Quelle hiérarchie pour les prises de parole du pape ?

Paris Notre-Dame du 13 mars 2014

P. N.-D. – Cela fait un an que le pape François a été élu à la tête de l’Église. Son style et ses prises de parole l’ont rendu très populaire. Comment hiérarchiser ces dernières ?

P. Francis de Chaignon, directeur au séminaire de Paris et professeur de théologie à la Faculté Notre-Dame.
© D. R.

P. Francis de Chaignon – Il faut bien sûr distinguer entre une parole improvisée et une parole préparée à partir d’un texte écrit – qui sera éventuellement publié – et évaluer les personnes auxquelles il s’adresse : un discours aux cardinaux réunis en consistoire a plus de poids, par exemple, qu’une homélie prononcée durant une visite pastorale dans une paroisse de Rome ou un diocèse d’Italie. Quant aux textes écrits, la forme en indique le plus souvent l’importance : une encyclique est plus importante qu’une exhortation apostolique par exemple. Notons aussi que ces textes sont reliés entre eux (thèmes récurrents ou ensemble suivi comme les catéchèses du mercredi par exemple) et se réfèrent à d’autres documents antérieurs, du même pape François ou de ses prédécesseurs ou du concile Vatican II ou encore d’autres textes magistériels.

P. N.-D. – Qu’est-ce que recouvre le terme « magistère » ?

P. F. de C. – Le magistère désigne actuellement, principalement, la fonction d’enseignement des évêques et du pape. Or, cette fonction s’exerce de manière multiforme, précisément à travers les différentes formes d’écrits ou de paroles. On distingue différents sujets du magistère, c’est-à-dire ceux qui l’exercent – chaque évêque, le collège épiscopal tout entier, le pape –, mais aussi différents modes d’exercice – ordinaire ou extraordinaire –. Ainsi, les évêques réunis en concile œcuménique (c’est-à-dire universel) exercent leur magistère de façon extraordinaire. De fait, cela n’arrive pas si fréquemment ! Quand en revanche ils enseignent, dispersés dans le monde, la même doctrine, on parle de magistère ordinaire universel. Le peuple chrétien peut être sûr que c’est là une doctrine faisant partie du dépôt de la foi.

P. N.-D. - Qu’est-ce qui relève de l’infaillibilité pontificale ?

P. F. de C. – Uniquement les définitions dogmatiques, c’est-à-dire lorsque le pape choisit de définir qu’un point de doctrine fait partie de la Révélation. La dernière fois que c’est arrivé, c’était en 1950, lorsque le pape Pie XII a défini que l’Assomption de la Vierge Marie faisait partie du dépôt de la foi. Les conditions d’une telle définition ont été rigoureusement précisées par le concile Vatican I, en 1870 : tout arbitraire est exclu. Il faut notamment que l’intention de définir une doctrine portant sur la foi ou les mœurs soit explicite et que le pape agisse en tant que pasteur suprême de l’Église. Il s’est auparavant soigneusement informé, il a consulté, prié. Au moment où il pose cet acte, il engage son autorité et bénéficie de l’assistance de l’Esprit Saint : le pape est dit alors jouir de l’infaillibilité de l’Église. Mais il faut bien comprendre que la foi catholique ne se limite pas aux points précis qui ont été définis et que le magistère du pape ne se réduit pas à ces situations exceptionnelles. De par sa fonction de chef du collège épiscopal, l’évêque de Rome, successeur de saint Pierre, a un rôle de signe et de gardien de l’unité de l’Église universelle. Son enseignement, son magistère, est au service de l’unité de la foi de l’Église. Il est là pour fortifier tous ses frères dans leur foi. • Propos recueillis par Ariane Rollier

Articles
Contact

Paris Notre-Dame
10 rue du Cloître Notre-Dame
75004 Paris
Tél : 01 78 91 92 04
parisnotredame.fr

Articles