« Rendre, au plus vite, l’accès de la nef au public »

Paris Notre-Dame du 25 juillet 2019

Architecte en chef des Monuments historiques à la tête du chantier de la cathédrale Notre-Dame dès avant l’incendie du 15 avril – et confirmé depuis dans cette charge par l’État –, Philippe Villeneuve fait le point sur les travaux de sécurisation de l’édifice. Et parle d’avenir.

Philippe Villeneuve, architecte en chef des Monuments historiques, dirige les travaux de sécurisation et de restauration de la cathédrale.
© Laurence Faure

Paris Notre-Dame – Où en est-on de la sécurisation de la cathédrale ? La voûte peut-elle encore s’écrouler ?

Philippe Villeneuve – À ce jour, la cathédrale est sécurisée à 50%, parmi lesquels les pignons et le beffroi. Les 50% restants concernent la voûte qui peut encore s’écrouler. Celle-ci concentre donc l’essentiel du dispositif actuel de sécurisation. Tout ce que nous sommes en train de mettre en œuvre – cintres monumentaux posés sous les arcs-boutants, planchers au-dessus de la voûte – vise à sécuriser la voûte et le déplacement des ouvriers qui organisent la dépose des 50 000 tubes de l’échafaudage extérieur, installé avant l’incendie [et toujours en équilibre au niveau du transept, NDLR]. Les entreprises Europe échafaudage et Jarnias sont ici aux premières loges. Affirmer qu’à ce jour, la voûte peut encore s’écrouler, n’est pas catastrophiste : c’est de la prudence élémentaire. Il faut savoir néanmoins que nos capteurs indiquent qu’elle n’a jamais bougé depuis le lendemain de l’incendie.

P. N.-D. – Sécurisation, restauration... Quelle sont les prochaines échéances ?

P. V. – Outre la sécurisation de la voûte et des murs, il reste un peu plus de 15% de gravats à dégager de l’intérieur de l’édifice. Nous envisageons une évaluation globale de l’état de la cathédrale pour fin 2019 - début 2020. Cette étude nous permettra de déterminer les zones de restauration par ordre d’urgence. Au printemps 2020, nous espérons avoir mis en place le parapluie – toit provisoire de la cathédrale. Ensuite, un diagnostic final est envisagé pour la fin 2020. Dans ce dernier figureront les propositions concernant la charpente, la flèche, les matériaux et formes choisis, etc.

P. N.-D. – Lors de la restauration, par quoi commencerez-vous ?

P. V. – D’abord, il nous faudra déplomber l’intérieur de la cathédrale pour permettre aux ouvriers de travailler dans des conditions sereines. Ensuite, à l’abri du parapluie, ils pourront réparer la voûte. Et une fois cette dernière reconstruite, nous nous attaquerons à la charpente et à la couverture. Mais dès la voûte réparée, nous souhaitons rendre l’accès de la nef au public le plus vite possible.

P. N.-D. – Comment imaginez-vous la cathédrale dans cinq ans ?

P. V. – Si tout va bien, je l’imagine telle qu’elle était avant l’incendie ; c’est-à-dire qu’elle ne sera pas restaurée à 100%. Mais on aura reconstruit ce qui a été détruit. C’est possible si l’on se montre méthodique et que l’on sait ce que l’on doit faire. Au-delà de cette échéance des cinq ans, nous sommes désormais dans une dynamique de restauration qui ne s’arrêtera pas avant des dizaines d’années et qui comprend les travaux entamés avant l’incendie : chevet de la cathédrale, sacristie, gargouilles, etc. Une chance m’est offerte, ainsi qu’à toute l’équipe du chantier [tous confirmés dans leurs missions par Franck Riester, ministre de la Culture, qui a visité le chantier le 17 juillet, NDLR], de la reconstruire. Donc nous y allons. Sans jamais pouvoir effacer le sentiment d’horreur du 15 avril au soir. Mais sans état d’âme, fédérés autour de notre objectif, dans le respect du travail des bâtisseurs qui ont construit cet édifice pour et dans la foi chrétienne.

Propos recueillis par Laurence Faure

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