Au Collège des Bernardins, les Banquets philo nourrissent les esprits

Réunir des ados et leurs parents le samedi après-midi pour faire de la philosophie, matière qui souffre parfois d’une mauvaise réputation, tel est le pari un peu fou dans lequel se sont lancés, à la rentrée dernière, le Collège des Bernardins (5e) et Patricia Strauss, professeur certifiée. Et force est de constater qu’en cet ensoleillé samedi 21 janvier, le défi est relevé. Ils sont plus d’une vingtaine de participants à avoir pris place sous les belles voûtes d’une salle intimiste au sous-sol du bâtiment pour ce Banquet philo. « C’est un atelier, rappelle l’animatrice. Notre désir est donc de proposer cette activité à un petit nombre pour conserver la simplicité et la liberté des échanges. » La question du jour est au reste aussi simple que complexe : « Dans quelle mesure nos émotions peuvent-elles avoir raison ? »
Loin des images d’Épinal des cours du lycée, l’enseignement de la philosophie se fait ici moderne et accessible, sans pour autant tomber dans la facilité. Sans notes, Patricia Strauss maintient l’attention de son auditoire en les interrogeant régulièrement, partant de leurs réponses et invitant chacun à approfondir sa réflexion : « Quelles émotions ressentez-vous honnêtement, là tout de suite ? Qui a réussi à trouver ? Vous identifiez peut-être même des émotions contradictoires… et c’est normal ! » Dans la salle, les mains se lèvent… qu’elles soient petites ou plus grandes. Car si ces ateliers mensuels sont accessibles à partir 14 ans, Patricia Strauss insiste sur le « à partir de » : « Je ne défends pas seulement l’accès à la philosophie pour les plus jeunes mais aussi pour les adultes, dans les hôpitaux, les prisons, et même les maisons de retraite. Il faut prendre au sérieux les questions légitimes que l’on se pose à tout âge et cela ne doit ni commencer ni s’arrêter avec le Bac. » Pour l’enseignante, venir en famille à ces ateliers permet de « trouver un lieu de réflexion et d’échange en commun. Réfléchir ensemble permet aussi de mieux se connaître les uns les autres ».
Autre particularité de ces ateliers, les écrits de Henri Bergson y rencontrent les sketchs de Gad Elmaleh et le philosophe Alain croise la route du dessin animé de Walt Disney Vice Versa. Dans ce long métrage, les émotions de la jeune Riley, 11 ans, apparaissent sous la forme de petits personnages colorés. Une manière aussi originale qu’efficace de comprendre le rôle et les interactions des émotions qui convainc Bathilde, 16 ans : « J’étais venue une première fois en décembre et comme cela m’avait plu, je suis revenue. Les supports sont dynamiques, on s’appuie autant sur des textes de philosophes que sur des films, des sketchs et des chansons. » Max et Donatien, 14 ans, sont eux aussi des habitués des Banquets philo. « C’est déjà la troisième fois que nous venons, expliquent les deux amis. On aime autant le contenu que l’atmosphère du lieu. » Et de confier : « Au départ, si on nous avait posé la question de faire ou non de la philosophie au lycée, on aurait dit non tout de suite mais après avoir participé à ces ateliers, ça nous donne envie de poursuivre ! »

Mathilde Rambaud

Prochain atelier sur le pouvoir des mots
« J’ai mis des mots… comme une empreinte » le samedi 25 février de 17h à 18h30.
Tarif : 8€ - Réservation recommandée sur collegedesbernardins.fr

Article extrait de Paris Notre-Dame du 2 février 2023

Sommaire

Conférences de carême : « Dieu fait du neuf aujourd’hui. Ouvrons les yeux ! » • Abus : Réparation financière : « Un engagement moral » • Vision pastorale : Une soirée paroissiale autour de la lettre de Mgr Ulrich • Philosophie : Un atelier mensuel au Collège des Bernardins

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