Concile, mode d’emploi

Paris Notre-Dame du 6 novembre 2025

Alors que le concile provincial, sur le thème : Catéchumènes et néophytes, de nouvelles perspectives pour la vie de notre Église dans nos diocèses, connait une forte accélération dans sa phase préparatoire, Mgr Benoît Bertrand, évêque de Pontoise et vice-président de la Conférence des évêques de France, et le P. Maximilien de la Martinière, prêtre du diocèse de Versailles et secrétaire général du concile, ont apporté quelques éclaircissements au cours d’une rencontre à laquelle assistait également un confrère de La Croix. Premier volet d’une série d’entretiens, avec le P. de La Martinière, sur les modalités pratiques du concile.

Mgr Benoît Bertrand, évêque de Pontoise (Val-d’Oise), et le P. Maximilien de la Martinière, prêtre du diocèse de Versailles (Yvelines) et secrétaire général du concile.
© Charlotte Reynaud

Paris Notre-Dame – Concrètement, où en sommes-nous aujourd’hui dans la préparation du concile ?

P. Maximilien de La Martinière – Nous sommes à deux ans, presque jour pour jour, de la clôture du concile, qui devrait avoir lieu aux environs de la Toussaint 2027. Une fois que l’on a dit cela, nous pouvons rappeler qu’il y a quatre phases qui nous conduisent à cet horizon : la phase préparatoire – dans laquelle nous sommes en ce moment –, la phase de consultation – de janvier à juillet 2026 –, la phase du concile à proprement parler qui nous mènera jusqu’au 30 mai 2027, et enfin la phase de clôture. Alors, concrètement, quelles sont les avancées aujourd’hui ? Premièrement, l’équipe de pilotage est constituée : elle réunit vingt-deux personnes, dix-huit délégués diocésains (deux par diocèse), un théologien, un canoniste et un secrétaire général, mission qui m’a été confiée. Chaque diocèse est, de son côté, invité à constituer une équipe locale afin de jouer l’intermédiaire entre l’échelon diocésain et provincial. Ensuite, nous travaillons intensément sur les modalités de la phase de consultation, à la fois sur les supports, qui seront tous numériques, et sur les thèmes qui y seront abordés.

P. N.-D. – Que pouvez-vous nous dire sur la phase de consultation ?

M. M. – Notre volonté, et notre défi, est qu’elle puisse être le plus large possible, sans tomber dans le piège de l’usine à gaz. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons opté pour une consultation exclusivement numérique, grâce au site internet qui verra bientôt le jour. Elle sera lancée officiellement le 25 janvier 2026 – soit en paroisse, soit par un événement diocésain, selon la volonté de chaque diocèse –, jour où l’Église fête la conversion de saint Paul, qui fut, par sa conversion adulte, un catéchumène puis un néophyte zélé ! Nous voulons associer à cette consultation cinq grandes catégories : les catéchumènes, les néophytes, les prêtres et les diacres, les accompagnateurs de catéchumènes et, enfin, tous les autres groupes ecclésiaux (paroisses, mouvements, aumôneries, collèges et lycées, etc.). Parmi les catéchumènes, nous englobons tous ceux qui sont appelés par l’évêque lors de leur démarche jusqu’au baptême, c’est-à-dire aussi les plus jeunes, dès le collège ; pour cela, nous espérons mobiliser tout particulièrement l’Enseignement catholique et les aumôneries. Nous souhaitons aussi aller chercher ceux qui ne viennent plus, qui ont disparu de nos assemblées deux ou trois ans après leur baptême.

P. N.-D. – En paroisse, par exemple, comment peut se dérouler cette phase de consultation ?

M. M. – La méthode est la même que lors du Synode sur la synodalité et repose donc sur un temps de conversation dans l’Esprit, qui est en fait une alternance de prière, d’écoute mutuelle et d’échange sous la conduite de l’Esprit Saint. C’est pour cela que la démarche en groupe est très importante, il ne s’agit pas d’aller répondre au questionnaire tout seul derrière son ordinateur ! La consultation se déploie en trois grands thèmes. D’abord, l’effet sur nos paroisses : à titre d’exemple, et je suis loin d’être cas isolé, ma paroisse compte aujourd’hui cinquante catéchumènes sur 800 messalisants ; si ce mouvement se poursuit, ce sera, à terme, un renouvellement complet de la paroisse. Le second thème porte sur l’accueil de tous : comment favoriser un accueil inconditionnel, pour toutes les personnes, quels que soient leurs cultures, religions, milieux sociaux. Et enfin, l’accueil de chacun : il s’agira, cette fois, de se pencher sur les cas particuliers. Pour un curé, par exemple, cela peut représenter trois soirées. La Providence fait bien les choses : après les vacances de février, il reste précisément trois semaines de Carême… C’est l’occasion rêvée pour faire entrer sa paroisse – ou tout autre groupe ecclésial – dans un parcours de Carême dédié à cette consultation !

