Transmission : « Savoir d’où l’on vient »
Paris Notre-Dame du 9 mai 2019
Transmettre, enjeu primordial au XXIe siècle ? Cette question interroge Marie-Camille Muller, 22 ans, étudiante à l’Institut d’études politiques de Paris, qui, avec d’autres étudiants de son école, et en partenariat avec les Mardis des Bernardins, prépare et anime le premier débat d’une série, du 21 mai au 18 juin, au Collège des Bernardins.
Paris Notre-Dame – Vous animerez le premier débat d’une série sur la transmission au XXIe siècle, le 21 mai [1]. Pourquoi vous saisir de ce thème, à 22 ans ?
Marie-Camille Muller – Le projet a été monté dans le cadre d’un partenariat entre l’Institut d’études politiques de Paris (IEP Paris) et le Collège des Bernardins. L’idée de travailler sur la transmission en partant des jeunes m’a plu tout de suite. C’est un enjeu très important dans notre monde fait de numérique, de dématérialisation, de globalisation. Je pense que nous vivons aujourd’hui une crise de la transmission qui est palpable dans beaucoup de domaines. Nous, jeunes, avons tendance à rejeter ce que nous avons reçu pour être nous-mêmes. Or, je suis persuadée qu’il faut d’abord être capable d’accepter son héritage culturel, familial, pour faire nos choix. Accepter son héritage ne veut pas dire être d’accord avec tout mais se l’approprier, pour ensuite, établir sa propre réflexion. Si on refuse de recevoir, on réfléchit à partir de rien.
P. N.-D. – Parmi vos intervenants : un jeune charpentier et philosophe, Arthur Lochmann, ou encore Marguerite Léna, théologienne…
M.-C. M. – Oui. Pour ce premier débat, intitulé Transmission, reprenons le relai ! Nous avons aussi invité Coline Debayle, cofondatrice d’Artips. Avant d’inviter ces trois intervenants, nous nous sommes posé la question de savoir ce qu’ils nous disaient de la transmission. Coline Debayle est une ancienne étudiante de l’IEP Paris. Elle veut transmettre du contenu de culture générale et d’histoire de l’art aux jeunes par le numérique, pour palier un manque qu’elle avait ressenti plus jeune. Avec Arthur Lochmann, philosophe puis charpentier, on comprend l’importance de la transmission interpersonnelle : il ne s’agit pas seulement de transmettre du contenu brut par papier, livre ou vidéo. Son maître-charpentier lui a transmis en personne son savoir, par sa manière d’être et de faire son métier. Arthur Lochmann pointe aussi la nécessité de s’approprier les méthodes artisanales anciennes pour les allier au progrès (normes écologiques, par exemple). Quand à Marguerite Léna, sa qualité de consacrée, de philosophe et de théologienne permet d’établir une sorte de synthèse, en évoquant l’enjeu anthropologique et spirituel de la transmission.
P. N.-D. – Justement, comment parlerez-vous de la transmission de la foi dans ce débat « laïc » ?
M.-C. M. – L’esprit du Collège des Bernardins, que nous avons souhaité conserver, est de faire dialoguer foi et raison, Église et monde contemporain. Je pense que la transmission de la foi se produit plus par l’exemple et le témoignage que par un débat intellectuel. Après tout, la foi relève d’une rencontre personnelle avec le Christ. En revanche, le débat et le dialogue entre plusieurs disciplines (philosophie, entrepreneuriat, travail manuel, théologie, etc.), permettent d’ouvrir un terreau favorable pour s’ouvrir à Dieu ou à la transcendance. Qui se questionne sur la trans¬mission se questionne sur ses racines. Je pense que nous avons besoin de savoir d’où l’on vient si l’on veut savoir où l’on va.
Propos recueillis par Laurence Faure
– En savoir plus : Mardi des Bernardins “Transmission : reprenons le relais !”
[1] Transmettre au XXIe siècle. Les Mardis des Bernardins : 21 et 28 mai, 4 et 18 juin 2019, à 20h, au Collège des Bernardins, 20 rue de Poissy, 5e. Tous les thèmes et toutes les informations sur collegedesbernardins.com
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