Denier : donner au service de la mission

Paris Notre-Dame du 8 décembre 2022

Si l’homme est appelé à vivre de la parole de Dieu, il est aussi indispensable, pour que celle-ci puisse lui parvenir, que les paroisses disposent des ressources nécessaires à leur bon fonctionnement. Le denier de l’Église, dont le second appel annuel a lieu en ce moment, en assure une grande part.

Comme chaque année, la campagne d’appel au denier de l’Église bat son plein, que ce soit par des prospectus, des affiches ou dans les annonces de fin de messe. C’est que l’enjeu est de taille, financièrement et spirituellement. Si, dans l’imaginaire collectif, le denier reste une grande levée de fond annuelle servant à payer les prêtres et salariés paroissiaux, il s’agit, aussi, d’une offrande spirituelle à la portée bien plus large. « Ce n’est pas un don comme les autres, souligne le P. Étienne Givelet, curé de l’Immaculée-Conception (12e). Il représente beaucoup plus qu’une somme d’argent ou une marque de soutien. C’est un acte spirituel qui sert le bien de toute la communauté. » Un de ses confrères, curé dans le centre de la capitale, renchérit : « Je rappelle à chaque occasion à mes paroissiens que ce don en particulier sanctifie leur travail… et que c’est donc “tout bénef” pour eux ! »

Le diocèse de Paris fait exception dans le paysage français, avec celui de Nanterre (Hauts-de-Seine). Il n’y a, en France, que dans ces deux diocèses que les paroisses perçoivent directement le denier de l’Église. Pour inciter ses paroissiens à donner, ce prêtre, curé dans le 2e arrondissement, préfère leur donner des exemples concrets plutôt que de les noyer dans des chiffres : « Je leur explique simplement ce que leur générosité a permis de réaliser dans la paroisse : nouveau système vidéo, événements d’évangélisation, soutien aux plus pauvres du quartier, etc. » Car c’est aussi tout cela que le denier permet. Même si elles couvrent en moyenne un tiers des dépenses annuelles, les sommes récoltées peuvent représenter, pour certaines paroisses, jusqu’à 70 % de leur budget. Une rentrée pécuniaire indispensable pour leur équilibre financier. Ce dernier n’est pas toujours atteint, et c’est alors qu’entre en jeu la solidarité. « Ce sont 40 clochers sur les 106 que compte la capitale qui sont aidés par les paroisses parisiennes aux revenus plus importants », précise Patricia Veyres, en charge du denier au diocèse depuis vingt ans.

Un effet Covid-19
La responsable diocésaine poursuit : « Pendant le confinement, les prêtres ont déployé des trésors d’imagination pour garder le lien avec leurs paroissiens, ce qui a eu pour conséquence de réveiller certaines personnes qui ne donnaient plus et d’inciter de nouvelles à le faire. » Un autre prêtre, curé d’une paroisse du nord de Paris, confirme que « comme dans la majorité des paroisses, nous avons constaté une forte hausse après le confinement ». Pour son confrère du centre, « la Covid-19 a eu un effet accélérateur. Les gens ont pris conscience de l’importance de leur église dans leur vie ». Cet effet s’est atténué ces derniers mois et les paroisses font face à une baisse des dons depuis le début de l’année, « même si la reprise semble bonne depuis l’appel d’octobre » pour la plupart des prêtres interrogés. L’enjeu aujourd’hui est de convaincre les jeunes. « La difficulté est que bien souvent, tant qu’ils ne sont pas mariés ou n’ont pas d’enfants, ils ne sont pas ancrés dans une paroisse mais naviguent de l’une à l’autre, selon leurs envies et les occasions qui se présentent. Ils n’ont, dès lors, pas ce sentiment d’appartenance à “leur” paroisse », explique Patricia Veyres. Le P. Givelet note pour sa part que « la jeune génération, proche ou non de la paroisse, commence à donner aussi mais doucement ». Un confrère n’hésite d’ailleurs pas à leur rappeler le prix d’un paquet de cigarettes : « Je leur fais remarquer qu’à ce tarif-là, ils peuvent bien donner 5 € à leur église… »

Mathilde Rambaud

Quelques chiffres
◗ 25 millions d’euros en moyenne sont perçus pour le denier chaque année.
◗ Les dons vont de 35 000 euros pour la plus petite paroisse de Paris à 1 million
d’euros pour la plus importante.
◗ Le denier représente jusqu’à 70 % des ressources de certaines paroisses.
◗ 40 paroisses parisiennes sur 106 n’équilibrent pas leur budget.
◗ Il y a 50 000 donateurs actifs dans le diocèse.
◗ La moyenne d’âge des donateurs est de 60 ans.

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