P. N.-D. – Une fois la phase de consultation achevée, que va-t-il se passer ?

M. M. – Les consultations seront possibles jusqu’en juillet. Mais le concile à proprement parler s’ouvrira dès le 31 mai 2026, dimanche de la Trinité, par une célébration à Notre-Dame, basilique métropolitaine de la province. Une assemblée conciliaire de 400 personnes environ sera convoquée pour mener à bien cette phase. Les modalités et le chiffre exact restent à définir ; mais notre volonté est claire, c’est que cette assemblée soit la plus représentative possible des réalités du terrain. Elle se rassemblera lors de trois sessions, organisées sur la durée d’un week-end : les 10 et 11 octobre 2026, les 16 et 17 janvier 2027 et les 29 et 30 mai 2027. Nous avons laissé volontairement du temps entre chaque session pour décanter et se donner la possibilité de retourner sur le terrain. Des intervenants seront aussi sollicités et des observateurs – envoyés par les autres provinces de France ou d’autres confessions chrétiennes – pourront assister aux différentes sessions. L’assemblée travaillera à partir du document que l’équipe de pilotage aura produit, lors d’une semaine en abbaye en juillet, à partir des différentes consultations recueillies et en s’appuyant sur une intelligence artificielle, dûment entraînée durant de longs mois par notre équipe. L’enjeu de la dernière session, fin mai 2027, sera d’aboutir à la rédaction finale des conclusions du concile, qui doit récolter l’adhésion des deux tiers des votes. Ce document – une fois qu’il aura reçu l’approbation des évêques – sera ensuite envoyé à Rome pour recueillir la Recognitio, que nous espérons pour l’automne 2027 ; alors, nous pourrons conclure le concile par une célébration à Notre-Dame de Paris, qui sera l’occasion de rendre grâce, bien sûr, mais aussi de signer les décrets.

P. N.-D. – Que diriez-vous à ceux qui hésiteraient à se mobiliser ?

M. M. – C’est la première fois qu’un concile est organisé à l’échelle de notre province : c’est un moment fort de la vie de notre Église, et cela dit aussi quelque chose d’un changement d’époque dans la gouvernance de l’Église. Ce n’est pas rien ! Il y a une grande part d’aventure et de défi qui nous attend. Le catéchuménat concerne tout le monde. Vos lecteurs, par exemple, pourraient s’interroger : « Est-ce que je me souviens du nom des catéchumènes baptisés l’année dernière dans ma paroisse ? Sont-ils toujours présents dans nos assemblées dominicales ? » Ce sujet d’Église mérite que chacun s’y intéresse. Il ne serait d’ailleurs pas inintéressant que des étudiants en théologie – et je songe, par exemple, à ceux de l’École Cathédrale ou de l’Institut catholique de Paris (ICP) – puissent s’en saisir comme sujet de maîtrise.

Propos recueillis par Charlotte Reynaud

« Ce projet de concile est né au cœur de la prière et répond directement, en quelque sorte, aux recommandations du Synode sur la synodalité, qui encourage, au numéro 129 de son rapport final, à proposer l’organisation de conciles provinciaux. Il s’agit de remercier le Seigneur pour ce qu’Il nous donne, car nous sommes étonnés, émerveillés même, du nombre de catéchumènes et de néophytes qui affluent dans nos églises ; et en même temps, nous restons modestes, car nous n’y comprenons pas grand-chose nous-mêmes, c’est vraiment le Seigneur qui fait le travail dans les cours ! C’est un phénomène spécifique à l’Église de France, une réalité dynamique, joyeuse et non polémique qui nous engage à réfléchir pour mieux la servir, l’accueillir et l’accompagner. C’est aussi un défi qui nous est commun et nous rassemble, car il arrive très fréquemment, dans notre région, qu’un catéchumène passe d’un diocèse à un autre de la province au cours de sa vie, et donc de sa vie de foi. C’est aussi l’opportunité, alors que nous fêterons, en 2026, les 60 ans de la province ecclésiastique de Paris, de rendre grâce pour la vitalité de nos diocèses et de nous tourner vers l’avenir. »

Mgr Benoît Bertrand
Évêque de Pontoise

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