Apôtres du petit filet
Paris Notre-Dame du 16 octobre 2025
Chaque mois, des prêtres de Paris – parfois rejoints par d’autres provenant des différents diocèses franciliens – se retrouvent pour partager un moment de sport et de convivialité. Sur les pelouses synthétiques, entre passes décisives et discussions paroissiales, le ballon rond devient source de fraternité.
Sur la pelouse synthétique de l’Urban soccer d’Aubervilliers (Seine-Saint- Denis), le ballon circule entre les pieds des joueurs lors d’un toro [1] improvisé en guise d’échauffement. À première vue, rien d’étonnant pour ce centre sportif, mais les flocages des quelques acteurs – « P. Jean-Christophe n°18 », « P. Tanneguy n°25 », « P. Édouard n°7 » – apportent à la scène un brin d’originalité. C’est un match de football entre prêtres qui s’apprête à débuter, ils sont une quinzaine à avoir troqué le col romain pour une paire de crampons ce lundi midi. Le P. Théophile de La Ronde, vicaire à la paroisse St-Jean-Baptiste-de-Belleville (19e) et organisateur de la rencontre, revient sur la genèse de l’événement : « Nous, les prêtres de Paris, jouons une fois par mois au patronage du Bon Conseil (7e) ou, plus récemment, sur le petit terrain de la paroisse St-Léon (15e). Mais tous les deux ou trois mois, le cercle s’élargit ; ce matin, le P. Patrick Rabarison, du diocèse de Seine-Saint-Denis, nous a proposé de nous retrouver à Aubervilliers pour jouer ensemble, avec d’autres prêtres de son diocèse et de celui de Nanterre. »
« Le football permet de se retrouver sans être élitiste »
Après quelques minutes d’échauffement, laissant le temps aux retardataires d’arriver, la rencontre débute : trois équipes de cinq joueurs alternent toutes les cinq minutes. Sur le terrain, les actions s’en¬chaînent à un rythme effréné. Le sérieux est de mise pour tous les joueurs, qui se félicitent après chaque but. Sur le banc, les discussions sont riches, allant de la vie paroissiale à l’actualité politique brûlante, en passant par les derniers résultats du Paris Saint-Germain. Le P. Édouard de Corainville, récemment ordonné prêtre et vicaire de la paroisse St-Hippolyte (13e), savoure particulièrement ces moments : « Ça permet de couper avec la vie de la paroisse, de tisser des liens. C’est une parenthèse très sympathique et aussi fraternelle avec d’autres prêtres. » Il est rejoint par le P. Giresse Lamangolo, missionnaire du Verbe Divin, qui, après avoir marqué le terrain de sa fougue, vient reprendre son souffle : « Ce foot, c’est le moment de rafraîchir nos liens de fraternité, d’amitié. Mais aussi de vivre notre unité comme prêtres. »
Après plus d’une heure de jeu sur le rectangle vert, l’affrontement pour la maîtrise du ballon rond bat toujours son plein. Quelques chambrages et blagues viennent agrémenter cette joyeuse scène. L’un des joueurs, pour signaler son démarquage, lance à son gardien : « Je suis seul ! » Réponse de ses coéquipiers, tous en chœur : « Tu n’es jamais seul ! »
Héritage de la Pater Cup (voir PND 1963), organiser ces rencontres autour du foot¬ball n’est pas le fruit du hasard, comme le confirme le P. Jean-Christophe Helbecque, curé de St-Denys-de-l’Estrée (Seine-Saint- Denis) : « C’est un sport universel où tout le monde se retrouve, spécialiste ou amateur. C’est simple à aborder et ça permet de se retrouver sans être élitiste. » Pour l’organisation : « On a un petit groupe WhatsApp : Priest, Foot and Food. Voilà, ça dit bien le programme ! » Car, en bons catholiques, à la fin de chaque match – et la rencontre du jour ne fait pas exception –, un repas au restaurant est organisé pour conclure ces moments de fraternité.
Grégoire Delatouche
[1] Le toro est un jeu pratiqué à l’entraînement. Un ou deux participants sont placés seuls au milieu d’un cercle formé par le reste des joueurs et cherchent à interrompre les passes entre ces derniers.

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