Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe d’envoi du pèlerinage National

Sanctuaire de Lourdes - 16 août 2021 - Bâtir un monde fraternel

- Rm 12, 3-10 ; Jn 15, 9-17

Au cours des jours précédents, nous avons vu comment la fraternité reçue au baptême nous ouvre à toute l’humanité sans exception. Frère pour être amis. Il me semble que l’évangile aujourd’hui nous donne vraiment des clés de compréhension du rapport entre la fraternité et l’amitié.

« Je vous appelle mes amis ». Dieu vient au milieu des hommes pour en faire des amis. Un Dieu qui se fait notre ami ? L’amitié, Montaigne la définissait comme une accointance de l’âme. Lorsqu’on est amis on est sur la même longueur d’âme. Si nous sommes sur la même longueur d’âme que Dieu, nous sommes donc une religion de l’amitié.

Mais finalement, sommes-nous des frères ou des amis ? Il me semble qu’être frères, c’est apprendre à s’aimer dans la différence, puisqu’on ne s’est pas choisis. Être amis, c’est choisir ceux et celles qui partagent notre intimité.

Dans une famille l’apprentissage de l’affection et de la tendresse se construit avec des personnes que nous n’avons pas choisies. C’est bien ce qui se passe dans nos communautés où des personnes d’origine diverses se côtoient, où des sensibilités se confrontent dans la bienveillance. Enfin, normalement... C’est le rôle principal d’un curé ou d’un responsable : l’unité de sa communauté.

Comment comprendre cette amitié que le Christ nous propose ? Ce n’est pas une amitié qui se fonde sur des intérêts communs. Cela nous vaudrait de vivre dans un monde étriqué et réducteur comme le font les algorithmes du téléphone portable qui nous enferme dans les mêmes cercles d’amis qui pensent ou qui cherchent la même chose que nous.

L’amitié proposée par le Christ est bien différente. Nous l’avons entendu ce n’est pas nous qui l’avons choisi comme ami, c’est lui qui nous a choisis. Ce n’est donc pas un sentiment personnel qui nous unis, c’est un don de Dieu, le don de l’amitié. Et c’est comme cela que nous pouvons comprendre cet étrange paradoxe : « Mon commandement le voici : aimez-vous les uns les autres ». En effet, notre expérience nous fait penser que l’amour est un sentiment qui vient du cœur, mais pas d’un commandement. Jésus nous apprend que le véritable amour ne vient pas de la sympathie naturelle envers ceux qui nous aiment ou qui nous ressemblent. L’amour est un don de Dieu qui nous permet d’aimer aussi nos ennemis pour vivre un amour inconditionnel à son image : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Quelle vocation magnifique que la nôtre : frères et sœurs pour ouvrir notre cœur à l’amitié universelle.

+Michel Aupetit,
archevêque de Paris

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