« Se rendre disponibles intérieurement à un conflit »
Paris Notre-Dame du 2 mai 2019
Depuis le 1er mars, les dix membres du Groupe diocésain de médiation ont été renouvelés dans leur fonction, et ce pour cinq ans. À quoi sert cette instance diocésaine ? Le point avec Pascal Bourgue, diacre permanent officiant à Ste-Jeanne-de-Chantal (16e), secrétaire permanent de ce groupe.
Paris Notre-Dame – Pouvez-vous revenir sur la genèse de ce Groupe diocésain de médiation ?
Pascal Bourgue – Ce groupe a été créé le 15 juin 1997 par décret par le cardinal Jean-Marie Lustiger, alors archevêque de Paris. Il suivait ainsi une proposition de l’article 1733 du Code de droit canonique où il est stipulé qu’« il est hautement souhaitable que chaque fois qu’une personne s’estime lésée par un décret, le conflit entre elle et l’auteur du décret soit évité et que soit recherchée entre eux d’un commun accord une solution, en utilisant au besoin la médiation et les efforts de sages, pour éviter le litige ou le régler par un moyen adéquat ». En octobre 2008, son successeur, le cardinal André Vingt-Trois, institue ce groupe de médiation de manière stable. Dix membres, nommés par l’évêque, sont alors désignés pour en faire partie, pour une durée de cinq ans.
Concrètement, s’il y a un conflit entre une personne et l’évêque au sujet d’un décret et que la conciliation ne peut aboutir, chaque partie peut demander à ce que soit saisi ce groupe en s’adressant, par écrit, au secrétaire permanent. Celui-ci constitue un comité de trois membres et en désigne le président. Il a deux mois pour entendre les parties et remettre ses propositions.
P. N.-D. – Pourquoi l’avoir institué ?
P. B. – Je pense à Matthieu 5, 24 : « Va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. » Cette approche de médiation, de conciliation, est très utilisée dans la vie conjugale. Ou même dans la vie de tous les jours. En cas de conflit, il est habituel de se mettre autour d’une table et de trouver les médiations afin que chacun se comprenne pour repartir sur des bases saines. C’est une approche assez pragmatique. Il me semble que le faire au sein de l’Église est juste. Cela permet de panser les blessures s’il y en a eu, et de comprendre aussi les raisons pour lesquelles une personne a pu se sentir lésée. Cela va dans le sens du respect des personnes.
P. N.-D. – Peut-on dire que c’est aussi un rempart contre d’éventuelles dérives cléricalistes ?
P. B. – Je pense que oui. Ce groupe est constitué de femmes, d’hommes, de prêtres, de religieux, de diacres… Si nous sommes nommés par l’évêque, nous ne travaillons pas dans son entourage immédiat et conservons toute notre liberté. Il n’y a pas de pression.
Pour l’instant, ce groupe n’a jamais été saisi. Mais, selon moi, il est utile. Il est sage, je crois, de prévoir, en amont d’un conflit, une structure pour l’apaiser. Un peu comme des « pompiers », nous nous rendons disponibles intérieurement à un conflit. Y compris dans la prière. Pour un diacre, cela a du sens. Notre travail, notre vocation à nous, est la conciliation. De faire l’unité, d’assurer la communion.
Propos recueillis par Isabelle Demangeat
Contact
Après un premier recours écrit sans résultat, le groupe peut être saisi en écrivant à : Secrétaire du groupe de médiation, 10, rue du Cloître Notre-Dame, 75004 Paris.
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