Étudiants des grandes écoles : le week-end de la liberté

Paris Notre-Dame du 13 février 2014

Près de 1 200 étudiants venus de toute la France ont sillonné le quartier Latin, les 8 et 9 février, pour vivre la rencontre nationale du réseau Chrétiens en grandes écoles (CGE) : deux jours d’enseignement, de prière et d’échange sur le thème : « Appelés à la liberté, sur la terre comme au ciel. » Reportage.

Quelques étudiants des grandes écoles de Toulouse sur la Butte Montmartre.
© Agnès de Gélis

Ce n’est pas un campus traditionnel qui a accueilli les étudiants de CGE pour leur 45e rencontre nationale (RN) annuelle. Organisé à Paris par des jeunes de CGE-Paris-Centre (Mines, Agro, ESPCI, Chimie) et de l’ENS, le week-end a revêtu une coloration citadine particulière : basilique du Sacré-Cœur (18e), cathédrale Notre-Dame (4e), paroisses, écoles et lieux de formation ont hébergé les diverses activités. « Nous voulions profiter de la synergie entre la cité, les paroisses et les lieux d’études », explique le P. Alexis Leproux, aumônier du bureau de la RN. Samedi, dès l’aube, les étudiants ont pèleriné de N.-D. de Clignancourt (18e) à Montmartre. À peine arrivés dans le haut sanctuaire, une conférence d’ouverture, intitulée « Amour, loi, liberté et grâce » et donnée par le philosophe Paul Clavier, a permis aux jeunes de saisir la place de la liberté de l’homme dans le plan de Dieu. « Ce thème a tout son sens car, dans notre vie d’étudiant, nous avons beaucoup de choix à poser », témoigne Augustin, 22 ans, étudiant à Centrale Paris et membre du bureau de CGE. Un thème ouvert qui a aussi permis d’aborder des sujets comme la liberté religieuse, sociale, personnelle. « Et de parler de la foi, fondamentalement liée à la liberté », ajoute l’aumônier.

Foi et amitié

Une foi d’abord nourrie par l’eucharistie. Accompagnée par un orchestre étudiant, la messe qui a suivi la conférence a été un temps fort du weekend. « Des messes comme celle-ci, avec une liturgie si belle, si priante, cela aide à repartir de l’avant », témoigne Jeanne, 20 ans, en 1ère année à l’Institut d’optique de Palaiseau. L’après-midi, dans le quartier Latin, divers ateliers de réflexion et d’autres plus spirituels, préparés par les étudiants, ont rassemblé les jeunes. À l’église St-Ignace (6e), certains ont fait une lectio divina selon la méthode jésuite. Une expérience positive pour Agnès et Cécile, étudiantes à l’ESC de Paris et Toulouse. « Ce partage nous a aidées à entrer dans le texte, s’exclament-elles. D’avoir préparé l’atelier soude aussi notre communauté chrétienne*. Cela nous donne envie d’intégrer la lectio dans nos activités. » C’est Assas qui, au soir de ce samedi bien occupé, a accueilli les étudiants pour une veillée préparée par Sciences Po. Le temps de décrocher des préoccupations d’études, de renforcer les amitiés et de vivre un temps de fête.

Temps d’Église

Le dimanche matin, plusieurs conférences ont rassemblé à nouveau les étudiants sur l’entreprise, l’engagement, la pauvreté, la liberté intérieure et l’art. Après une petite promenade découverte bien parisienne, ils ont rejoint la cathédrale pour la messe d’envoi, présidée par le cardinal André Vingt-Trois. Ce dernier leur a rappelé le sens de leur « travail acharné », qui leur donnait « la possibilité de changer quelque chose dans ce monde ». La chorégraphie réalisée par le millier de jeunes sur le parvis a sonné la fin d’un riche weekend. Pour Maïte, en 2e année à Supelec et bénévole pour la rencontre nationale, « ces journées m’ont donné de sortir de ma “CC” et de vivre une dimension ecclésiale de ma foi ». • Agnès de Gélis

Trois questions à

Joseph, 22 ans, étudiant à l’École Normale Supérieure de Paris et vice-président du bureau de la Rencontre Nationale.
« Une soif au service du Christ »

P. N.-D. : Quelle est la motivation des étudiants pour ce week-end ?
Joseph – Les étudiants chrétiens qui fréquentent les grandes écoles ont senti un appel à faire des études exigeantes. Ils ont une réelle soif de connaissance. Cette soif, ils souhaitent la mettre au service du Christ. En venant à ce weekend, les étudiants peuvent concilier cette double aspiration intellectuelle et spirituelle.

Pourquoi avoir choisi un thème sur la liberté ?
Joseph – Il a été décidé l’été dernier, à la suite de longues discussions au sein de CGE. Le thème est en général lié aux préoccupations des étudiants face à l’actualité. Il a été choisi d’emblée avec cette coloration particulière : la liberté, donnée humaine et anthropologique. La question est de savoir comment l’homme peut concilier son libre arbitre avec les appels que Dieu lui adresse.

Comment vit-on sa foi en grande école ?
Joseph – Contrairement à d’autres lieux, on n’y trouve pas les tensions et les préjugés habituels contre les croyants. Les jeunes sont ouverts à la discussion. L’année dernière, nous avons organisé un débat entre l’aumônerie et le club “LGBT” de notre école sur l’actualité législative : cela a été un beau moment de dialogue. Dans ces écoles, il existe aussi une grande vitalité associative. Certaines aumôneries se créent en une année. Par exemple, celle de l’ISIT, une école de traduction parisienne, s’est largement investie dans ce week-end. Or, cette aumônerie a été lancée en septembre ! • Propos recueillis par Agnès de Gélis

LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE

Peut-on dégoûter un salarié de son travail pour qu’il parte de lui-même, afin d’éviter le poids financier d’un licenciement ? Que faire face à une grossesse non désirée dans un contexte de difficulté financière ? C’est sur ce type de questions que les étudiants venus suivre l’atelier sur la liberté de conscience se penchent, ce samedi après-midi, au Centre Sèvres (6e). Par groupe de quatre, ils réfléchissent sur des exemples très sensibles inventés par l’équipe d’étudiants nancéens en charge de l’atelier. « Ces jeunes savent bien qu’ils pourront être confrontés à des questions de morale complexes dans leur vie d’adulte, explique Fr. Loïc Bournay, dominicain et aumônier diocésain des étudiants à Nancy. Ils savent qu’être chrétien, c’est souvent être en décalage. » Court enseignement, partage en petits groupes, restitution : l’équipe mène l’atelier avec sûreté, forte de la réflexion réalisée en amont. « Nous nous sommes appuyés sur des médecins et des prêtres experts sur ces questions », témoigne Paul, futur ingénieur en informatique. « Cela m’a permis de renforcer mes convictions, ajoute Mathilde, en cinquième année de médecine, et également membre de l’équipe de préparation. Ces sujets me préoccupent. » Outre un rappel des principes de morale chrétienne, tous les participants ont aussi appris à échanger leurs convictions sur des sujets brûlants. Un exercice délicat mais essentiel pour apprendre à témoigner de sa foi.

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