer les Parisiens et les Français sous la protection de l’archange », poursuit le prêtre qui rappelle : « Saint Michel combat pour nous et auprès de nous. » La signification de son nom ? « Qui est semblable à Dieu. »

Isabelle Demangeat @LaZaab

Pour aller plus loin
Imaginez-vous qu’un groupe français d’électro-pop a décidé il y a quelques années de prendre le nom de « Saint Michel ». Difficile, en entendant cette musique, d’y voir un lien particulier mais intéressant tout de même de l’écouter. Si vous êtes davantage sensible au classique, prenez le temps de vous arrêter devant la fontaine et de l’admirer.

[1De la fin du siège de 885-886 à la mort de Philippe Auguste, Jacques Boussard, Nouvelle Histoire de Paris.

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