Réformer la politique familiale ?

Paris Notre-Dame du 6 novembre 2014

PN.-D. – Quels sont les points du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2015 concernant la famille, récemment validés par l’Assemblée nationale ?

Jean-Marie Andrès, président de la Confédération nationale des Associations familiales catholiques (CNAFC).
© CNAFC

Jean-Marie Andrès – Parmi les principales mesures figurent la modification du congé parental, qui devrait être pris à parité entre les parents pour pouvoir durer trois ans, contre actuellement un maximum de deux ans et demi pour l’un des conjoints et un minimum de six mois pour l’autre ; un décalage de la majoration des prestations familiales qui reculerait de l’âge de 14 ans à celui de 16 ans ; enfin, la modulation des allocations familiales en fonction des revenus mensuels du foyer, avec deux plafonds déterminant leur montant : un premier à 6000 euros nets, où les allocations seraient divisées par deux, et un deuxième à 8000 euros nets, où elles seraient divisées par quatre. Par 270 voix contre 245, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture le projet de budget de la Sécurité sociale.

P. N.-D. - Pourquoi ces mesures vous font-elles réagir ?

J.-M. A. – La première mesure, car sous couvert d’égalité, on oblige les parents à prendre le congé parental à parts égales, en ignorant la réalité socio-économique des familles ; en définitive, on passe d’une politique du libre choix à une décision imposée sous la menace d’une sanction. En effet, les parents posent un choix en fonction de la conception de leurs rôles, mais aussi des positions de chacun dans le monde du travail et des efforts financiers que leur choix représente. Par ailleurs, s’il est nécessaire de faire évoluer le système de financement de la Sécurité sociale pour des raisons économiques, il est important de le faire avec une forte concertation nationale et dans le cadre d’une loi de programmation qui permette aux familles de savoir sur quelles ressources elles peuvent durablement compter, sans risquer chaque année une remise en cause à la sauvette qui les insécurise. Enfin, soumettre les allocations à conditions de ressources, c’est ignorer que l’enfant, qui qu’il soit, est une ressource et donc remettre en cause la solidarité base du système de retraite français. Pourquoi un enfant naissant dans une famille gagnant 5999 euros par mois aurait-il droit à une aide, contrairement à celui naissant dans une famille gagnant 6001 euros ? Dans les familles plus aisées, l’enfant deviendrait ainsi un luxe. De plus, ces propositions ne tiennent pas compte du coût de la vie. Enfin, demain, qui empêchera la mise sous condition de ressources du système médical ?

P. N.-D. - Qu’envisagez-vous comme actions pour manifester votre désaccord ?

J.-M. A. – Nous avons été auditionnés par les sénateurs le 21 octobre avant que le PLFSS ne leur soit soumis. En outre, nous préparons, en concertation avec des associations familiales mais aussi des syndicats, une action commune pour exprimer notre désapprobation et notre souhait que le texte soit retravaillé de façon radicale. J’encourage aussi les Français à écrire à leurs députés et à adhérer aux mouvements familiaux. • Propos recueillis par Ariane Rollier

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