Twitter, outil d’évangélisation ?
Paris Notre-Dame du 26 décembre 2013
L’usage de Twitter est en pleine expansion, notamment chez les chrétiens. Sur ce réseau social, les utilisateurs, appelés « twittos », partagent de courts messages à ceux qui suivent leur compte. Un nouvel outil pour l’évangélisation ? Enquête auprès de twittos du diocèse.
Ils sont prêtres ou laïcs, étudiants ou professionnels, de plus en plus de catholiques parisiens se lancent dans l’aventure Twitter. Plusieurs d’entre eux avouent s’y être inscrits au moment du débat sur le « mariage pour tous ». « Les médias minimisaient la mobilisation naissante, j’avais besoin de trouver d’autres sources d’information », explique le P. Franck Derville, aumônier de l’hôpital Cochin. D’autres y sont actifs depuis plusieurs années. C’est le cas de Jean-Baptiste Maillard, jeune communicant parisien et auteur de Dieu et Internet [1]. « Twitter est un puissant outil de communication, alors pourquoi s’en priver pour annoncer la Bonne Nouvelle ? », interroge-t-il. Témoigner du Christ est son but premier, lui qui utilise ce réseau avant tout pour évangéliser. Une ambition utopique ? Pour le P. David Gilbert, étudiant à l’Institut Catholique de Paris et lui aussi actif sur Twitter, « il ne faut pas se leurrer : avec 140 caractères, on n’évangélise pas en profondeur ». Pourtant, tous estiment que cette présence chrétienne est nécessaire : elle peut être une lumière au milieu d’échanges parfois très virulents. Évangéliser implique « d’aller chercher les gens là où ils se trouvent », comme essaie de le faire Gabriel Privat, twittos et blogueur chrétien.
C’est dans cette dynamique que le pape Benoît XVI avait ouvert le compte @pontifex en décembre dernier [2]. Depuis l’élection du pape François, il a dépassé les 10 millions d’abonnés à travers le monde. Ses tweets réguliers touchent très au-delà de l’Église. À l’instar du pontife, certains prêtres ou laïcs postent chaque jour une Parole de Dieu ou un commentaire spirituel. « Cela donne parfois lieu à de belles conversations avec des personnes que je n’aurais jamais pu contacter autrement, comme des ministres par exemple ! » confie Jean- Baptiste, qui veille à ne pas s’enfermer dans un réseau d’initiés.
Les limites de Twitter
Mais Twitter comporte les dangers de tout ce qui est virtuel : l’addiction, le risque de déconnexion avec le réel, la tentation du narcissisme ou encore le manque de charité envers son prochain. « Protégées par leur écran d’ordinateur, certaines personnes tiennent des propos qu’elles n’auraient jamais tenus en face de leur interlocuteur », explique Gabriel. En prenant tout particulièrement garde à ne pas tomber dans ces pièges, les chrétiens peuvent témoigner qu’ils sont bel et bien dans le monde, sans être du monde. Signe d’encouragement, les twittos parisiens ont pu voir s’ouvrir, le 29 novembre dernier, le compte du cardinal André Vingt-Trois (@avingttrois), qui a drainé plus de 1000 abonnés en quelques jours ! Géré par le service communication du diocèse (@dioceseparis), le compte annonce et reprend des extraits d’interventions du cardinal. • Bertille Perrin
LE PAPE ET LES RÉSEAUX SOCIAUX
Le pape François affirmait, lors de l’assemblée plénière du Conseil pontifical pour les laïcs, réunie autour du thème : « Annoncer le Christ à l’ère digitale », le 7 décembre dernier, qu’« il est indispensable d’être présent (…) » sur Internet, « pour réveiller les questions ineffaçables du cœur sur le sens de l’existence, et indiquer la voie qui conduit au Seigneur Jésus. »
[1] Dieu et internet, Jean-Baptiste Maillard, EDB, 2011
[2] L’archevêque Claudio Maria Celli, président du Conseil pontifical des communications sociales, a expliqué à l’annonce de l’ouverture du compte, que la présence du pape sur Twitter s’expliquait par son “désir d’entrer en dialogue avec les hommes et les femmes de ce temps, là où ils se trouvent”.