Saint Étienne, un cœur simple

Paris Notre-Dame du 24 novembre 2022

Commandée par le diocèse de Saint-Étienne pour son jubilé en 2021, la pièce Je verrai le Ciel ouvert est donnée à Paris jusqu’au 27 novembre. Elle raconte, dans une langue poétique et romanesque, l’histoire du premier martyr chrétien : saint Étienne. Une vraie, et très jolie, prouesse d’écriture et de jeu.

La mise en scène, épurée, met en valeur le jeu du comédien Cédric Danielo accompagné sur scène par le violoniste Mathieu Schmaltz.
© Telli Sabata

Bien rangées, côte à côte, l’une contre l’autre, des sandales en cuir noir, attendent, côté jardin, brides à moitié ouvertes. Elles attendent que les spectateurs prennent place face à elles. Mais surtout que son propriétaire les enfile. Justement, il arrive, pieds nus, cheveux noirs ondulant autour de son visage sérieux et grave. Mais il met du temps à les enfiler. Le personnage tient à prévenir son auditoire. « Dans quelques instants [il] verra le Ciel ouvert » (Ac 7, 56). Dans quelques instants, les Cieux s’ouvriront. « Seront-ils plus beaux que les Cieux fermés ? » Par un procédé de mise en abyme, le ton est donné : la mort, qui sera ici jouée, le sera dans un mouvement poétique et lyrique. Elle le sera pour donner à voir la vie intérieure qui a habité celui qui sera mis à mort. Après avoir enfilé ses sandales, il apparaît alors, « l’âme emportée, le front curieux » : saint Étienne.

Un mélange entre fiction et réalité

Monter un spectacle sur le premier martyr était une vraie gageure. Pas de biographie, peu de références, même au sein des Évangiles, si ce n’est ses propos lors de sa lapidation et l’un de ses discours. Et pourtant, c’était une demande de Mgr Sylvain Bataille, évêque de St-Étienne (Loire). Pour les 50 ans de son diocèse fêtés en mai 2021, il souhaitait qu’un spectacle vivant retrace la vie, en l’actualisant, du patron de son diocèse. Juliane Stern, auteur dramatique et professeur de théâtre au lycée, en Rhône-Alpes, a relevé le défi. Et a choisi, selon ses propres mots, de donner une place aux « blancs laissés entre les lignes où le réel prend du relief ». Ainsi, saint Étienne devient cet enfant qui, à 7 ans, assiste à la lapidation d’un « simple » aux « doigts courts » ; il devient un oiseleur qui use ses armes aux côtés d’un vieux sage, Amos. Il est aussi ce juif hellénisé biberonné à l’enseignement du rabbin Gamaliel qui se laissera toucher quelques années plus tard par les paraboles d’un fameux Galiléen...
Ce mélange entre fiction et réalité fonctionne très bien. Le texte, ciselé, empli d’allitérations et de métaphores, oscille entre poésie, traits d’esprit et narration, et donne une matière linguistique riche et évocatrice. Cette finesse, sur la langue, se retrouve de la même manière sur scène. Le comédien Cédric Danielo, revêt tour à tour et avec grand talent, les personnages qu’il interprète : Amos, Étienne ou encore le « simple » … Accompagné par le violoniste Mathieu Schmaltz, dans une mise en scène sobre et très juste, il donne à voir l’élan, pur et entier, qui conduit saint Étienne à interroger son monde et à suivre le Christ. Sans effets de manche, ni envie de convaincre. Saint Étienne est avant tout un cœur pur, un cœur simple. Il meurt, pieds nus. Ses sandales, bien rangées, sur le côté.

Isabelle Demangeat @LaZaab

Pratique
Après avoir été jouée à St-Étienne (Loire), Lyon (Rhône) et Bourges (Cher), la pièce Je verrai le Ciel ouvert est donnée à Paris, à la crypte St-Sulpice (6e) le vendredi 25, samedi 26 et dimanche 27 novembre, à 20h. Tarifs : 15€ ; 10€ (réduit).
Plus d’informations et réservations : billetweb.fr/je-verrai-le-ciel-ouvert-saintsulpice

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10 rue du Cloître Notre-Dame
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« Rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien »

Paris Notre-Dame – 5 août 2025

« L’Église doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde. […] Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants. » Ainsi s’exprimait Mgr Vingt-Trois dans sa lettre Notre mission à Paris, publiée les premiers jours de son épiscopat parisien, ajoutant, quelques lignes plus loin, cette formule que personne n’a oubliée : « Nous devons chercher, dans notre travail pastoral habituel, comment nous pouvons rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien. » L’exhortation à cet élan missionnaire – pour lequel il avait défini quatre champs prioritaires, à savoir, la famille, la jeunesse, la solidarité et l’éthique – est le fil rouge de son ministère à Paris, en témoigne l’organisation des Assises de la mission, en 2008 et 2009, et les trois années placées sous le sigle de « Paroisses en mission », de 2009 à 2012, avec, comme point d’aboutissement, l’opération Avent 2014 qui permettra de déployer plus de 500 projets missionnaires durant le mois de décembre 2014. Son dernier programme pastoral diocésain, de 2015 à 2018, s’appuiera toujours sur la mission, autour des axes « Annoncer, partager, transmettre ». Entretien avec Mgr Bruno Lefèvre Pontalis, curé actuel de St-François- Xavier (7e), qui fut vicaire général du diocèse de Paris 2012 à 2016. Charlotte Reynaud

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